Mobutisme
MOBUTU ET MOBUTISME : FONDEMENTS, FORMATION ET ACHEVEMENT
Ernest Wamba dia Wamba
Le Président Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu wa Zabanga, bien diminué par la maladie et l’impossibilité d’arrêter le processus de son renversement, a fui Kinshasa, le 16 Mai 1997. L’ancien Sergent Joseph Désiré Mobutu, qui devint Président Fondateur (du Parti confondu à la Nation), Président-‐Marechal, le Guide Eclairé, le Léopard, etc., refusa d’abandonner le titre de Président de la République. Il a toujours souhaité de mourir avec son titre de Président – un désir peu voile de Président à vie. Bien qu’il ait été persuade de quitter Kinshasa avant l’arrivée imminente des rebelles, il était quand même très touche dans son corps souffrant et bien sur son for intérieur. Il s’est rendu a son Palais, ‘’le Versailles de brousse’’, à Gbadolite, d’où il est parti pour l’exil au Maroc, ou il est mort, le 9 septembre 1997, dans l’oubli et l’abandon presque total par ceux-‐là même qui l’avaient mis au pouvoir et l’y avaient soutenu contre vents et marées. Cette mort anonyme de celui qui a été Chef de l’Etat pendant 32 ans, a terminé la remarquable carrière de l’homme, que son ancien agent et associé devenu son opposant, Etienne Tshisekedi, qualifia de ‘’monstre humain’’.
De 1960 à 1989, Mobutu était la pièce maîtresse de la machine politico-‐sécuritaire de l’Occident, a l’époque de la Guerre dite Froide, pour garder le Congo-‐Zaïre et l’Afrique centrale, dans le camp de l’Occident – même si les aspirations et les intérêts des peuples de toute la région allaient a l’encontre de cette exigence. L’état sinistre du pays qu’il a laisse est un résultat de cette exigence. Mobutu fut découvert, à temps, et promu comme un militant anti-‐communiste fervent ; premièrement par la police politique belge qui l’utilisait comme indicateur auprès de la petite communauté congolaise en Belgique ; et deuxièmement par la Central Intelligence Agent – CIA – des Etats-‐Unis d’Amérique du Nord ; et ensuite par les milieux des conglomérats financiers. Ses rencontres inaugurales avec Lawrence Devlin -‐ un agent de la CIA et Maurice Tempelsman, fils de Léon Tempelsman le capitaliste des diamants, lui avaient donne l’occasion d’être lancé. Il est vrai, il aura fallu pour le sergent-‐journaliste Mobutu d’être encadré et de fréquenter les cercles appropriés pour bien asseoir et populariser sa personnalité, déjà façonnée par la
culture Ngbandi – très portée vers la promotion de la virilité – avant de gravir toutes les étapes jusqu’au sommet du pouvoir qui lui avait fait proclamer le Mobutisme, comme une expression locale des styles de gouverner des tyrans amis du gouvernement des Etats-‐Unis d’Amérique du Nord.
L’Indépendance politique octroyée (avant de l’avoir arrachée), face a la montée du dirigeant nationaliste du Président du Mouvement National Congolais – MNC, Patrice Emery Lumumba, a la direction politique du pays en tant que Premier Ministre, les Etats-‐Unis d’Amérique et les autres puissances occidentales s’étaient opposes a cette montée jusqu'à subvertir l’expérience de la mise en place des institutions démocratiques qui avaient porte les nationalistes au pouvoir. Sous prétexte que le peuple congolais n’était pas prêt pour la démocratie. L’ambassadeur américain à Léopoldville, Claire Timberlake, le disait ouvertement (Kalb, 1982) :
Je ne crois pas qu’il y ait un seul Congolais qui ait qu’une idée théorique même des principes plus élémentaires de la démocratie. Ils ne peuvent, certainement pas pratiquer quelque chose qu’ils ne comprennent pas. Ceci n’injure pas les nombreux Congolais, bien intentionnés, mais écarte leur capacité de produire quelque chose qui ressemble a un gouvernement démocratique avant qu’ils n’aient été enseignes.
Pour les Américains, amoureux de la liberté, en croisade de la Guerre dite Froide, la période coloniale n’ayant pas réussi à apprendre aux Congolais de comprendre et de pratiquer la démocratie, une période néocoloniale, sous leur direction, est nécessaire pour réaliser cet impératif. Le deuxième élément de la diplomatie américaine – à savoir, l’exigence de la démocratie et du respect des droits de l’homme – devait être mis de cote comme étant sans objet au Congo. Le peuple congolais était déclaré incapable de la démocratie – si ce n’est pas simplement inexistant comme peuple. Tout signe d’auto-‐détermination et du désir de la démocratie et de l’abolition complète des conditions coloniales de la vie, de la part des Congolais et qui semblaient hostiles a l’Occident, dans un monde divise en deux camps opposés, étaient considérées, par l’Occident, comme une preuve de ‘’l’influence Communiste’’. Et même si cette prétendue influence s’avérait favorable aux aspirations profondes du peuple congolais, elle était tout de même considérée comme nuisible aux peuples du Congo, de la région et de l’Afrique entière. L’échec du Che (Ernesto Guevara) et son groupe (avril-‐novembre 1965), doit avoir été, a posteriori, considère par les Occidentaux comme une véritable bénédiction pour eux.
