NouvellePolitique
POUR UNE NOUVELLE POLITIQUE EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO Ernest Wamba dia Wamba Introduction. Notre situation est caractérisée par une crise majeure de la politique. Elle est révélée par plusieurs symptômes dont : L’absence d’institutions politiques réellement légitimes, soutenues par la majorité de la population congolaise, conformes à ses aspirations et servant ouvertement toute la population congolaise ; l’absence de constitutionalisme démocratique légitime ; depuis la constitution de Luluabourg (1964) interrompue par le coup d’Etat (1965), le juridisme est mis au service de la justification et la défense des pouvoirs répressifs dictatoriaux ; l’insuffisance de conscience politique nationale, patriotique et auto-déterminée pouvant empêcher la politique facilitant les interventionnismes extérieurs ; l’impossibilité, après la très chaude Guerre Froide et la tenue des assises de la CNS, de réaliser la transition au parlementarisme ‘’tropicalisé’’ prôné par la CNS, après l’achèvement de la politique du point du Parti-Etat ; la péremption de la politique ‘’mouvementiste’’ dans toute la région et celle de la variante de l’AFDL, et des retardataires rebelles ; la désignation du nouveau président de la RDC, après l’assassinat de Laurent Désiré Kabila, par un petit groupe et entérinée par un parlement nomme par un président auto-proclamé, c’est-à-dire une poursuite de coup d’Etat ; l’absence au poste de commandement, d’une éthique politique reflétant une culture de la moralité publique, le respect et la défense de la res publica (la chose publique), le respect de la parole donnée, l’éthique de la vérité, le respect des limites des mandats publics, la conscience étatique et l’opposition pratique à la corruption ; l’absence d’une direction politique nationale indépendante agissant de façon souveraine ; la balkanisation de facto du pays ; et le pays s’est embourbé dans la voie de l’auto-destruction totale. Cette crise majeure de la politique nous oblige de penser la politique et ses conditions à partir des expériences des processus politiques en République Démocratique du Congo. Nous commençons par la conception dominante de la politique et proposons, compte tenu de ce qui se passe aussi ailleurs, une nouvelle conception de la politique à partir de laquelle nous pouvons éclaircir notre situation. La crise congolaise c’est aussi l’absence ou la rareté de la pensée politique dans notre pays. La conception actuelle de la politique en RDC. Les 32 ans de la ‘’politique Mobutiste’’ (une époque de la grande trahison du peuple congolais) ont fait que les gens, au Congo, pensent que la politique n’est pas une pensée, mais un ensemble d’actions, d’intrigues, de mensonges pour rouler ceux qui peuvent être roulés, une forme de sorcellerie ; l’achat des consciences pour obtenir la servilité ou ‘’l’engagement inconditionnel’’ des gens, la distribution de l’argent ou d’autres faveurs pour se donner des clients ( partis alimentaires, par exemple) et être populaires ; la tenue des meetings populaires avec des discours vides, sans contenu de pensée politique réelle, pour se faire aimer, adorer ou admirer, menacer les gens pour s’imposer ou exhiber sa puissance…et enfin, emprunter des ‘’modèles’’ des modes historiques de la politique qui ont existe ailleurs, sans en comprendre très bien la portée ; pourvu que ces gestes vous portent au pouvoir ou vous permettent d’y rester. Le travail de l’intellectualité, c'est-à-dire le fait de faire ressortir le rapport de ces modes historiques de la politique à leur pensée (la pensabilité de leur politique donc) est laissé aux autres : les forces extérieures généralement. Il est supposé que les gens, en général, ne pensent pas, et surtout pas la politique. Ils ne doivent pas penser la politique. Ils doivent être résignés à une politique qui n’est pas la leur. Même l’abaissement des intellectuels, leur alignement inconditionnel à tout roitelet, est ici une exigence politique. Quand elle est exprimée, la conception de la politique ne va pas au delà des opinions servant de justification ou de nationalisation, après-coup, des expériences ‘’politiques’’ concrète, la ‘’politique Mobutiste’’, par exemple ou son envers, ‘’le parlementarisme tropicalisé’’ prôné par la CNS. En RDC, la politique est considérée comme l’activité ou ‘’la profession‘‘ la plus rémunératrice qui soit : les gens se font la guerre pour être près de la trésorerie, pour le partage des places de pouvoir ou de l’Etat (places considérées très limitées), pour se venger ou se protéger contre la justice. Les politiciens et les seigneurs de guerre font la politique pour s’enrichir ou dominer les autres, mais, jamais pour se libérer ou pour réaliser la justice sociale ou le bien commun de tous. L’expérience de la présidence de Mobutu a laissé l’impression aux gens qu’être président c’est être au dessus de toutes les obligations morales, constitutionnelles, patriotiques ou sociales ordinaires et de jouir amplement de tous les droits réels et imaginaires y compris celui d’avoir, pour sa jouissance personnelle, toutes les belles femmes qu’on désire, toutes les ressources disponibles et de réquisitionner toute propriété privée désirée, enfin de simuler d’être un dieu. Que des Congolais sans vertu patriotique aucune (même des vrais traitres du peuple congolais, au service des autres), rêvent donc à et par tous les moyens s’efforcent de devenir Président! Se libérer c’est devenir Président. La politique de positionnement, même par une concurrence déloyale ou d’autres trucs moins responsables, s’enracine dans cette conception de la politique. Ceux qui ont commis beaucoup de crimes contre la population congolaise et qui craignent que celle-ci réussisse à ce que la vraie justice soit faite, pour se ‘’sécuriser’’, font tout pour arriver ou continuer d’être au pouvoir pour contrecarrer cette exigence de la justice. Ils livrent un combat à mort contre les candidats capables d’ennoblir la politique. C’est clair que la politique en RDC est comprise comme étant seulement les places du pouvoir ou de l’Etat pour le partage desquelles on mène un combat, même à mort. La politique se réduit à celle du ‘’ point’’ de l’Etat et des places de pouvoir. La politique ‘’du point’’des gens n’est pas considérée. Cette conception ne permet pas de faire l’examen créatif des possibles capables de transformer l’Etat lui-même ou les places de pouvoir. Nous ne sommes pas pour cette conception de la politique. Elle ne nous permet pas de comprendre la crise majeure de la politique que nous vivons. La péremption du mode historique de la politique incarné par le Parti-Etat et les difficultés de la réalisation du ‘’parlementarisme tropicalisé’’ prôné par la CNS ont conduit à une crise majeure de la politique. La guerre actuelle n’est pas une continuation, par d’autres moyens de la politique, elle est la conséquence de la crise majeure de la politique ou mieux de l’absence de la politique émancipative. La conception dominante de la politique ne nous permet pas non plus, de penser les conditions requises pour l’issue définitive et positive de la guerre. En elle-même l’occupation (ou la réoccupation), par tous les moyens possibles, des places de pouvoir n’entrainera pas nécessairement la politique de la paix. Encore moins l’occupation des places de pouvoir, sous condition d’avoir des milices, ne débouchera sur la paix durable. La politique de la paix durable est sous conditions ; celles-ci doivent être pensées. Notre tache principale est de penser la singularité de notre situation et travailler collectivement à y découvrir une possibilité singulière à laquelle donner une forme d’énoncé politique à offrir comme exigence ou ‘‘prescription’’ aux gens de partout en RDC. Trouver les mots singuliers qui captivent l’imagination des gens impliqués dans la situation. La situation de notre pays peut se décrire comme celle d’une guerre survenue dans une situation de crise majeure de la politique. C’est une guerre complexe instrumentalisée par un pillage des ressources naturelles sous prétexte de la poursuite sur notre territoire, des protagonistes des guerres civiles des pays voisins, et de la défense de la souveraineté. C’est une guerre qui bénéficie une minorité régionale, au service surtout des étrangers, dans un contexte mondial de capitalisme déchainé. Non seulement il y a une carence de pensée politique, il ya aussi une absence d’indépendance politique, organisationnelle, nationale, régionale, africaine et mondiale. Même l’existence positive de notre pays est plongée au pire, dans un silence conspiratoire, au mieux, dans un doute critique. Dire ce qu’est la situation singulière de notre pays et tirer les conséquences de ce ‘’dire’’, aussi bien pour un villageois-paysan que pour un enseignant, un fonctionnaire ou un intellectuel, est une opération de pensée. Refuser de dire ce qu’est la situation, même à soi-même, c’est refuser de penser. Même la chanson trop entendue ces jours-ci en RDC, celle de ‘’l’Etat de droit’’ exige, pour être une politique réelle en RDC, que ses conditions soient pensées. La politique libératrice (émancipative ou progressive) est sous conditions. Il ne suffit pas de dire ; ‘’Nous voulons être comme la France’’. Apres tout, une France ou les travailleurs d’origine étrangère (surtout africaine, donc congolaise aussi), les ‘’sans papiers’’ donc, ne sont pas comptés par l’Etat au même titre que tous les autres qui y habitent et travaillent, ne peut pas se dire démocratique. Le seul enregistrement, par l’Etat, d’un nombre des partis politiques, à Kinshasa, est-il une condition de la politique démocratique ? Et comment se décide le nombre qu’il faut ? Faut-il par exemple, que chaque ethnie ait son parti politique ? La « géopolitique » Mobutiste avait pour visée politique un fédéralisme ethnique. Celui-ci serait-il une politique de paix durable ? N’avait-il pas entrainé l’épuration ethnique et la chasse de soi-disant ‘’non-originaires’’ par les soi-disant ‘’originaires’’ ? Mbusa Nyamwisi et Tibasima Atenyi veulent reproduire cette politique ethno-régionaliste’’ pour se positionner. En son temps, cette ‘’politique’’ n’avait fait qu’aggraver la crise de la politique. On y retombe parce qu’il ya une absence de pensée politique. Le Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD) n’a pas pu résoudre la crise politique. Même s’il était politiquement et militairement indépendant, il ne lui aurait pas été facile de découvrir une