La peur américaine de l’expansionnisme Soviétique et l’idée selon laquelle il y aurait un rapport étroit entre le chaos et le communisme avaient influencé la lecture ou la non-‐lecture, la compréhension ou l’incompréhension américaines de la situation qui prévalait au Congo-‐Zaïre. Un Devlin n’était certainement pas allé au Congo pour apprendre quelque chose. La crise congolaise des années 1960 était considérée par les Américains comme une mine d’or pour l’expansionnisme Soviétique qui devait être évité par tous les moyes et à tout prix. M. Schatsberg (1991) a écrit, à ce sujet :
Président Dwight Eisenhower n’avait aucun doute de la au il fallait placer la responsabilité de la crise au Zaïre. Pour lui, la responsabilité reposait clairement sur les tentatives de subversion de Khrushchev avec l’intention du contrôle communiste. Pareillement, Dean Rusk, le Secrétaire d’Etat dans les gouvernements de Kennedy et de Johnson, voyait Cuba et Zaïre comme ‘’ des tous importants’’ creusés sur les lignes de démarcation issues de la deuxième guerre mondiale. Au Zaïre, dans la confusion qui a suivi la fin du colonialisme, les Communistes cherchaient rigoureusement à établir une base en Afrique Centrale. Rusk voyait un assaut Soviétique et affirmaient que l’échec de réintégrer le Katanga signifierait une guerre civile et le chaos en suivrait, sur lequel les Communistes tablent dans d’autres régions du monde.
Dans ces circonstances, il était impossible même simplement d’envisager que le peuple Congolais pouvait penser la politique, indépendamment des deux camps mondiaux opposés. Il est dit qu’un Secrétaire d’Etat d’Américain aurait qualifie d’immoral le neutralisme positif prône par certains dirigeants du Tiers-‐Monde. Avec des rapports biaisés fournis par des éléments de la CIA, comme l’ami de Mobutu, Lawrence Devlin, devenu chef d’antenne de la CIA à Kinshasa, les dirigeants de la CIA et du Département d’Etat étaient convaincus que les Communistes faisaient des progrès appréciables pour prendre dans leur orbite et contrôler le Congo. Le directeur de la CIA, Allen Dulles, par exemple, était convaincu que Lumumba était’’ une personne comme Castro ou pire’’. L’Etat américain, par la division technique de la CIA, est allé jusqu'à organiser ‘’ l’élimination politique ou autre’’ (recommandation du Président Eisenhower) (Kalb, 1982 :) de Patrice Emery Lumumba. Comme le plan technique, mis en place, tardait de réussir, il revenait à Mobutu, par son coup d’Etat du 14 septembre 1960, de créer des conditions nécessaires pour l’assassinat de Lumumba et des compagnons nationalistes. C’était nécessaire de détruire, avant qu’il n’eut été trop tard, la politique émancipative – le mode historique de la politique d’indépendance complète basée sur la rupture, en conscience, avec les formes de conscience de soumission (caractérisant les évolués par exemple) conformes à la domination coloniale et impérialiste – politique prônée par le Premier Ministre
Patrice E. Lumumba. Il fallait mettre en place un mode historique de la politique basée sur la soumission – même forcée-‐ à l’Occident. Ce qui était important c’était, non pas le peuple congolais comme tel, ou même son aspiration profonde, mais la position stratégique du pays pouvant faciliter le contrôle occidental du continent et les ressources dites immenses de ce pays.
Beaucoup d’argent était introduit au Congo pour réussir ‘’ l’effort pour éliminer Lumumba’’ (effort dirige, entre autres, par L. Devlin) et d’éviter à tout prix la main mise communiste sur le Congo. La corruption autour de l’argent facile et les germes kléptocratiques datent de cette période déjà. Le groupe de Binza, en tant que mafia politique, s’était formé sur la base des exigences de l’organisation du processus d’élimination de Lumumba et ses collègues. C’est de ce groupe que la Conférence Nationale Souveraine (CNS) avait dit qu’il avait usurpé la souveraineté du peuple congolais en confisquant le pouvoir (Kanza, 1992). L’assassinat de Lumumba servit de ciment aux intérêts collectifs du groupe. Comme chef de l’armée, façonnée à son image telle qu’autorisée par la Mission de l’ONU au Congo – dominée par les Américains-‐, Mobutu devint, donc, le plus puissant homme du groupe.
Même après l’arrivée des troupes onusiennes, il fallait désarmer la Force Publique, s’appuyant par exemple sur les troupes onusiennes des pays amis, pour la réorganiser sur des bases réellement nationalistes. L’absence d’une politique appropriée sur cette question coûta la vie à Lumumba et permit le renforcement des conditions coloniales de la vie pour le peuple congolais.
L’Etat américain, par ses agents, avait aussi introduit dans le pays l’idée que les adversaires politiques qu’on ne peut battre, par les élections par exemple, doivent être élimines par n’importe quel moyen, y compris l’assassinat par poison. Mobutu ne tarda pas de maîtriser la leçon des maîtres. Même les pratiques, de triste mémoire, de la gestion du Congo Indépendant en tant que fief personnel du Roi Léopold II, étaient ré-‐envisagées. Il a été dit que Mobutu préférait tuer ses adversaires avec le poison – qui tue lentement – celui des vipères de l’île Idjui. Devant de telles circonstances, les Congolais qui voulaient faire la politique, devaient savoir dans quel camp appartenir pour réussir et être protégés par les grands de ce monde.
Toutes ces choses, brièvement rappelées, sont archiconnues ; mais c’est dans ce contexte qu’on peut mieux saisir comment Mobutu a été prépare et s’est aussi façonné pour devenir le chef suprême du mode Mobutiste de la politique – résultat du travail d’apprentissage, d’accommodation et de rigoureuse soumission au côté occidental de
la Guerre Froide. Les meilleurs élèves et sortants de l’école anti-‐communiste de la croisade américaine de la Guerre froide, au Congo, sont, centre autres, les membres pionniers du Groupe de Binza. Colby avait dit (Schatzberg, 1991 :) :
La question que nous confrontions au Congo était de savoir si ce pays, qui venait juste de gagner son indépendance de la Belgique, allait être dirige par quelques marionnettes des anciennes compagnies minières belges ou par des hommes aidés par Che Guevara et soutenus par l’Union Soviétique. La CIA trouva un point moyen entre ces extrêmes -‐ il aida Joseph Mobutu (sic), alors un nationaliste, membre des Forces Congolaises, de devenir une troisième alternative. Maintenant, je consens que le Congo ou Zaïre, comme il est actuellement appelle – n’est pas un point de paradis et que Mobutu (sic) n’est pas l’homme le plus parfait du monde. Mais, je pense qu’il a des avantages considérables sur les autres alternatives.
Les considérations géostratégiques et géopolitiques, soutenant la promotion de Mobutu, étaient complétées par une préparation idéologique très intense pour mieux faire accepter les profiles des dirigeants de l’Etat autocratique néocolonial envisage. Le haut clergé de la très anti-‐communiste Eglise Catholique mis sa main dans la pate. L’évêque Malula, alors Monseigneur, par exemple, avait écrit une série d’articles, bien véhéments, dans la défunte Présence Congolaise, ou il exhortait le Colonel Mobutu de ‘’sauver le pays du communisme’’ (Chômé, 1970 :) Même l’Eglise Protestante commença à répandre des idées inquiétantes – comme : ‘’ les Communistes se partagent leurs femmes’’ – concernant le Communisme et exploitant l’ignorance des croyants pour générer une haine contre le Communisme.
Même les intellectuels se disant nationalistes comme Mabika Kalanda, dans sa Remise en Question (1967) par exemple, faisait appel à ‘’ un homme fort pour le grand Congo » pour résoudre la crise congolaise. L’homme fort, à la direction d’un pays africain, a toujours été le noyau des prescriptions politiques américaines pour l’Afrique noire. Les intellectuels occidentaux, organiques du néo-‐colonialisme, avaient promu Mobutu comme ‘’ la solution irremplaçable au chaos ‘’. Un certain Francis Monheim avait écrit : Mobutu : l’homme seul (1962), livre-‐ drapeau de la promotion de Mobutu. Le thème général de la campagne idéologique était que Mobutu était la seule personne capable de sauver le pays du chaos (qui était sensé être une mine d’or pour les Communistes) et de la balkanisation du pays. Ce thème rejoint la thèse
américaine de l’homme fort comme la clé pour garder la stabilité politique du pays et donc pour le garder dans l’orbite correcte. L’homme fort considéré comme un principe politique de légitimation nationale et d’unification du pays ; c’est en fait, la thèse du conquérant héros.
Apres la prise de pouvoir d’Etat, par coup d’Etat, et aide par la CIA surtout, la campagne idéologique était focalisée sur la construction et la légitimation idéologiques de la présidence impériale Mobutiste sur la base de la fameuse unité de commandement. Apres avoir été certifié ‘’ l’homme seul ‘’ par l’Occident et quelques évolués congolais, Mobutu s’était permis d’utiliser tous les moyens possibles – y compris les services des mercenaires pro-‐apartheid et pro-‐NAZI ainsi que la pendaison des politiciens – pour faire asseoir son autorité et faire exister les prescriptions de ses maîtres occidentaux, telles qu’il les comprenait. Il était toujours récompensé par les puissances occidentales et alliées, surtout lorsque son pouvoir était menacé de renversement par les luttes répétées des masses congolaises pour la Deuxième Indépendance. Une fois au pouvoir, évidemment, Mobutu utilisait les ressources nationales, à sa disposition, pour d’abord renforcer son pouvoir – dans la logique de le conserver jusqu'à sa mort – et en même temps de construire son propre culte de la personnalité. Les croyances et prédispositions culturelles congolaises, comme la sorcellerie, le fétichisme, le culte féodal du chef – sa divination ou presque – les rites du pouvoir, la terreur comme démonstration de l’autorité, les danses abrutissantes de soumission, les mythes du ‘’faire croire’’, le savoir des poisons pour tuer la personne humaine, le sexe avec les femmes des adversaires politiques potentiels comme marque de domination, etc.…, tout cela était utilisé pour manipuler, terroriser le peuple pour renforcer en eux les formes de conscience de docilité et de soumission pour mieux asseoir son autorité absolue. Il a été dit qu’il aurait flaire de rêver d’être un dieu. Dans tout cet exercice, l’argent fourni par les Occidentaux, était certes une force majeure.