possibilité politique singulière qui, avec le recours aux armes, serait à distance du mode politique du Parti-Etat, tombé dans la péremption, et du ‘’parlementarisme tropicalisé’’ dégénère dans une « géopolitique ». Les ‘’modèles’’ de ‘’ front de libération’’ des ‘’alliés’’, rencontrés sur terrain, ayant sombre également dans la péremption, ne peuvent s’offrir comme une solution politique a notre situation de crise majeure de la politique. La crise de la ‘’rébellion’’ c’est aussi l’absence de pensée politique, l’impossibilité d’avoir trouve, dans notre situation singulière, âpres la crise de l’AFDL, une possibilité politique donnant lieu a un énoncé politique mobilisant toute la population congolaise. L’AFDL, était contre le ‘’parlementarisme tropicalise’’ énoncé par le mouvement de la CNS qui a facilite le renversement de Mobutu. Il était pour une variante de politique de Parti-Etat, déjà tombe par la péremption. La crise de la politique ne pourrait pas être résolue. Au lieu d’un rassemblement libre des gens de partout pour la démocratie, le RCD a eu recours aux méthodes non-démocratiques, fortement propulsées par des forces extérieures dont le noyau se composait des éléments militaro-sécuritaro-affairistes. Tout cela pour lutter contre la dictature. La satisfaction des intérêts de ces éléments devenait l’objectif principal de cette lutte. L’unique voie de sortie, les négociations directes avec le régime de Kinshasa étaient souvent combattue. Pour mieux comprendre cette situation de crise majeure de la politique et y apporter une solution, il nous faut une autre conception de la politique. La politique est une pensée sous condition ; elle est sous condition de penser ses conditions. Plus récemment, dans notre pays, des événements politiques ont provoque un grand enthousiasme dans la population congolaise : La Conférence Nationale Souveraine (CNS) et le renversement, par la force, du régime de Mobutu. Les gens de partout espèrent, aujourd’hui que l’issue positive du Dialogue Inter-Congolais, fasse renaitre cet enthousiasme. Ce qui enthousiasme les gens c’est l’exigence, portée par ces événements, de la fin possible de la politique fondée sur des anti-valeurs (le mode politique de Parti-Etat marque par la kleptocratie) et de celle de la « géopolitique » (une variante de mode politique du parlementarisme tropicalise soutenu par un fédéralisme ethnique). L’avènement espéré et tant attendu de la nouvelle politique (un nouveau mode historique de la politique) qui résoudrait la crise majeure de la politique, n’a malheureusement pas eu lieu. L’achèvement du mode politique du Parti-Etat et son remplacement par la « géopolitique » Mobutiste bloquant la transition au mode politique du parlementarisme tropicalise, prône par la CNS, ont replonge le pays en guerre. Il aurait fallu, a la CNS faire un bilan de pourquoi, dans le contexte de la Guerre Froide, depuis le démantèlement du régime Lumumbiste, il n’a pas été possible de trouver une politique émancipative indépendante. La politique kleptocratique de Parti-Etat, parfois en guerre ouverte contre celle du mouvement de libération (une variante de transition au mode politique Stalien, incarne par exemple par le PRP) n’a pas réussi à mâter toutes les rebellions. La dégénérescence des structures étatiques s’en est suivie. Les gens à la CNS n’avaient pas compris que c’était grâce a la défaite du monde communiste, dans la guerre froide, que la CNS a pu se tenir. La victoire du monde capitaliste a conduit à un triomphalisme du mode parlementariste de la politique. A la place de se laisser emporter par ce triomphalisme, il fallait bien penser les conditions de la réalisation du mode politique («parlementarisme tropicalise ») prôné par la CNS. La transition fut confiée, entre autres, au monarque kleoptocratique qui avait refusé de « régner sans gouverner » Cela n’a pas facilite les choses. Les décisions de la CNS étaient refusées par la mouvance présidentielle. Le compromis politique global de 1992, qui a permis l’organisation de la CNS n’a pas vraiment prévu l’ampleur que prendrait cette CNS. Les décisions de la CNS qui reflétaient passablement les revendications populaires ont été mises a cote par les rencontre de la seule classe politique. Celle-ci a fait un compromis en rééquilibrant les pouvoir entre le Président de la République et le Gouvernement sans pour autant résoudre l’ambigüité juridique. L’acte constitutionnel de la CNS n’a pas été promulgue par le Président Mobutu. En gros, les compromis de la classe politique (rencontres du Palais des Marbres) ont mis a cote toutes les questions de l’éthique politique soulevées par la CNS. Le protocole d’Accords des concertations politiques du Palais du Peuple (1994) n’a pu résoudre que temporairement le conflit, en termes des personnalités, interne a la classe politique organisée au sein de l’USORAL et le FPC. La dégénérescence des structures étatiques dues aux prescriptions kleptocratiques alignées sur les puissances extérieures et favorables au démantèlement du régime d’autodétermination, n’a pas été résolue. C’est la dynamique du refus de l’autodétermination qui est le socle même des anti-valeurs et non la seule personne de Mobutu, l’une de ses incarnations. Constitutionnellement, comment trouver un compromis qui réponde aux revendications populaires d’autodétermination, de justice sociale, d’unité nationale, de souveraineté populaire et d’exigence d’éthique politique ? Les prescriptions aux structures étatiques, prescriptions découlant d’un tel compromis pourront résoudre la dégénérescence de l’Etat. Ce n’est pas à partir des réunions, sur le dos de gens de partout, qu’un tel compromis émergerait. La « géopolitique », c’était au fond, l’expression de l’éclatement ou l’émiettement de l’Etat et donc la promotion de l’ethnicisme. Il doit en principe, conduire à un fédéralisme ethnique. On a vu qu’elle est une politique non pas de paix civile mais de guerre civile. Les disciples retardataires du mode politique de Parti-Etat (dans sa forme stalinienne, MPRienne ou de mouvement de libération), déjà en péremption, n’ont pas lâché : la mouvance progressive et les maquisards n’ont pas participe a la CNS. Avec le concours des forces extérieurs, les maquisards écourteront la transition, devenue interminable, au « parlementarisme tropicalise » pour un retour à une variante de politique périmée du mouvement, pour soi-disant vite sortir le pays de son état sinistré. Ce n’était pas étonnant que les militants du mode politique de Parti-Etat (comme par exemple, Sakombi) soient revenus et travaillant cote-a-cote avec les militants de la politique des maquisards. Les structures étatiques dégénérées, c’est-a-dire ne jouissant plus de la confiance de la population congolaise dans son ensemble, devenaient encore plus dégénérées. Cela a de nouveau aggrave la crise de la politique. Lorsque les conditions d’un mode historique de la politique disparaissent, on ne peut pas par la force, réinstaller un tel mode. L’interdiction des partis politiques ne faisait qu’aggraver davantage la crise. En accédant au pouvoir, surtout par l’appui des forces extérieurs, les maquisards qui parlaient en faveur d’un régime d’autodétermination, n’ont pu vraiment le réaliser : ils ont même facilite l’interventionnisme plus direct et plus ouvert. La reprise de guerre devenait presque inévitable ; les maquisards vacillaient et avaient même eu recours à certaines formes de « géopolitique. » Pour mieux maitriser la question, nous devons la replacer dans sa situation mondiale : de la fin de la Guerre Froide a la guerre contre le terrorisme, en passant par la guerre néo-libérale des bombes financières qui visaient à reconstruire les espaces économiques et politiques. La dimension mondiale de la crise de la politique. Cette question pour être bien traitée, mérite un grand espace. Nous ne pouvons pas le faire ici. Nos Cahiers de Kisangani, Mars-Aout 1999, contiennent des pages intéressantes consacrées à certains aspects de cette importante question. Depuis 1989, le début de l’effondrement du modèle soviétique des Etats socialistes la conjoncture mondiale a fort change. La Guerre dite Froide s’est terminée par la défaite du monde communiste. La guerre financière dite néo-libérale, dans une atmosphère de triomphalisme capitaliste, a pris la relève. Les événements du 11 Septembre 2001 ont déclenché la guerre contre le terrorisme ; elle confirme le fait que les Etats-Unis d’Amérique sont aujourd’hui la seule super-puissance mondiale qui dirige le processus de la mondialisation ; en attendant que l’Union Européenne devienne plus structurée et transformée en une deuxième super-puissance politique. Nous sommes très loin des 4 contradictions qui structuraient le monde avant 1989: la contradiction entre les prolétariats et les capitalistes dans le monde développé, la contradiction entre l’impérialisme et les nations opprimées, la contradiction entre monopoles capitalistes et la contradiction entre le socialisme (le monde communiste) et le capitalisme (le monde capitaliste) ; les deux premières étant seules dynamiques et les deux dernières statiques. Même la contradiction entre la guerre et la révolution, sur le plan mondial, n’a plus la même forme. Depuis la première Guerre Mondiale, les guerres ont aussi servi à détruire les communautés ancestrales, les mouvements révolutionnaires des femmes, des prolétaires, des anarchistes etc. opposés au capitalisme ainsi qu’à approfondir la séparation de la société avec la nature, par la destruction de celle-ci. Peut-être sommes-nous aussi un peu éloignés de la vision en 7 points du commandant second Carlos, le dirigeant Zapatiste : la construction entre l’accumulation de la richesse, de plus en plus concernée dans un petit groupe des richistes (en 1997, 258 individus) et l’accumulation mondiale de la pauvreté (malgré les campagnes idéologiques d’éradication/réduction de la pauvreté) : les contradictions autour de la conquête des marches des territoires ex-socialistes et la restructuration des anciens par des guerres régionales et l’aggravation des conflits internes, provocant une grande migration des populations ; les contradictions dues au fait de la transformation, en un système mondial du crime, utilisant le blanchiment d’argent ; la perte de la distinction entre la violence légitime et celle illégitime, les Etats devenant incapables d’avoir le monopole sur la violence légitime ; la formation et l’émergence des mégapoles sur la ruine des Etats-Nations ; et enfin l’existence des poches importantes de résistance. La guerre contre le terrorisme viserait-elle a la reprise par les Etats du monopole de la violence légitime ? A première vue, la guerre contre le terrorisme semble avoir porté un coup dur au mouvement mondial qui se développait contre la mondialisation capitaliste. Il est clair que tous ces développements exigent d’autres cadres d’analyse. L’effondrement de l’Etat socialiste exige une autre problématique théorique de l’Etat. L’effondrement n’était dû ni à une révolution, ni à une contre-révolution, ni à un coup-d’Etat. C’est l’effondrement du Parti-Etat, la péremption de la conscience nationale passée. L’effondrement de l’Etat fédéral yougoslave, par exemple, a entrainé un cadre régionaliste, à base religieuse et linguistique, décrété comme cadre étatique. Cela a conduit à la guerre : ni religieuse, ni civile, ni de conquête, ni révolutionnaire. Cette guerre ne se limitait pas à une perspective étatique; c’est une guerre dévastatrice, criminelle et sans mesure. L’ethnicisme était proposé comme horizon de la conscience politique avec la possibilité des Etats ethniques ou religieux, une situation d’absence totale de paix civile ! La conscience ethniciste ou régionaliste n’est donc pas naturelle ou traditionnelle. Le modèle classiste (basé sur l’analyse des classes) de la politique (le marxisme, donc) est entré en péremption. Il est conceptualisé autour de l’Etat et du pouvoir d’Etat: l’antagonisme contre l’Etat Bourgeois par la lutte des classes. La politique visait l’Etat considéré comme instrument de classe ; l’antagonisme de classe donnait consistance à l’histoire, l’économie, l’Etat et la politique, c’est l’historicisme : « l’histoire est de notre coté », la conscience historique portant en même temps la conscience politique. L’espace actuel de la politique est nouveau. Nous sommes dans une période nouvelle de la politique. Elle a introduit la séparation entre la question de la politique, la possibilité d’en faire et la question de l’Etat et du Pouvoir. Il est possible, aujourd’hui, de faire de la politique, il est possible de la penser, il est possible de la dire, sans pour autant être inscrit dans une stratégie interne à l’Etat, de pouvoir ou des places. C’est une rupture considérable. Dans tout le siècle passé, toutes les pensées politiques, toutes les théories politiques, les pratiques politiques, se sont déployées sur la conviction que l’enjeu de la politique était l’Etat, que le noyau de la politique était l’Etat, et donc la politique avait un objet, que cet objet était l’Etat ou le pouvoir d’Etat. Telle était la conception de la politique, tel était son noyau. Il y avait deux grandes écoles de la politique, dont l’Etat était le centre : celle qui soutenait qu’il fallait faire AVEC, qui était la voie parlementaire, et celle qui soutenait qu’il fallait faire CONTRE, qui était la voie révolutionnaire. L’époque où l’Etat, le pouvoir, était l’objet et l’enjeu de la politique, cette époque est entrée dans sa clôture. A partir de l’effondrement de l’URSS et les pays socialistes d’Europe de l’Est, il y a un accord sur la crise de l’Etat-Parti, dans sa forme stalinienne. La singerie Mobutiste de Parti-Etat, c’est aussi la crise de la problématique de l’Etat, de la vision de l’Etat comme noyau de la politique, qui a été en partage ou en commun entre parlementarisme d’un cote et socialisme de l’autre, pendant tout le siècle passe. La crise de la forme parti, ce n’est pas seulement la crise de la forme parti stalinienne, c’est la crise de cette idée que l’Etat était au centre de la politique, la version stalinienne d’un cote et la version parlementaire de l’autre. La chute des partis-Etat interroge non seulement sur le socialisme, mais également sur cette centralité de la question de l’Etat dans la pensée et la pratique de la politique. Se trouve constituée l’idée que les partis aujourd’hui ne portent plus la politique en tant que telle, mais des stratégies internes a l’Etat. Les partis ne sont plus des organisations de la politique, ce sont des organisations internes a l’espace politique étatique: des organisations étatiques intéressés au partage du pouvoir. C’est cet élément qui crée la confusion sur le caractère des organisations actuelles de la société civile, surtout en RDC. Si l’Etat n’est plus au centre de la politique, il va être possible de séparer histoire et politique : l’histoire est l’histoire de l’Etat, la politique est ce qui concerne LES FORMES DE CONSCIENCE, LES FORMES DE PENSEE. Les révolutions du siècle se sont, pour beaucoup, embourbées dans la question du pouvoir, dans celle de l’Etat, dans la forme même de la fusion du parti et de l’Etat, dans le Part-Etat. La grande expérience révolutionnaire du XXe siècle peut être réduite à cet embourbement dans la question de l’Etat, qu’elle s’y déploie et qu’elle s’y résout entièrement, et que donc l’Etat est à lui seul l’évaluateur et son analyseur. Dans cette vision-la et dans celle-là seule, juger l’Etat, c’est juger la politique. Si on assigne la question de la politique strictement a l’Etat et au pouvoir, alors on dira de l’histoire du siècle passé que la révolution signe l’échec absolu de la tentative d’émancipation de la politique au travers de l’échec de l’Etat soviétique, et qu’il ne reste qu’une seule forme d’Etat, qui devient la référence et la norme générale, c’est l’Etat parlementaire. La séparation de la politique d’avec l’Etat ouvre un champ de liberté, un champ de possibles pour plusieurs politiques, ce que nous appelons LE MULTIPLE DES POLITIQUES. La politique est toujours multiple, il y a toujours plusieurs politiques possibles. Il y a toujours bien sur une politique qui domine : pour autant, d’autres politiques sont possibles. Identifier politique et Etat bloque cette vision du possible des politiques parce que le possible des politiques est assimile au possible des formes d’Etat. Or comme il y avait deux formes d’Etat, le capitalisme et le socialisme, et que dans la période contemporaine, le socialisme était barre, il ne restait plus que le capitalisme, et qu’il fallait s’y résigner. Ce qui serait inacceptable. La grande question est de restituer la CAPACITE DU POSSIBLE EN POLITIQUE, de la politique comme déployant la question du possible, et pour cela, nous soutenons que l’Etat déploie un champ de la politique, définit ses possibles à l’intérieur de sa propre politique, mais que, du point de vue des gens en situation, en regard des grandes questions de l’heure, d’autres possibles peuvent advenir et que la tache politique, la tache militante est d’y travailler. On a vu en Afrique qu’avec l’entrisme dans l’Etat, par des forces progressistes, en vue de pousser l’Etat vers la gauche, c’est celles-ci qui ont été trainées vers la droite ou avalées par la raison étatique. Les autres possibles modifiant la politique de l’Etat ne peuvent se prescrire que du dehors de l’Etat. Séparer la politique de l’Etat, c’est aussi, envisager une politique sans parti. Il faut au fur et en mesure inventer des formes nouvelles d’organisation politique dans l’hypothèse de faire la politique du point de vue des gens, il faut focaliser sur l’hypothèse d’une capacité politique des gens. La politique comme capacité politique indépendante est de l’ordre de la pensée, comme phénomène de conscience. Cette conception nous permet de confronter des politiques particulières à leurs propres pensées. On travaille donc, dans chaque situation, politiques contre politiques dans des lieux de la pensée. La politique ne peut être réduite à des circonstances historiques ou culturelles. La politique a une situation, c’est NOTRE SITUATION, dans laquelle se pose la question d’un autre possible de la politique. La politique dans la situation des gens doit organiser son rapport singulier à l’Etat, à l’Histoire, à l’Economie et même à la Culture. La politique existe sous forme des modes historique de la politique. Elle a des lieux et des militants. Cette question est traitée ailleurs. Les types de pouvoir en République Démocratique du Congo aujourd’hui. Quels sont aujourd’hui, en RDC, les pouvoirs politiques en place ? Et quelles sont les pensées politiques, si elles existent qui émergent à partir de ces pouvoirs ? Y a-t-il des pouvoirs à partir desquels émerge une politique nouvelle et quel est l’avenir de celle-ci ? En d’autres termes quels pouvoirs portent l’unique liberté pour la République Démocratique du Congo ? Voila les quelques questions auxquelles nous voulons répondre en deux temps, en commençant par celle des pouvoirs. On peut distinguer cinq sortes des pouvoir en place : 6.1. Les pays qui ont des troupes en RDC et lesquelles troupes ne sont pas sous le commandement militaire et politique congolais ; 6.2. Les mouvements de la rébellion (RCD/G, RCD/K, RCD/ML, MLC, RCD/N ? Les Mayi Mayi indépendants, les protagonistes oppositionnels armes des guerres civiles des pays voisins, guerres qui débordent en RDC) ; 6.3. Le gouvernement de Kinshasa et l’opposition politique non-armée constituées en partis politiques qui sont des organisations étatiques pour le partage du pouvoir ; 6.4. Les autorités représentant l’ONU en RDC et enfin, 6.5. La troïka qui tire les ficelles de pouvoir dans toute la région. Indépendamment de leurs allies respectifs, il n’est pas sur que les gens du gouvernement et les rebelles, qui ont des allies, pensent la politique de façon différente et indépendante. Nous ne traiterons pas ici des pensées des rebelles dits forces négatives, protagonistes des guerres civiles qui débordent en RDC. L’ONU n’est pas censée dire et faire la politique en RDC, même si, comme on l’a vu dans les années 1960, elle peut servir de véhicule d’autres forces interventionnistes. Par moments, certaines forces négatives se sont alliées au gouvernement influençant celui-ci, comme au début, en ce qui concerne les idéologies de haine. A part, l’idée de l’autonomie d’action vis-à-vis des allies étatiques des rebelles et la défense par la résistance armée des terres contre les envahisseurs et la réserve concernant le succès éventuel du Dialogue Inter-Congolais, les Mayi Mayi, tout en étant viscéralement patriotiques, n’ont pas d’organisation politique comme telles. Ils comptent sur des forces naturelles herbalistiques et les idéologies qui en découlent. C’est typique des guerres paysannes. En général, la ou les pouvoirs exercent leur domination, ils ne comptent-pas-pour-un tous les Congolais qui y habitent. Dans ce sens, ils