Une pièce maîtresse de ce culte de la personnalité est : l’Histoire du Zaïre : il était une fois … Mobutu (1977). Frère Dominique Sakombi Inongo (Ndaywel et Nziem, 1993), ensuite ‘’reconverti’’ architecte de la propulsion de l’image présidentielle de Kabila, Pierre Davister (un des courtisans européens de Mobutu), Jean-‐Louis Remilleux (Mobutu, 1989) – qui voyait en Mobutu un créateur de « dignité africaine » – sont parmi les quelques intellectuels prolifiques qui ont beaucoup travaillé pour construire, développer et diffuser ce culte. Le résultat idéologique de cette campagne a été le profile d’un style de leadership qui continue de hanter le peuple congolais dans sa perception du pouvoir et de l’autorité ainsi que l’attente de soumission docile
du peuple par ses dirigeants. Ce modèle de pouvoir a été dénoncé avec véhémence par le mouvement alimente par la CNS. Les révélations des crimes de Mobutu ont entame le caractère sacro-‐saint du Guide-‐Mobutu. Dans ce sens, la CNS a été un mouvement important pour le nécessaire rupture, au niveau de la conscience, avec les formes de conscience de soumission sur lesquelles reposait l’Etat Mobutiste. Un acte avait même été adopté par la CNS pour condamner la société secrète sourcilière et terroriste de Mobutu qu’était La Primacuria.
Divers groupes de pression (lobbies) en faveur de la conservation du pouvoir de Mobutu étaient aussi utiles. Les groupe américain autour de Maurice Tempelsman, le groupe français autour de Jacques Foccart (Agir ici-‐survie, 1997) étaient parmi les plus connus qui avaient apporté leur remarquable contribution en appuyant Mobutu presque jusqu'à la fin. La diplomatie de corruption (Askin-‐Cillins, 1993), allant jusqu'à prendre en charge le financement des élections présidentielles de certains dirigeants occidentaux, était de plus active. Des réseaux complexes de sécurité parallèles en contact avec des services occidentaux d’intelligence (Dungia, 1996) étaient également utiles. Mobutu a dépensé des montants considérables des ressources pour acheter les consciences et faire accepter et reproduire son image de président impérial.
Le peuple congolais a été, en Afrique, l’un des premiers à exiger, très tôt, la Deuxième Indépendance après avoir constaté que la première était subvertie par les assassins directs et indirects de Lumumba et ce qu’il représentait. La résistance contre l’exercice du pouvoir usurpe par Mobutu était non-‐interrompue. Parfois elle était organisée sous forme de la lutte armée (1963-‐1965 ; 1977-‐1978, etc.) et souvent elle était silencieuse. C’était à cause de cette résistance au pouvoir tyrannique soutenu par l’Occident, que les appareils répressifs, guides par des idées criminelles, étaient devenus hégémoniques en tant que conditions de reproduction du Mobutisme, faisant de la répression une forme préférée de gouvernement (Makau wa Mutua & al. 1985).
Ces brèves considérations doivent être gardées à l’esprit pour mieux comprendre le Mobutisme comme mode historique de la politique, en extériorité, fonde sur le soutien presqu’inébranlable de l’Extérieur et dans lequel l’Etat, considère comme le seul lieu de la politique est identifié à, ou s’incarne en, un homme providentiel, Mobutu.
MOBUTISME COMME PRESCRIPTIONS POLITIQUES SUR L’ETAT POST-‐COLONIAL CONGOLAIS A L’EPOQUE DE LA GUERRE FROIDE.
Le Mobutisme se définissait comme étant ‘’l’ensemble des actes et pensées du Président-‐Fondateur du MPR ‘’. (Wamba dia Wamba, 1996). Il était devenu le fondement de la Constitution (de la pérennisation du coup d’Etat de 1965) qui avait légalisé de la confiscation du pouvoir par un groupe d’individus sous la direction exclusive de l’homme providentiel, Mobutu, pour leur enrichissement personnel et pour servir l’Etranger. Plus spécifiquement, le Mobutisme est une prescription sur l’Etat régi par le providentialisme de cet homme afin qu’il n’y ait pas, de la part du peuple, une quelconque exigence de compte a lui rendre, de la responsabilité devant le peuple, du respect et de l’honneur qu’il doive au peuple. ‘’Les Congolais’’, disait-‐ il avec arrogance, ‘’lui doivent tout ; il ne leur doit rien’’. Il levait toujours ses yeux vers la montagne américano-‐européenne d’où lui venait sans interruption l’éternelle récompense. Il disait aussi et souvent : ‘’Avant moi le déluge et après moi le déluge’’ (The Independent. 5 octobre, 1996). Constitutionnellement, le Mobutisme prescrit le fait que tout doive être permis pour le seul Mobutu : tout pouvoir, tout honneur, toute jouissance… à Mobutu et rien qu’à lui. Mobutu, comme Président-‐Fondateur, est proclamé être au-‐dessus des limitations constitutionnelles du pouvoir ; il est donc au-‐ dessus de la loi, au-‐dessus de la moralité publique, au-‐dessus de l’éthique sociale, au-‐ dessus des valeurs ordinaires, au-‐dessus du respect de la dignité humaine et de la propriété privée (des maisons des prives étaient souvent réquisitionnées de force par le MPR), au-‐dessus de la mesure, au-‐dessus des exigences de la vérité, etc., un petit dieu qui a oublié comme le lui rappela Nimy Mayidika ( a la CNS), qu’il n’était qu’un homme. Comme tel, le Mobutisme est un ‘’philosophème du désastre de la pensée’’ (Badiou, 1992 :). C’était considéré comme criminel de se présenter candidat aux élections Présidentielles contre Mobutu.