s’organisent de façon discriminatoire. Il n’y a donc pas de paix civile. Même lorsqu’on y parle de « inclusive ou non exclusive », comme a Goma par exemple, cela ne se traduit pas dans les pratiques : les exclus d’hier par Mobutu et sa politique ethnique et de révocation de la nationalité d’une certaine catégorie des Congolais, par exemple, réclament une position hégémonique dans l’organisation du pouvoir congolais comme le seul moyen de garantir leurs droits civiques. Ils veulent être comptes les premiers dans le compte-pour-un de tous les Congolais. Par ailleurs, du cote du gouvernement, un simple survol des animateurs d’ambassades, des ministères congolais et d’autres postes d’Etat, donne l’idée que le gouvernement n’opère pas dans une perspective d’un Etat des gens de partout, dans un horizon de multiplicité ; même en dehors des considérations de la méritocratie, tous les Congolais sans exception n’ont pas les mêmes chances de devenir animateurs des postes d’Etat. Les mêmes tendances semblent se retrouver chez les rebelles. Ceux qui combattent et condamnent les « agresseurs », ceux qui les ont portes au pouvoir-leurs alliés et promoteurs d’hier donc défendant la souveraineté formelle et ceux qui luttent contre la dictature génocidaire qui se sert aussi des forces négatives principalement les protagonistes oppositionnels de la guerre civile Rwandaise encore inachevée et débordant dangereusement en RDC mettant en danger la sécurité des allies des rebelles..., ces deux camps donc, semblent avoir le même type de politiques. De part et d’autre, ces politiques ne génèrent pas un grand enthousiasme dans toute la population congolaise. La tendance politique qui prescrit la paix, dans le RDC/K surtout depuis Kisangani, fait une exception. On peut dire de même, comme exception, la tendance représentée par Joseph Kabila, au moins a son début. Sous le drapeau de la défense de le souveraineté agressée, le gouvernement défend, a tout prix (y compris, selon le rapport du panel des experts de l’ONU, le pillage des ressources naturelles) les places du pouvoir et s’efforcent de vouloir réoccuper celles perdues. Les perdants ou d’autres adversaires, des rebelles donc, utilisant des stratégies similaires (la force armée pour arriver au pouvoir ou pour contester ce pouvoir), visent a occuper (pour certains comme Bizima Karaha, réoccuper) les places de pouvoir, pour eux-mêmes et surtout pour le compte de leurs alliés tiraillés par l’insécurité des frontières et exigeant la mise hors d’état de nuire des ‘’forces négatives’’, pour enfin conclure, du moins pour le Rwanda, la guerre civile dont les racines remontent à 1959. Selon les mauvaises langues, ceci n’exclut pas le déplacement des frontières jusqu'à l’intérieur du Congo pour faciliter aussi l’accès aux ressources nécessaires pour poursuivre la guerre. De part et d’autre, la poursuite de la supériorité quantitative et parfois qualitative de la force militaire sur celle de l’adversaire semble être la stratégie principale. La politique a pour objectif principal l’accès aux ou le maintien des places de pouvoir. Du coté de la rébellion et ses alliés, la stratégie rappelle celle utilisée par certains d’entre eux, sous le drapeau de l’AFDL, pour arracher a Mobutu sa place de pouvoir, donnée au Président auto-proclamé, L.D Kabila. C’est cela qui a fait dire aux gens qu’ils recherchent seulement de porter au pouvoir un Kabila plus fidele. Il est vrai que le nombre des allies est cette fois plus réduit. Puisqu’aucun cote n’a de considération politique SINGULIERE de la population congolaise (d’où l’absence d’enthousiasme populaire), il n’y a réellement pas de prestation qui soit qualitativement différente. L’élément moral de la guerre semble manquer partout. On ne défend pas son indépendance en aliénant toute son autonomie de pensée et d’action. Les deux cotes semblent donc mettre l’accent sur les cibles extérieures : agresseurs ou forces négatives. La tendance politique, au sein du RCD/K, qui a porte au public la Charte Congolaise d’Auto-détermination a été violemment combattue par un putsch non-interrompu. Les types de politique en RDC : à partir de l’Etat et a partir des gens. En République Démocratique du Congo, comme partout ailleurs, il y a plusieurs politiques mais elles se réduisent en définitives a deux types : -les politiques qui se disent et se font a partir de l’Etat ou toutes les places du pouvoir ; avec l’actuelle balkanisation militaro-politico-administrative du pays ( une nouvelle forme de la situation des sécessions de 1960), il y a aussi une « balkanisation de l’Etat : le pouvoir gouvernemental et celui militaire rebelle font le même type des politiques, au recto et au verso, si l’on peut dire ; et -les politiques qui se disent et se font, dans les situations réelles, à partir de la capacité politique des gens, de ce qu’ils pensent et de ce qu’ils sont prêts a faire avec ce qu’ils pensent et a partir de ce qu’ils pensent. Le premier type est donc organise en partis politiques, milices, « mouvance présidentielle », mouvements rebelles de libération, etc. Après le démantèlement du régime nationaliste d’autodétermination qui jeta les bases de la fondation de la République et après l’échec de la tentative de la CNS de refonder cette République, ce type de politiques n’arrive toujours pas à résoudre la crise. Les partis politiques, surtout dans une politique parlementaire, sont nécessaires pour mener des campagnes électorales (quant celles-ci sont organisées) pour conquérir et négocier les places de pouvoir dans le gouvernement ou dans l’Etat, et pour monter des alliances, y compris dans l’opposition. A cause de la guerre, il y a ici aussi des partis ouvertement proches du gouvernement et ceux proches de la rébellion. Dans celle-ci ce sont les structures politico-militaires, dont les noyaux sont des armées des rebelles, des milices armées et les armées de leurs alliés, qui sont nécessaires pour conquérir, souvent par menace et la force, les places de pouvoir arrachées au gouvernement de Kinshasa. Il semble qu’ici même le faire semblant d’indépendance de la part des dirigeants rebelles n’est pas digéré par leurs alliés respectifs. Ces politiques donnent l’impression qu’on est en permanence sous le régime d’Etat d’exception. L’idée d’Etat ou la conscience étatique fait défaut. Les occupants des postes de pouvoir agissent comme si l’Etat leur était une imposition extérieure (coloniale ?) ; ils ne semblent avoir ni une conception de l’intérêt public, de la morale publique (dans le sens de Saint Just), de la continuité de l’Etat, ni un certain sens d’autonomie étatique. Ils sont donc incapables de prescrire sur les appareils d’Etat pour leur donner une cohérence conforme à l’intérêt public. C’est cela qui facilite le clientélisme et ce qu’on a appelé à la CNS, la privatisation ou la personnalisation de l’Etat. Un Chef de l’Etat Mobutu garant de la conscience étatique trouve normal de conseiller les gens ‘’Yiba na mayele’’ (voler avec intelligence), et permet aux militaires (1991) de piller ou de démanteler. Un commandant en chef des forces armées, Général Bobozo un des garants de l’ordre public et de la sécurité d’Etat s’emmène à la banque Centrale avec une malle et demande qu’on la remplisse de force pour sa propre consommation. Les mêmes comportements se retrouvent chez les rebelles : l’arbitraire au nom de la lutte armée de libération. L’un des premiers actes du FLC/MLC de l’armée à Bunia, c’était le pillage du bureau du Président du RCD/K. Le banditisme pour rafler les ressources du Trésor public se passe pour une méthode ou un style de diriger. Les politiques « à partir des gens » sont difficiles à cerner. La politique est toujours collective et organisée. Une politique qui se fait à partir des gens, à partir de l’idée que les gens pensent et la pensée est rapport du réel, est aussi organisée. Les politiques militaires qui dominent, exigent, en fait, que les gens ne pensent pas, elles empêchent à ce que des collectifs, formes pour confronter des situations réelles, se conforment et se rassemblent pour dire ce qu’est la situation et trouver ensemble une possibilité singulière dont il faut articuler l’énoncé politique à porter à l’’intension des gens de partout, comme une exigence exprimée sous forme de déclaration, pour sa possible réalisation. Donnons quelques exemples. Nous sommes à Goma, 1998-1999, des femmes des militaires, abandonnées à elles-mêmes, habitant dans des épaves des bus et s’étaient organisées dans un collectif des femmes pour entre autres choses dire à elles-mêmes ce qu’est la situation. Elles étaient les premières à exiger l’arrêt de la guerre insensée, les négociations directes avec le gouvernement de Kinshasa et le retour à la paix comme seul moyen de résoudre la crise. Au moment où nous avons commence les démarches des négociations, par proximité d’abord, nous nous étions particulièrement intéresses à ce collectif des femmes. Après notre départ pour Kisangani, après le putsch, nous avons appris que le collectif était réprimé. Quelques femmes étaient venues nous rejoindre à Bunia. A Kisangani (Avril-Aout 1999), nous sommes dans une situation de grande crise du RCD (originaire); des négociations de Lusaka, dans lesquelles nous étions des pionniers ; ainsi que de grand antagonisme (prenant les formes militaire, sécuritaire, diplomatique, politique et idéologique) entre nous, opposant le RCD/Kisangani et le RCD/Goma dont la mission était de nous éliminer politiquement, militairement, physiquement et diplomatiquement. Les gens du RCD/Goma appuyés par leurs allies Rwandais, voulaient a tout pris nous empêcher de signer l’Accord de Lusaka. Dans cette situation des grandes luttes, nous nous sommes appuyés sur les masses populaires de Kisangani qui étaient opposées comme nous, de plus en plus a la guerre, aux agissements des forces Rwandaises a Kisangani et exigeaient les négociations directes avec le gouvernement ainsi que la réconciliation nationale. C’est a ce moment que nous avons prononce le discours, « La réconciliation dans la vérité pour la paix durable» (23 Avril 1999). Les gens de Kisangani se rassemblaient massivement à l’occasion des meetings populaires du Président du RCD/Kisangani ou de ses promenades régulières dans la ville. Toute la ville était en mouvement, mobilisée qu’elle était aux cris : « LIBERER, LIBERER---SIGNER, SIGNER-- !! ». Les gens nous soutenaient contre la continuation de la guerre, pour notre appel a la paix durable et la réconciliation