Comme nous avons vu, le Mobutisme est enracine dans les prescriptions prônées, en période de la Guerre froide, par l’Etat Américain et ses allies Européens. Il s’agissait de prescrire sur l’Etat postcolonial Congolais contre les profondes volontés, aspirations et luttes du peuple Congolais pour l’indépendance réelle afin de lui faire subir des défaites répétées. Les penchants et les énonces politiques désastreux de Mobutu étaient encourages et soutenus par les récompenses, apparemment sans faille, jusqu'à 1989, par les puissances occidentales, dans le processus d’amener par la force les Congolais à se soumettre à la réalisation desdites prescriptions. Plusieurs
fois (1960, 1963-‐4, 1977-‐8 1991, 1993), les puissances occidentales et alliées ont intervenu pour soutenir le pouvoir menacé de leur ami tyran. Le Mobutisme était donc une prescription pour pérenniser, en faveur de l’Occident et ses allies locaux, les conditions de la vie coloniales dont les Congolais, depuis Lumumba, exigeaient l’abolition complète. La politique émancipative sous condition des principes inébranlable d’auto-‐détermination, prônée par Lumumba, était remplacée par une politique néocoloniale sous condition de la soumission du peuple congolais à Mobutu et à ses allies. Sa Présidence impériale, le lieu exclusif de cette politique et organisée sous le principe de l’unité de commandement, exigeait de l’Etat tout entier et de la société d’être une simple personnification de la machine de la réalisation du Mobutisme. C’était la notion patronnée par l’Occident de ‘’Mobutu comme garant de l’unité de la nation’’. ‘’Que tu le veuilles ou non, tu es membre du Mouvement Populaire de la Révolution –MPR’’ et le ‘’MPR c’est la société organisée comme famille’’ (dont Mobutu était le père !) étaient certains des slogans fondamentaux de ce MPR. L’Etat était devenu répressif, manipulateur, débilitant, corrupteur, muselant, ravissant, terrorisant à l’égard du peuple ; et une machine à tuer moralement et physiquement pour exiger du peuple Congolais une obéissance docile. Fonctionnaires, militants du Parti-‐Etat, les ordinaires, etc., tous étaient amenés, de gré ou de force, à devenir des flagorneurs zélés. La pensée, la volonté politique, l’initiative en général, la parole libérée, les sentiments forts etc., des gens étaient la cible particulière du régime. Il fallait taire les gens pour gouverner. C’était l’opposée d’une politique basée sur la palabre, le débat politique dans la transparence et la liberté d’expression.
Le mouvement de contestation du Mobutisme qu’était la CNS avait eu des moments de véritable palabre (qu’on appelait, déballage) exposant publiquement, entre autres, les manquements de Mobutu et de ses caciques. C’est cela qui explique le grand enthousiasme du peuple congolais pour la CNS. Bien que Mobutu n’ait pas été renverse, les conditions, surtout subjectives, de reproduction du Mobutisme étaient amplement entamées.
Aussi longtemps que les fondements extérieurs ne lâchaient pas, vers la fin la détermination française de jouer Mobutu remplaçant celle américaine, et la conscience de soumission était vivace-‐-‐ prise qu’elle était de peur due aux provocations terroristes étatiques-‐-‐dans le peuple, le Mobutisme gardait quelque chose de sa consistance. La fin de la Guerre Froide avait perturbe la consistance des fondements extérieurs et avait permis la possibilité de la rupture avec la conscience de soumission au sein du peuple. La montée de la mondialisation néo libérale a provoque la péremption de l’Etat-‐Nation, en tant que principe politique fondamental de légitimation des pays. Il fallait autre chose ; le Mobutisme creva, ce qui a donne
lieu à une situation de guerre. L’enthousiasme populaire pour l’application intégrale des décisions de la CNS, l’hésitation puis le refus des puissances occidentales de relancer Mobutu-‐-‐malgré l’appel et la détermination myopes de la France -‐-‐ compte tenu des changements dans la région, avec le génocide Rwandais de 1994 et ses conséquences, la détermination des Etats régionaux d’en finir avec Mobutu comme facteur majeur de déstabilisation régionale -‐-‐ tout cela a quelque peu contenu et parfois aggrave la situation de guerre. Pour garder son pouvoir, à tout prix, Mobutu a recouru à la politique excursionniste, ethnique et régionaliste, dénommée la ‘géopolitique’. Les différences parmi le peuple se sont rapidement transformées en discriminations -‐-‐ faute d’avoir une politique émancipative organisée et consistante pouvant contrecarrer la géopolitique. L’épuration ethnique était organisée. Les rapports imposés de pauvreté ; les rapports tendus autour de la terre (élément crucial de richesse et de pouvoir) -‐-‐ rendus plus tendus par l’arrivée massive des réfugiés venant du Rwanda et du Burundi -‐-‐, les Forces Armées Zaïroises (FAZ), éclatées en bandes armées semant la violence partout ; tous ces facteurs ont servi à attiser la situation de guerre.