dans la vérité et contre la tentative de la part des gens du RCD/Goma et leurs allies Rwandais de nous empêcher de signer l’Accord de Lusaka, c'est-à-dire non seulement empêcher que notre RCD/K soit reconnu mais surtout l’empêcher de devenir une voix la plus écoutée par la population congolaise. Grace à ce soutien ferme des gens de Kisangani, la commission de vérification de la SADC devait nous reconnaitre. Ce mouvement qui avait exposé la possibilité que sous couvert de la lutte armée contre la dictature, peut bien se préparer une autre dictature probablement plus dangereuse encore, était réprimé et défait par les affrontements successifs des troupes des alliés Ougandais et Rwandais pour le contrôle hégémonique de Kisangani (à commencer par la lutte pour le monopole de l’achat des diamants par leurs agents opposés). Les militants de la politique de la paix et de la réconciliation, autour du Professeur, Président du RCD/K avaient été une cible importante, ils avaient de justesse échappé à la mort, en partie grâce à la protection de la population Boyomaise. Les soldats formés sous la direction de ces militants, bien que peu nombreux, avaient brillamment défendu le quartier général du RCD/K assiégé par les troupes Rwandaises. Nous pensons que les dirigeants militaires ougandais n’ont pas vu de bon œil cette performance. Nos soldats avaient été dispersés et le colonel Ikondere, le chef responsable de cette formation est mort quelques mois après, dans des circonstances confuses. La possibilité de renforcement de l’expérience d’indépendance de pensée politique avait disparue. A Bunia, dans une situation d’insécurité générale liée à la guerre de Djugu, en plus de la guerre d’hégémonie et/ou la guerre dite de libération, au pillage des ressources, permis par la guerre utilisant entre autre, le préfinancement sous couvert d’une entreprise-bidon, Trinity, etc., le Président du RCD/K avaient initie des consultations par rencontres avec différentes catégories de la population, permettant aux gens de partout issus de ces catégories de dire ce qu’était la situation. Le collectif qui s’était forme avait exige que la décision créant Trinity, d’ailleurs à l’insu du Président devait être cassée. L’abrogation de cette décision avait entrainé, successivement, de la part de Tibasima Atenyi et Mbusa Nyamwisi, l’organisation d’ « une mutinerie des milices essentiellement ethniques » et une tentative de putsch contre le Président du RCD/K et des militants de la politique de consultations et des critiques ouvertes même des dirigeants du RCD/K. La déclaration des mutins exigea l’élimination physique du Président et certains de ses collaborateurs. Grace à l’appui de la population surtout et à la clairvoyance du commandant secteur, le colonel Charles Angina, les tentatives ont échoué. Nous sommes toujours à Bunia. Nous venons de porter au public, par une importante conférence de presse, notre projet de la Charte Congolaise de l’Autodétermination. Des collectifs indépendants se sont formes pour examiner les modalités d’application : le groupe de femmes de prière, le groupe d’études compose des cadres, les comites de paix, etc. Cette formation a donne naissance à l’organisation, entre autres, d’une manifestation des gens revendiquant l’application intégrale de l’Accord de Lusaka: le retrait de toutes les troupes étrangères, la paix et la sécurité des gens. Les militants de la « mutinerie des milices ethniques » et le putsch qui avaient échoué, Tibasemi Atenyi, Mbusa Nyamwisi et leurs alliés ougandais, surtout fideles au Brigadier General Kazini, ont utilisé le prétexte de la manifestation, par une déformation de ce qui a été dit à la presse, pour préparer un autre putsch. Leurs cibles étaient évidemment les militants de l’autodétermination congolaise, et en tête, le Président du RCD/K. Plus de deux bataillons, au moins étaient mobilises a cet effet. Les militants de l’autodétermination, le gros des cadres du RCD/K donc, s’étaient refugiés à la résidence du Président. Les militaires des putschistes ont assiégé la résidence pendant deux semaines (du 3-17 Novembre 2000). La mort de certains militants dont le Prof. E. Wamba dia Wamba, Mme Colette Madishi Ramm, Jacques Depelchin, Joseph Eneko, etc., était réclamée. La population de l’Ituri, dans sa majorité était opposée à ce putsch. Le gouvernement ougandais avait condamné le putsch, mais n’avait pas, pendant les deux semaines, empêché le déroulement du putsch. Le commandant ougandais des opérations au Congo, le Brigadier General Katumba Wamala, avait déclaré dans une interview au Monitor que face aux nombreuses troupes déployées par Mbusa, il ne pouvait pas garantir la sécurité du Professeur et il lui conseillait seulement de partir. Le nouveau commandant-secteur le colonel Muzoora tentera même de le faire partir sur Kampala par la force. Pendant tout ce temps, la population de Bunia nous assistait pour les provisions et les renseignements. Nous avons réussi de mobiliser, par téléphone satellite, l’opinion publique internationale ainsi que nos alliés sans troupes au Congo. Grace à la vaillante résistance de protection (PPU) composée des soldats Congolais (les quelques éléments ougandais qui étaient avec eux avaient été conseillés de quitter dès le début du putsch) ; à l’exception de l’équipe des chars dont le commandement ne dépendait pas de nous et qui était utilisée pour nous forcer de partir) et la ferme opposition de la population au putsch, nous avons pu tenir. La tentative d’attaquer la résidence par roquette avait avorté. L’allié ougandais, vu ce développement, dépêcha le colonel Otafire pour mettre fin au putsch et déporter les dirigeants de deux camps sur Kampala pour des négociations. Jusqu’ici, une partie de la délégation de notre direction politique est toujours à Kampala. La prolongation du putsch, avec le soutien des généraux ougandais, continue ; la résistance populaire ne fait qu’augmenter. Voila quelques exemples des processus politiques, à partir des situations concrètes, et dans un contexte de la domination des tendances militaristes, et la formation des quelques militants des politiques « à partir des gens ».
Luttes entre politiques à partir des gens et politiques a partir de l’Etat.
Ce qui est particulier à la politique des situations réelles, à partir des gens, c’est que chacun parle en son nom, en disant ce qu’est la situation ; l’organisation, le RCD/K par exemple, n’est pas la source de la politique. Des décisions collectives se prennent ensemble sans qu’elles soient les conséquences d’un programme de l’organisation ou même d’une stratégie électorale ou celle d’achat des consciences. Les décisions sont créées par les discussions politiques elles-mêmes. La seule tache c’est de découvrir dans la situation des possibilités inconnues, et d’en faire le mot d’ordre politique du moment. Ce travail est fait par tous ceux qui participent au processus, c'est-à-dire, tous ceux qui désirent se mêler de la situation. La capacité est ici, pour ainsi dire, accordée à tous. C’est cette manière de travailler, dans la situation de la guerre de Djugu, par la commission Paix et Justice, qui a presque arrêté la guerre. La décision de mettre en place, un peu partout dans la zone de la guerre, des comites de paix était trouvée par consensus des participants dans les discussions coordonnées par la commission Paix et Justice du RCD/K. Le militarisme est le contraire des discussions politiques collectives libres. Dans ses politiques, très clairement, le RDC/K a toujours été une organisation avec politiques contradictoires; les politiques « du point des gens » et les politiques « du point des structures militaro-administratives (armée ou milices appareils de sécurité, etc. « du point de l’Etat donc) se livrent des combats continuels. Il faut beaucoup de courage de la part des militants des premières politiques pour qu’ils ne soient pas intimides et frappes de la peur politique et tenir le coup, dans les conditions de violence incontrôlée, pour continuer de garder le lien avec la majorité de la population du territoire sous contrôle du RCD/K. Le soutien actif de la population a souvent été l’unique et solide protection de ses militants. Les alliés n’ont jamais compris leur rapport au RCD/K en termes de rapport de l’organisation à une autre organisation-sœur ou du gouvernement à une organisation pouvant, dans l’avenir, diriger le gouvernement ou l’Etat congolais futur. Le RCD/K était vu comme un groupe d’individus parmi lesquels, il y en a qu’on préfère pour leurs propres intérêts privés ou autres. C’est pourquoi il n’existe aucun accord inter-organisationnel écrit. A cause de la tendance des alliés de vouloir imposer dans le leadership du RCD/K des gens soutenus ou préférés par certaines catégories des alliés, les politiques du RCD/K souffrirait de ce contexte, parce que les gens imposés n’étaient pas ceux qui étaient soutenus par la grande majorité de la population congolaise du territoire sous contrôle du RCD/K ; ils ne servaient pas ouvertement ses intérêts. Les militants des «politiques « à partir des gens ou du point de vu des gens » donnaient l’impression de fonctionner comme formant une tendance oppositionnelle, c'est-à-dire comme s’ils s’opposaient à la politique militariste (celle des alliés et ses agents dans la direction politique du RCD/K) de l’intérieur même de cette politique. On ne peut pas faire une politique à partir de la pensée des gens, tout en continuant à penser et à agir dans le cadre de la politique faite à partir du pouvoir et de l’Etat. A partir des milices. Il n’est donc pas étonnant que les gens du RCD/Goma et leurs allies ont trouve en notre tendance un adversaire aussi dangereux, si pas plus dangereux, que leurs ennemis de Kinshasa. Jusqu’aujourd’hui, ils refusent de reconnaitre notre existence. Pour eux, nous étions déjà éliminés. Ils continuent de s’attribuer la désignation RCD, propre à la seule organisation originaire dont le Professeur était le seul Président, élu deux fois et dans l’unanimité et dont le texte fondamental était Le Protocole d’Accord (modifié en Protocole d’Accord Amende). Le RCD/G est géré par un autre texte fondamental adopté après le putsch du 19 Mai 1999. La volonté de nous éliminer était telle qu’on nous assimilait à leurs ennemis implacables, les forces négatives –Interahamwe, pour préparer l’opinion et justifier notre élimination physique possible. Tout le travail que nos avons accompli pour donner de la crédibilité au RCD et le faire