Pour relancer le régime génocidaire Rwandais effondre et renverse par le Front Patriotique Rwandais, la France a tout fait pour redorer le blason de Mobutu présenté comme ‘’incontournable’’ pour ‘’la recherche de la paix dans la région’’ ! Le développement de toutes ces contradictions a amené le régime Mobutu a commettre de graves violations des droits de la personne humaine -‐-‐ opposant un groupe contre un autre -‐-‐ jusqu'à retirer arbitrairement et sous menaces terroristes le droit de nationalité des citoyens Zaïrois de langue Rwandophone , qu’il leur avait accordée auparavant. Cet événement a convergé les contradictions en un point de rupture, entraînant ainsi l’émergence de la possibilité d’une politique émancipative au Zaïre, suite a la levée des masses victimaires. L’insurrection armée contre les violations et les menaces d’expulsions criminelles des citoyens Zaïrois de langue Rwandophone sur le Rwanda, dans une situation de guerre, a donné lieu à une mobilisation tant locale que régionale pour une guerre passablement défensive (ou offensive et agressive, c’est selon) qui a amené au renversement du régime, déjà presque crevé, de Mobutu.
LE MOBUTISME, SERAIT-‐IL COMPLETEMENT ELIMINE APRES LA DISPARUTION DE MOBUTU ?
Le 17 mais 1997, le premier groupe de la direction de l’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo-‐l’AFDL de la guerre de libération arriva avec jubilation à Kinshasa. Mobutu et ses caciques venaient de s’enfuir : l’Etat Mobutiste effondre était en voie d’être complétement renversé. C’était une œuvre magnifique d’un alignement des forces, mondiales, régionales et locales, se développant de façon inégale suivant l’évolution des contradictions régionales : Kinshasa n’a pas vécu le bain de sang que l’opinion mondiale craignait. La direction locale de cet alignement des forces revenait à l’AFDL dont le maquisard Laurent Désire Kabila fut sa porte parole et son Président. Le contenu de cette direction politique avait fait l’objet des luttes d’influence, au sein de l’AFDL et parmi les allies régionaux, luttes qui auraient emporte le premier commandant des troupes de l’AFDL, Kisase Ngandu.
Avec ce renversement du régime de Mobutu, le démantèlement de la structure politico-‐militaro-‐diplomatique régionale, soutenant l’Occident dans la Guerre Froide et sponsorisée par la Troïka occidentale (EUA, France et Belgique) et dont Mobutu était la pièce maîtresse, était possible. Sa réalisation dépendra de l’évolution des fondements extérieurs du Mobutisme et de la consistance du processus de démocratisation dans la région.
Des sa formation, sur la pression et l’influence des dirigeants régionaux, l’AFDL paraissait avoir très peu d’alliance des force démocratiques du peuple Zaïrois-‐ Congolais tout entier. Rien, du point de vue des expériences historiques et pratiques de certains membres, ne démontre leur caractère démocratique, même si la détermination rebelleuse contre le régime était des plus louables. Après tout, la plupart des partis composant l’AFDL étaient des groupes armés. Aucune synthèse rationnelle de la longue expérience des luttes du peuple Congolais pour la libération réelle, de Kimbangu, Lumumba, Mulele -‐-‐jusqu'à Kabila lui-‐même, n’était, a notre connaissance, disponible. Les éléments contenus dans les rapports de la CNS n’étaient pas largement diffusés. La direction de l’AFDL était politiquement peu préparée pour bien diriger la guerre de libération et la transformer en guerre populaire de libération. La guerre était menée plus du point de la détermination des Etats régionaux-‐guerre régionale défensive contre l’offensive déstabilisatrice de Mobutu. Le traitement des questions financières de la guerre ne semblait pas s’élever complétement au-‐dessus des tendances Mobutistes, paraît-‐il. L’absence de la synthèse rationnelle des leçons déduites des expériences nombreuses des luttes de libération du peuple africain en général, a fait que la conduite de la guerre a été plus militariste que politique. Les documents utilises pour l’éducation politique des nouveaux ‘militants’ étaient d’une qualité très médiocre. Ils ne pouvaient pas provoquer les débats essentiels, dans la population, sur des questions majeures de la vision de la société à construire à l’issue de la guerre.
Lumumba avait prescrit l’élimination complète des conditions coloniales de la vie à
partir d’une politique conditionnée par la rupture avec toute conscience de soumission. Cette prescription était, à l’époque, impossible à faire exister. La reconstruction transformatrice de l’Etat colonial, pour une indépendance réelle, ne pouvait pas se faire du dedans de cet Etat. Dans plusieurs régions d’Afrique, la politique d’entrisme (entrer dans l’Etat en vue de le transformer) -‐-‐ autoproclamée nationaliste ou socialiste scientifique ou africain -‐-‐ n’a pas été couronnée de grands succès. La direction du parti d’avant-‐garde pour transformer l’Etat colonial en Etat développementaliste du peuple tout entier n’a eu que peu de succès. La lutte armée visant à réaliser l’énoncé de Marx (L’Idéologie Allemande), à savoir : la convergence du changement personnel avec la transformation des conditions par l’activité révolutionnaire, n’a pas complétement réussi à éliminer les conditions coloniales et néocoloniales de la vie, ni à changer les mentalités façonnées par le colonialisme et le néo-‐colonialisme, dans le pays ou elle a eu lieu. Ces questions méritaient d’être revues pour assaisonner l’intelligence politique et stratégique de la direction de guerre.
D’où émerge, et comment la renforcer, la conscience de rupture avec celles de soumission au Mobutisme ? Cette question a été rendue confuse par le refus systématique de l’AFDL de lire les tendances anti-‐Mobutistes dans le sillage de la CNS. Ses allies régionaux, qui n’avaient pas eu d’expériences de la CNS, ne pouvaient pas en savoir plus non plus. L’intelligence de la dialectique a été négligée en faveur d’analyse de systèmes. Le lieu d’origination de l’Anti-‐Mobutisme, en tant que conscience politique, ne pouvait se concevoir qu’en dehors du lieu de déploiement du régime Mobutiste en tant que système. Travailler sous Mobutu et travailler pour Mobutu étaient confondus. Le maquis, en tant que dehors radical au régime Mobutiste, est porte à un niveau de mythe corrosif du Mobutisme. La pureté anti-‐Mobutiste y régnerait en maîtresse ! Il y a dans Kabila : Le retour du Congo (1997) (Mukendi /Kasonga, 1997) quelque chose qui rappelle Mobutu : l’Homme seul (1962).
Les masses Congolaises rebelles font l’histoire Congolaise ; les masses rebelles contre le Mobutisme, dans tous les lieux possibles de la politique anti-‐Mobutiste (l’usine, la campagne, l’armée, le quartier, la CNS, l’école, l’hôpital, la défense de la nationalité retirée, le maquis, etc.,) constituent les militants stratégiques de l’émergence de la rupture avec le Mobutisme. Le maquis et la diaspora -‐-‐ lieux aussi de rébellion contre le Mobutisme -‐-‐n’ont pas su développer une articulation active avec les autres lieux. Ils n’ont même pas pu assurer l’intellectualité politique pour coordonner les prescriptions, en forme de déclarations, issues de ces multiples lieux. Les points de vue des témoins radicaux (Eboussi Boulaga, 1993) : Les Zaïrois qui étaient bâillonnés, battus (fouettes même), brutalises pendant des décennies sous le couvert de l’authenticité, l’anticommunisme, l’unité nationale, la sécurité internationale de l’Etat, etc., ne devraient-‐ils pas être le point de départ de l’analyse et du renforcement de l’anti-‐Mobutisme jusqu'à l’abolition complète du Mobutisme ? Le danger est très grand si la direction de l’AFDL, au lieu de concentrer et systématiser les idées éparpillées dans les masses rebelles, ne fait que répandre ses propres idées issues du seul site du maquis ou de l’insurrection armée contre la violation du droit de
nationalité des Zaïrois de langue Rwandophone.
Très brièvement : différentes contradictions, dont le développement, la condensation et la convergence en un point de rupture (Badiou, 1975), expliquent les nouveaux développements dans la situation de la République Démocratique du Congo et de toute la région. Il y a la contradiction, motrice et dynamique qui opposait l’Etat Mobutiste en état d’effondrement et le peuple Congolais appauvri et divise par, entre autres, la ‘géopolitique’ Mobutiste ; la contradiction qui mettait aux prises le régime déstabilisateur de Mobutu soutenu, en dernier ressort par la France, et les Etats et peuples de la région (particulièrement : le Rwanda, l’Angola, l’Ouganda, le Burundi, etc.) ; la contradiction qui opposait les puissances occidentales entre elles dans la région ; la contradiction qui opposait les refugies (eux-‐mêmes divises) au peuple Congolais ; et enfin les contractions opposant les puissances occidentales et les Etats et les peuples de la région. L’analyse de toutes ses contradictions et leur mouvement exigerait trop d’espace ; on ne la fait pas ici. Toutefois, le développement inégal de toutes ces contradictions a donne lieu à 2 camps opposes. Dossiers Noirs de la politique Africaine de la France, No9 (Agir ici-‐Survie, 1997) nous en donne quelques éclaircissements :
Autour de trois pivots-‐l’Ouganda, le Rwanda, puis l’Angola -‐-‐ une dizaine des pays africains ont concouru a la chute du Mobutisme : l’Erythrée, l’Ethiopie, le Burundi, la Tanzanie, la Zambie, le Zimbabwe et l’Afrique du sud. En majeure partie, il s’agit d’une Afrique qui a lutté pour son affranchissement.