accepter internationalement et régionalement ne comptait plus pour le RCD/G et surtout son allie Rwandais qui, auparavant, voulait même nous proposer comme membre de la commission de l’OUA sur les causes du génocide Rwandais. On nous accusait pour les besoins de la cause et sans preuve, d’être anti-Tutsi et d’avoir recruter des Interahamwe ! Le putsch de Goma du 19 mai 1999, et la violence qui s’en est suivie contre le Professeur et ses collègues sont très symptomatiques. Mais cela ne s’est pas arrêté aux gens de Goma. Mbusa Nyamwisi, l’armée de quelques officiers ougandais, et qui, parait-il, visite aussi Kigali et Goma et fréquenterait les milieux des pillards du coté du gouvernement de Kinshasa, affiche des intentions violentes incroyables a l’égard du Professeur dont il s’apprêtait, en novembre 2000, d’expédier le corps par avion, déjà loué par lui, sur Dar es Salaam—selon les rumeurs qui circulaient. Récemment, il reprochait au Professeur le fait d’être venu du Bas-Congo, 3500km de Bunia mais ayant des prétentions de diriger le RCD/K, loin de chez –lui. Il ne le permettra jamais. Pour lui, le RCD/K n’est qu’une organisation locale ou ethno-régionaliste il faut être de la région ou de ses ethnies pour diriger. Le fédéralisme ethnique oblige ! L’attitude oppositionnelle, qu’adoptent certains soi-disant cadres («cadre » n’a de sens justement que dans une conception de la politique du Parti-Etat ou Etat-Parti Stalinien) du RCD/K entre autre, leur permet d’être radical en paroles, tout en respectant les règles du jeu de la distribution des places du pouvoir même politico-militariste. Certains allaient jusqu'à nous conseiller de nous attribuer, comme les autres (Mbusa et Tibasima), des officiers ougandais leur servir avec des ressources pour bénéficier d’un soutien des alliés à ceux- ci ont toujours refusé d’avoir des accords, ouvertement négociés, de solidarité établissant clairement les obligations réciproques envers les uns les autres, y compris nos obligations de compensation après la guerre. Ce n’est pas étonnant que ces genres des cadres revendiquent, à grands cris, leur déploiement, c’est-à-dire pratiquement rien à faire avec les gens s’organisant en collectif pour dire ce qu’est la situation, et surtout avec la pensée de ses gens. La véritable libération, une auto-libération, doit venir d’une politique qualitativement différente de celles de places de pouvoir. En bref, une politique émancipative. Une guerre libératrice n’a pas eu lieu. Le point principal, aujourd’hui, reste la question de trouver une possibilité réelle dans notre situation de guerre sans politique émancipative, possibilité qui donnerait lieu à une vrai politique de paix durable. Cette possibilité n’exclut pas pour toujours la possibilité d’une vraie lutte armée populaire d’auto-libération ; mais, elle devra être organisée différemment. Elle doit viser à une « pouvoirisation » militaire de toute la population. Contre le pillage des ressources, soutenu par les politiques de guerre, on a trouvé à Bunia, une politique couchée dans la forme d’une Commission présidentielle d’inspection générale proposée par et enracinée dans la population organisée par consultations régulières avec le Président du RCD/K, pour contrecarrer ce pillage. C’est une politique qui a généré beaucoup d’enthousiasme dans la population. Elle avait entrainé une certaine transparence de la gestion bancaire et financière. En plus des intrigues pour boycotter cette politique, les acteurs du pillage et leurs alliés bénéficiaires ont vite déclenché une violence systématique : le putsch prolongé, qui aligna, à son début, plus de 1000 soldats dont le noyau était le bataillon Usalama, la milice, principalement de Mbusa, contre 69 soldats formant l’Unité de Protection Présidentielle (PPU) et qui défendaient les militants de cette politique qui se sont rassemblés à la résidence assiégée du Président du RCD/K. A part les militaristes opposes à ces politiques « à partir des gens », des opposants, des opportunistes se sont toujours infiltres pour détourner les structures nouvelles issues de ces politiques novatrices pour les transformer en places de pouvoir et y continuer le pillage (Fely, Poley, entre autres). La difficulté organisationnelle que nous confrontions était que les militants sincères, pour être protégés, pendant que les collectifs des gens s’organisent, devaient occuper des postes d’apparence de pouvoir. D’où le recours ininterrompu à la politique de faire des putschs contre les gens occupant les postes d’apparence de pouvoir. Toute forme d’entrisme dans les postes de pouvoir reste une rupture avec une vraie politique « à partir des gens ». Quelques principes pour une politique comme pensée. Nous avons déjà présenté les principes de l’actuelle conception de la politique en RCD. Nous pouvons aussi tirer, à partir de ce qui a été dit, quelques principes de la politique comme pensée. Nous nous inspirons aussi de l’expérience d’autres organisations politiques de par le monde qui ont réfléchi sur les mêmes questions. a) Comme toute forme de la pensée libre, la politique est une activité entièrement désintéressé et qui a sa fin en elle-même. Kimbangu avait parle et exige la libération spirituelle. En RDC, l’exigence de la libération de la pensée elle-même reste un travail encore à poursuivre. Le Bundu dia Kongo, qui travaille a partir de la prescription de S. Kimbangu, exige la libération culturelle et touche à quelques aspects de cette question. En général, l’idée de la politique qui domine en RDC, considère la politique comme la fonction la plus rémunératrice : les gens se font la guerre ou toutes sortes de combat pour être près de la trésorerie ou pour le partage des places de pouvoir ou de l’Etat. Les politiciens (y compris aujourd’hui les seigneurs de guerre) font la politique pour s’enrichir ou pour dominer les autres et jamais pour SE LIBERER.
b) Il ne faut jamais entrer dans la servilité à l’égard du pouvoir. En RDC, comme ailleurs en Afrique, on entre à la politique par la porte de la servilité à l’égard du pouvoir (y compris à l’égard des puissances extérieures). Même l’idée Kongolaise (au royaume) qu’on est couronné et non se (faire) couronner n’est plus de mise. Le clientélisme est le rapport au réel politique africain le plus avéré. Ce qui se passe aujourd’hui même au niveau le plus élevé, c’est la recherche et la volonté d’entrer dans la servilité à l’égard des puissants. Il y a seulement quelques années, on résistait contre le néocolonialisme imposé; aujourd’hui il est volontairement sollicité et recherché. Ceci fait que partout en Afrique, ou presque, la crise de la légitimité du pouvoir se pose avec force. On peut dire qu’ici, faire la politique c’est se plier à la servilité à l’égard des puissants. C’est pourquoi l’émancipation est toujours reportée à demain (ou réduite à la recherche de la réduction de la pauvreté !).
c) La démocratie revient à ce que les pouvoirs comptent tout le monde, et singulièrement les gens les plus démunis, des minorités opprimées ou menacées d’extinction (comme les Pygmées, les phaseurs, les sidéens etc..), les handicapés, les nouveaux-venus, etc. Dans la jungle de la République Démocratique du Congo, les occupants des places de pouvoir parlent démocratie tout en étant surs que personne ne va les déloger de leurs places. On parle démocratie pour obtenir des faveurs des esclavagistes de la dette. Ils ne comptent pas tout le monde. Même en ce qui concerne la situation aujourd’hui exigeant la paix, ils pensent plus à la préservation de leurs places de pouvoir ; sur cet aspect, précisément, ils veulent que la nouvelle situation soit identique à celle de la guerre qu’on doit quitter. En toute rigueur, la démocratie, pour ceux seuls que les pouvoirs comptent, ne doit être qu’une permutation ou une itération des occupants. d) Personne ne représente personne, puisque chacun parle en son nom. Parler en son nom en RDC, sans qu’on soit une incarnation d’une place de pouvoir est traite par le pouvoir étatique comme un crime. . Les gens pensent, mais ne disent pas ce qu’ils pensent. Le mensonge devient la vérité de la politique. Les occupants des places de pouvoir prétendent représenter tous les exclus, et mangent et boivent pour la faim et la soif de ceux-ci tout en se représentant eux-mêmes.
e) Le seul attribut commun reconnu à ceux qui s’engagent dans la politique étant la possibilité de penser les situations ; il n’y a aucune détermination objective particulière de la volonté militante. Pas de détermination racialiste, tribale ou ethnique ; pas de détermination régionaliste, pas de détermination sexuelle et non plus de détermination sociale. En RDC, de plus en plus, la « géopolitique » oblige. Mbusa Nyamwisi dit que seuls les originaires des provinces congolaises de l’Est du pays peuvent comprendre les problèmes de celles-ci et seuls sont habilités d’y diriger et cela même quand la population dans sa majorité est, par expérience, contre une telle détermination. Les politiciens jugent même la confiance de leurs collaborateurs en termes d’appartenance ethnique ou régionaliste. La question, « d’où êtes-vous ?» est devenue une question de stratégie politique. Toute femme congolaise qui exhibe des dispositions particulières de la volonté militante est traitée de tous les mauvais noms : l’amitié politique entre un homme et une femme est regardée en termes des fesses, etc. Le chauvinisme masculin est ici une détermination politique. La classe des arrivistes pensent la politique en termes des intrigues pour mieux jouir aux détriments des autres : «ils sont arrives et ils doivent y rester » f) La politique émancipative ne se fait pas sur toutes les choses et à tous moments. Toutes les choses ne sont pas une matière politique. La politique existe dans les processus politiques eux-mêmes articulés sur des situations dont on a tiré, par enquête militante organisée, et actions expérimentales de toutes les sortes, une nouvelle possibilité. Les conditions matérialistes de la politique sont donc, en termes d’interventions et de pensée collective, très astreignantes. A la résidence du Président du RCD/K assiégée par les troupes congolo-ougandaises de Mbusa et Tibasima, le collectif des militants qui s’y est forme, a beaucoup travaillé pour trouver la possibilité de renverser la situation et faire échouer le putsch. Il a fallut un énorme travail des consultations pour arriver à la possibilité de la création de la commission présidentielle d’inspection générale.
g) La politique est une activité de pensée qui, le plus souvent, suppose des trajets, des déplacements, des ruptures mentales, tout à fait singuliers. La trajectoire suivie par les militants du RCD/K de Goma à Bunia par Kisangani, nous a fait passer, presqu’en permanence, sur un fil du rasoir, si l’on peut dire. Ce n’est pas si facile de défendre son indépendance et dire NON tout le temps, aux vrais détenteurs du pouvoir, surtout ceux qui détestent les Congolais et qui prétendent tout savoir plus que ceux-ci. h) Lorsqu’on a trouvé, sur un point, la bonne voie (par exemple la commission d’inspection générale comme moyen d’assurer la transparence de gestion et d’arrêter le pillage des ressources), cela se voit concrètement, matériellement : apparaissent des nouveaux endroits où on discute, où on décide, où des gens qui ne faisaient pas la politique (par exemple, les femmes de prière par rapport à la recherche de la paix et la Charte congolaise d’autodétermination) se mettent a penser et agir collectivement. Les promenades du Président du RCD/K accompagne des militants dans la ville de Kisangani (Juillet et Aout 1999), accueilli par des grandes foules criant : « Libérez, Libérez. Signez, Signez ! », était un autre exemple. Ce sont des lieux politiques pour la recherche de la paix. Il y a des lieux politiques nouveaux a chaque fois qu’une politique faite à partir des gens se met à exister. i) Les lieux politiques véritables sont démocratiques. Les gens s’y rassemblent suivant le principe: « vient qui veut ». Un tel rassemblement des collectifs des gens, par exemple, décide, après des longues discussions méthodiques, comme dans les vraies palabres communautaires, les étapes de la politique et les actions à mener (manifestations, meetings, délégations, etc.) : les femmes de prière et les groupes des comites dits de « cadres » à Bunia, par exemple. Chacun peut parler en son nom et chacun est partie prenante de la décision. Il n’ya ni délégation, ni représentation, ni vote. j) Le lieu politique est la preuve matérielle de l’existence d’une politique. S’agissant d’une politique du point des gens, ce lieu est totalement en dehors de l’Etat, de ses appareils, de ses institutions. C’est un lieu libre et invente. k) La politique a une sorte de rareté : elle existe toujours par séquences, qui ont un début et une fin. La fin c’est quand le lieu cesse d’exister. Pendant longtemps l’enthousiasme de la politique de processus de paix, pratiquées dans des réunions dites de prière, avait disparu à Bunia, avec la disparition de ses lieux. l) La tache de l’organisation de cette politique, c’est d’assurer le lien entre plusieurs séquences, et donc le lien entre plusieurs lieux, simultanés ou successifs. Le lien politique fait exister matériellement un possible de la situation. Toute politique libre connait plusieurs lieux. Le défi du Dialogue intercongolais est de se constituer comme un lieu politique emancipatif pour la paix durable et non comme une extension de la politique à partir de l’Etat (y compris les alliés et les puissances) pour le seul partage du pouvoir. Chacun devra parler en son nom. m) La politique faite du point de l’Etat mutile et supprime la multiplicité des lieux au profit de l’unicité du lieu du pouvoir. Le Parti est ce lieu unique pour la politique stalinienne ; et de façon manichéenne, le Parti-Etat dans la politique Mobutiste est ce lieu unique. L’Etat pour la politique parlementariste est l’unique lieu. Les partis dits politiques sont des appendices de l’Etat. n) La puissance d’une politique du point des gens provient du fait qu’elle admet la multiplicité des possibles non-étatiques et construit les lieux appropriés. Elle suppose une libre association dans une certaine idée de la politique, et le partage de ses lieux. Dans la situation qui est la notre de la décomposition de l’Etat, la conscience étatique, celle de la République par exemple, n’émergera pas par la seule adoption d’un modèle d’Etat. Les exigences de la reconstruction de l’Etat décomposé doivent sortir des lieux politiques de la politique à partir des gens pour que l’Etat reconstruit soit légitime. o) On s’organise a partir de sa politique, et donc à partir des situations ou les gens pensent et déclarent, et a partir desquelles peut s’envisager la démocratie d’un lieu. Comme chacun parle en son nom, chacun mesure aussi ce qu’il fait, étant entendu que notre principe est qu’il faut assumer les conséquences de ce qu’on déclare faire. Un militant de l’organisation d’une telle politique est dans la discipline de sa pensée et de ses conséquences dans la situation et non dans la discipline formelle des organisations ordinaires. Si quelqu’un écrit un tract, ce qu’il est convaincu de la nécessité de ce tract, le discute avec les autres et le distribue. Et s’il prend la parole dans une réunion de collègues militants c’est qu’il pense que sans sa prise de parole, quelque chose aurait manque quant au résultat politique de la réunion. Beaucoup de partis ou de mouvements ont des beaux documents des projets de société, des codes de discipline, etc.…qui ne sont jamais appliques. Le « m’as-tu vuisme » surtout chez nous en RDC, fait la loi. Les projets de société ne sont pas des produits d’une politique en tant que pensée ; mais ils ne sont des simples copies sur modèle. Ceci explique en partie, la légèreté avec laquelle les constructions sont considérées en Afrique. Ce sont là les quelques principes ; nous nous sommes inspires de nos expériences dans la rébellion détournée et des quelques écrits de l’Organisation Politique. On a vu qu’il y a eu quand même des processus politiques singuliers dans notre trajectoire allant de Goma à Bunia par Kisangani. Le militant là où il existait pouvait choisir librement le ou les processus dans lequel ou lesquels il pouvait participer pour mener des enquêtes, se lier aux gens, convoquer des réunions, proposer des objectifs, etc.…. Chacun pouvait suggérer un processus nouveau, dans le cadre de l’idée que nous nous faisons de la politique. Ce n’était pas facile, surtout a cause de l’environnement des pouvoirs militaires en place et la confusion de la conception du « mouvement de libération » assimile a une politique de parti d’avant-garde dirigeant une lutte armée, dans une absence des vrais cadres d’une telle politique. Les soi-disant cadres politico-militaires que les allies nous formaient en quelques semaines par des gens ignorants de notre histoire, n’avaient ni le niveau d’engagement politique nécessaire, ni la connaissance historique des luttes populaires, ni un niveau appréciable de patriotisme, ni la conscience des vrais objectifs ou de la nature de la guerre, etc.…C’est pourquoi, il a été facile aux alliés de nous diviser et nous imposer des gens préférés. Nous faisons des recherches pour identifier des cas concrets des processus politiques singuliers, dont les enseignements devraient nous armer pour mieux penser la politique dans nos situations réelles actuelles. Ce que nous savons c’est que la rébellion telle qu’est développée ne pouvait pas conduire a la solution durable de la crise congolaise et encore moins à l’auto-libération du peuple congolais. Est-il possible de reconstruire l’Etat en décomposition partir du dire et du faire des gens ?
Comment s’assurer que la pensée des gens produite à travers des rencontres d’enquêtes entre les gens entre eux ou avec la participation du Président du RCD/K, par exemple, soit effectivement celle venant de ce qui est extérieur à l’Etat (les places du pouvoir de Kinshasa, des rebelles et de leurs alliés) ? Un des moyens de le savoir c’est que les prescriptions qui en découlent, et qu’on adresse à tout le monde sont acceptées avec enthousiasme par les gens de partout qui les font leur et qui entre dans la politique qui agit en conséquence. L’idée de l’abrogation de la décision de créer Trinity et celle de créer la commission présidentielle d’inspection générale, toutes deux trouvées à travers les rencontres d’enquêtes et des consultations, avaient provoqué beaucoup d’enthousiasme aux gens de partout. L’idée des comités de paix comme celle de la Charte Congolaise d’Auto-détermination avaient rencontré un écho très enthousiaste dans la population. Le dire et le faire, c’est- à-dire , les actions du président en direction d’un mouvement de la paix, ses consultations avec des gens de partout dans la zone de guerre dite interethnique (à Djugu, à Fataki, à Kpandroma, etc), le lancement de l’idée de la formation d’un mouvement de masses pour la paix a Djugu, en commençant avec les réunions de tous les notables de l’Ituri, ont généré un enthousiasme qui continue d’exister dans la population de l’Ituri. Les politiciens du pouvoir et les seigneurs de guerre et leurs alliés avaient radicalisé leur opposition à ces prescriptions, et avaient souvent eu recours à la violence militaire pour étouffer l’enthousiasme jusqu'à préparer l’élimination politique et physique des militants de ces exigences. Mais, certains politiciens des pouvoirs, attentifs aux possibles que les gens trouvent dans les situations singulières, peuvent changer leur façon de faire et s’aligner à la politique à partir des gens. Ceci veut dire que les exigences adressées aux gens de partout à partir des gens, arrivent à prescrire sur l’Etat en faveur de changer ses façons de faire. Cette façon de modifier les actions de l’Etat, offre une possibilité et une voie de reconstruction de l’Etat, pour l’amener, par exemple à compter-pour-un tout congolais sans exclusion, à devenir un Etat des gens de partout, un vrai Etat démocratique donc. Le recours aux politiques à partir de l’Etat pour reconstruire l’Etat en décomposition, ne garantit rien. Les gens à Kisangani ont pu voir, par expérience, qu’une dictature plus dangereuse peut émerger d’une guerre contre une dictature. Comme l’a démontré Cheikh Anta Diop, même pour la formation historique des Etats, l’intérêt public qui a influé sur la nature de l’Etat était bien enraciné dans la population : les grands travaux exigés par la survie de toute la société (pour l’Etat Sumérien), la conquête (pour la plupart des Etas dits développés ou modernes), la résistance à la conquête (pour certains Etats postcoloniaux) et le cas particulier de la démocratie d’Athènes basée sur la lutte des classes. La conquête et la contre-conquête en RDC, semblent avoir entraine la décomposition de l’Etat. Il nous faut, compte tenu des insuffisances d’intégration physique et politique du pays, peut-être essayer avec l’intérêt public enracine dans la nécessité des grands travaux d’infrastructures. Au lieu des seigneurs de guerre comme héros, peut-être faut-ils avoir des créateurs comme héros. Dans la situation singulière de Djugu, la recherche organisée de la paix a donné naissance à l’idée d’une amnistie générale politique pour que tous les protagonistes et les gens de partout puissent se retrouver ensemble, et ensemble, trouvent une possibilité politique de paix durable. A l’absence d’un camp victorieux, capable d’imposer une paix, du reste éphémère, toute recherche de la paix durable doit avoir une politique d’amnistie générale. Dans l’absence de cela, il est difficile d’avoir une politique organisée de la paix durable. La recherche de la paix qu’incarne le Dialogue Intercongolais est menacée d’étouffement, subordonnée qu’elle semble être aux influences extérieures multiples, et à l’exigence par certains protagonistes de la préservation de leurs places de pouvoir. En même temps, on se précipite à mettre en place une politique du parlementarisme copie sur l’Extérieur sans en avoir pense les conditions.
Les modèles ou modes politiques copies sur l’Extérieur peuvent-ils résoudre la Crise Congolaise ?
Nous voulons que la politique « a partir des gens » prescrive sur le processus de reconstruire l’Etat en décomposition ainsi que les mouvements de libération en crise (qui fait époque) et leurs allies dont les Etats sont formes a travers un modèle de mouvement de libération en crise, presqu’incapable, après la victoire d’organiser une politique de paix durable et donc des institutions politiques de paix civile. Il faut donc que notre politique nouvelle prescrive sur tous les pouvoirs existants, à partir de la pensée des gens, à partir de ce qui est extérieur à ces pouvoirs, pour permettre à n’importe qui d’exercer une capacité politique. Et aussi de partager, et donc de créer, non seulement une nouvelle idée de la politique, mais, à travers elle, à partir d’elle, et du dehors des pouvoirs, une nouvelle idée de l’Etat ; à partir de tel ou tel point qui décide si ces pouvoirs sont démocratiques ou non, et dans l’immédiat, s’ils sont pour la paix ou pour la poursuite de la guerre, s’ils sont ou non pour la réussite démocratique du Dialogue Intercongolais ou sa frustration ; s’ils sont pour la poursuite du pillage des ressources ou son éradication par le contrôle de leur utilisation et développement par toute la population congolaise. Sans la pouvoirisation politique, économique et intellectuelle de la population, la reconstruction de l’Etat en décomposition ne sera qu’un simple processus de partage de pouvoir parmi les politiciens et les seigneurs de guerre. Le retrait inconditionnel des troupes étrangères et la démilitarisation inconditionnelle de la ville de Kisangani, sont le préliminaire oblige de ces points principaux sur lesquels les exigences de la population prescrivent sur les pouvoirs. Très clairement, on peut voir que le régime de l’AFDL, et son dérivé, l’actuel régime de Kinshasa et leurs allies respectifs, n’ont pas pu reconstruire l’Etat Mobutiste effondré. La conscience Etatique (la res publica, la morale publique etc..) fait toujours défaut. L’actuel régime continue d’exhiber les tendances d’une « rébellion militariste arrivée au pouvoir par l’appui militaire étranger, très intéressé au pillage des ressources et a occuper certains postes de souveraineté (sans être souverain dans les actions et les pensées) de l’Etat toujours en état de putréfaction. La confiance de la population aux structures étatiques, à commencer par la Présidence de la République, dont l’intégrité politique et morale a été considérablement entamée par les deux derniers occupants avant l’actuel, cette confiance n’est pas encore restaurée. Un président désigné par un petit cercle et entériné par un parlement nomme par un président auto-proclamé, n’inspire pas une confiance légitime. La politique du parlementarisme, aujourd’hui hégémonique (après la très chaude Guerre Froide), malgré le fait qu’elle est en train maintenant de subir des grands coups dans l’actuelle guerre contre le terrorisme, est celle-là qu’on nous chante et qu’on cherche à nous imposer comme une condition pour la poursuite de l’esclavage de la dette (« la dette c’est l’esclavage », proverbe Kongo). Mais lorsqu’elle réussit à être souveraine, on fait tout pour nous imposer « un homme fort ». Ceux qui l’exhibent et la réclament comme condition de prêts, n’y croient pas trop d’ailleurs. Sans se poser des questions pourquoi la politique parlementariste tropicalisée, prônée par la CNS, n’a pas pu démarrer, l’actuel régime semble adopter cette politique comme prescription pour enrayer la crise. Après la péremption de la politique « du point du Parti-Etat », après l’impossibilité de la transition au parlementarisme tropicalise de la CNS, après l’échec mouvementiste de l’AFDL, doit-on revenir à la prescription de la CNS sans avoir pense ses conditions ? Cette politique « à partir de l’Etat » dans les conditions de la décomposition de celui-ci, pourra-t-elle pouvoiriser la population, la condition de la reconstruction légitime de l’Etat ? Nous savons que dans ce type de politique, le seul moment ou les gens participent vraiment a la politique est celui de l’élection du Président, des députés, etc. ; les gens sont consultes (ou achetés ou persuades par menaces) surtout au moment des élections ; sinon on leur refuse la pensée de la politique et donc la capacité politique. Les participants réels ou potentiels au Dialogue Intercongolais deviennent de plus en plus hiérarchisés : il y a de plus « compétents » et d’autres ; on semble avoir peur que le collectif réuni en Dialogue décide souverainement. En 1992, la CNS s’était dégénérée en « participants compétents dialoguant avec le chef de l’Etat excluant les autres pour les « vraies décisions ». On connait la suite. En 1989, la décision de Mobutu d’avoir des consultations profondes avec différentes catégories des Congolais de partout, était louable. Les memoranda qui en ont résulté l’avaient rendu amer ; il était contre que les gens aient pu penser la politique et lui rendre responsable de la putréfaction de son régime. Nous apprenons, aujourd’hui, que le rassemblement des collectifs (gens de l’opposition politique, de la société civile ou des forces vives) pour discuter sur le Dialogue Intercongolais, même seulement pour entendre les témoignages de ceux qui revenaient du fiasco d’Addis-Abeba est souvent dispersée par la police armée du régime. Seul l’enregistrement des partis politiques compte ; les débats publics dans la population ne sont pas acceptables !. Sans un grand mouvement de masses démocratique pour la paix durable, faisant pression sur les participants au Dialogue Intercongolais, les grandes questions : retrait inconditionnel des troupes étrangères, la réunification inconditionnelle du pays, l’abolition inconditionnelle du recours à la violence pour arriver au et/ou garder le pouvoir, le respect scrupuleux de l’éthique politique dans le choix des animateurs de nouvelles institutions etc.…n’auront pas des solutions satisfaisantes. La capacité politique, dans le parlementarisme, n’est accordée qu’aux politiciens et politiciennes, aux hommes et aux femmes des partis. En RDC, le nombre de femmes des partis est extrêmement minime. Aujourd’hui encore, on occupe l’imagination de tous ces gens avec les rumeurs de remaniement ministériel, « toujours imminent », et de l’enregistrement des partis politiques et leur participation au Dialogue Intercongolais. Il y aurait déjà plus de 150 partis qui sont enregistres. Il faut être dans un parti politique pour penser la politique et la faire. Le parlementarisme est ainsi une politique mutilée, une politique qui éloigne l’écrasante majorité des gens de toute décision collective sur leur propre vie publique. A Kinshasa, les parlementaristes-debout, une invention populaire issue du mouvement de la CNS, si pas de celui de la lutte pour l’indépendance, sont souvent matraques, surtout s’ils vont au delà de la simple lecture des titres des journaux. Le parlementarisme peut-il arrêter la guerre ? Ce n’est pas évident. Ce sont d’ailleurs les régimes parlementaristes avancés qui s’organisent systématiquement pour mener, en permanence, la guerre contre la vie : en attaquant les conditions écologiques de la vie, soit en se donnant, de façon non-interrompue, des ennemis à combattre. Il faut un fondement de légitimation, dans la population, pour qu’une politique «à partir de l’Etat » puisse arrêter la guerre. Nous sommes pour une politique extrêmement ouverte. Nous voulons surtout que des situations réelles comme celles de l’actuelle guerre, et surtout des possibilités nouvelles et enthousiasmantes que le travail de pensée politique dégagé dans ces situations, le plus de gens possibles s’associent et ensemble agissent. En elle-même, la seule distribution(ou le partage ou l’achat) des places de pouvoir, par élections, par l’argent ou par les armes, ne change pas fondamentalement ce pouvoir ou cet Etat. Après tant d’années de crise et de misère, de massacres et de guerre, la rumeur court que Monsieur « Rigueur », l’un des plus grands ruineurs du pays, va revenir aux affaires. Les mêmes structures ne peuvent faire appel qu’aux mêmes animateurs. C’est en prescrivant sur le pouvoir ou sur l’Etat, à partir de la pensée des gens, en dehors de ces places ou cet Etat, que le pouvoir et l’Etat peuvent être transformés. La grande question est : comment constituer en notre situation, la puissance de la politique a partir des gens, une puissance politiquement libre, totalement indépendante et dont tous les acteurs politiques, y compris le gouvernement, devront inévitablement tenir le plus grand compte? Les femmes du groupe de prière, à Bunia, étaient sur le point d’entrainer toute la ville de Bunia dans sa manifestation pour la paix, le retrait inconditionnel des troupes étrangères et l’auto-détermination. Elles étaient stoppées par la force soutenue par l’interventionnisme extérieure. S’y référant, un dirigeant allie parlera avec mépris de la « République de Bunia ». Depuis, malgré tous les massacres des résistants villageois par, entre autres, l’hélicoptère militaire, malgré la triste parade, par les gens de Mbusa Nyamwisi diriges par le putschiste Claude Kiza, la triste parade des têtes décapitées des Lendu pour traumatiser les gens et décourager les militants soutenant l’auto-détermination, Bunia reste ingouvernable. Il faut que plusieurs collectifs des militants travaillant à trouver une possibilité singulière de la politique émancipative de la paix durable dans notre situation émergent. C’est un défi à lever. L’organisation de la politique pour accéder au pouvoir par des moyens non démocratiques a un effet net : emprisonner la liberté la plus élémentaire de penser et de s’exprimer. Dans tous les cas, s’agissant de la démocratie, tous ceux qui ne font rien ou ne disent rien devant des milliers des Congolais privés de tout droit, malgré la prescription de l’acte d’engagement au pacte républicain produit dans le sillage de la préparation du Dialogue Intercongolais, à Gaborone, sont discrédites quant a la démocratie. C’est là le point central de toute détermination démocratique. Ce n’est qu’à travers le travail collectif des rassemblements, en dehors des pouvoirs, que des prescriptions, pouvant approfondir la démocratie, peuvent surgir. Il faut bien se garder de ce que le Dialogue Intercongolais ne devienne une institution ou une simple place de pouvoir. Il faut que la liberté de vérité y règne pour renforcer et corriger le régime de consensus basé sur la non-pensée, sur la négation ou le refus de la pensée libre.
Contre-conclusion.
Si nos participants au Dialogue Intercongolais ne sortent pas de l’emprise de la conception dominante de la politique, seront-ils en mesure de penser les conditions de la politique de la paix durable ? En dehors d’enracinement dans un mouvement de masses pour la résolution de la crise, l’éthique politique sera-t-elle au poste de commandement au Dialogue? Dans l’absence des collectifs des forces intérieures en faveur d’indépendance de la direction politique nationale à créer, et portant des exigences aux gens du Dialogue, celui-ci sera-t-il capable de résister à l’interventionnisme politique extérieur ? Un Dialogue domine par des seigneurs de guerre (réels ou imaginaires) et des préférés des allies est-il un lieu politique de renforcement d’une conscience politique nationale, patriotique et auto-déterminée ? Dans ces conditions sommes-nous en mesure d’espérer qu’il produise ne fut-ce que les principes directeurs d’un constitutionalisme démocratique légitime ? Déjà le processus qui organise ce Dialogue ne reflète pas un engagement concret aux valeurs de la bonne gouvernance à savoir : la transparence, l’inclusion, le désir et la volonté de vérité et l’équité. Les « nouveaux parlementaires-debout » du Dialogue auront-ils la place à Sun City, d’être entendus ? Les anti-valeurs ne trouveront-elles pas un terrain fertile à Sun City Ernest Wamba dia Wamba, President du RCD/K Fait à Dar-es-Salaam, 2001