Et plus loin :
Contre l’Alliance de Kabila et la coalition qui le soutenait, la Franzaïre n’a rameute que du ‘’beau monde’’ : -‐ des officiers et soldats Zaïrois que trente ans d’exemple Mobutiste ont, pour beaucoup, mue en soudards pillard et voleurs ; -‐ la ‘’crème’’ des mercenaires blanc, européens et sud-‐africains ; -‐ les militaires et miliciens du génocide rwandais ; -‐ des miliciens serbes fanatiques de l’épuration ethnique, adeptes du viol comme armée raciste ; -‐ des restes de l’armée de l’Ubu Ougandais Idi Amin Dada ; -‐ la LRA (Armée de la résistance du seigneur) de l’illuminé Joseph Kony, qui enlève les enfants du Nord-‐Ouganda pour en faire ses recrues ; -‐ des fondamentalistes musulmans, soutenus comme les deux groupes précédents par le régime de Khartoum (‘’nettoyeur’’ des mots -‐ Nouba et autres contrées Soudanaises ;) -‐ une dissidence angolaise, l’UNITA, fortement discréditée ; etc., (p 110)
La situation de guerre, conséquence du génocide Rwandais de 1994, et le sous-‐
développement relatif de la direction politique du peuple du Zaïre ont eu un impact sur la précarité et la direction de l’évolution de ce système des contradictions. Les contradictions, apparemment secondaires, opposant le régime effondre de Mobutu aux Etats régionaux, devenant apparemment principales et motrices. Le point de rupture était déterminé par les luttes autour de l’épuration ethnique et les retraits arbitraires du droit de nationalité des Zaïrois Rwandophones accompagnés des menaces de leur expulsion sur le Rwanda. Cela faisait bien l’écho du caractère ethniquement discriminatoire de certains Etats de la région et de l’absence relative d’Etats régionaux réellement démocratiques.
Malgré le renversement de Mobutu, il apparaît clairement que certaines contradictions qui sous-‐tendaient le Mobutisme n’ont pas été complétement résolus. Les prescriptions démocratiques sur les Etats de la région, à commencer par la RDC, n’arrivent pas à prendre consistance. Les pressions extérieures opposées aux aspirations profondes des peuples de la région persistent. Cela explique, en partie, pourquoi le Burundi, dont les pratiques de gestion politique ne sont pas très loin d’être Mobutistes, se soit trouve une cote du camp anti-‐Mobutiste et aujourd’hui bien opposé à la Tanzanie dont les bases démocratiques semblent bien démarrer.
Ces genres d’analyses complexes, du point de vue de la politique émancipative, auraient dues être faites pour mieux cerner : les lieux actifs (peuple, usines, campagne, écoles, hôpitaux, alliés régionaux-‐ étiques et non-‐étatique, etc.) de la conscience de rupture avec le Mobutisme comme condition d’une stratégie de guerre populaire de libération ;
les formes et contenus actuels des prescriptions dues a l’ordre néo libéral mondial sur la région par les puissances occidentales -‐-‐ désirent-‐elles toujours ériger de Mobutus dans région ? les prescriptions nécessaires sur les Etat régionaux pour abandonner leur caractère discriminatoire colonialiste (ethnicité, séparatisme, pouvoir minoritaire, etc.) comme condition de la paix civile régionale et de la coopération régionale équitable en faveur des peuples. Finalement, seule une telle analyse permettrait d’identifier les vrais amis de la libération réelle du peuple congolais et de classifier ses différents ennemis (tactiques, stratégiques ; temporaires ou permanents). Je ne donne que des indications du type d’analyse qui aurait été nécessaire pour mieux définir le Mobutisme dans son essence et ses lieux (tant internes que régionaux et internationaux). Une telle analyse permettrait de développer la politique anti-‐Mobutiste (ses lieux et ses militants) pour l’abolition complète du Mobutisme et peut-‐être la réactivation du Lumumbisme.
A partir des indications d’analyse données ci-‐devant, on peut dire que le mode historique de la politique, pratique, par l’AFDL, depuis la création de celle-‐ci (18 Octobre 1996 à Lemera) jusqu’au renversement du régime effondre de Mobutu (17 mai 1997) n’est pas à l’abri des tendances Mobutistes. D’abord, compte tenu de l’équilibre des forces régionales, il est clair que la direction du mouvement était
déterminée dans sa composition et ses rôles plus par des forces extérieures régionales que par les forces internes enracinées dans les masses rebelleuses congolaises. Ceci veut dire aussi que tous les membres dirigeants du mouvement n’avaient pas le même accès aux informations concernant l’organisation. L’affaire de la mort prématurée du Commandant Kisase Ngandu ne pourra, un jour, trouver des éclaircissements que sur la base de l’analyse de cette détermination. Ensuite, le premier Statut de l’AFDL avait une disposition qui statuait que le Président de l’AFDL droit de veto sur toutes les décisions du Comité Exécutif de l’AFDL. Ce principe fait écho du constitutionalisme Mobutiste. Le titre de Mzee, qui s’affirme de plus en plus, s’enracine sur cette volonté politique de restreindre, si ce n’est pas d’empêcher, le débat dans les organes dirigeants de l’AFDL. Dans toute situation de guerre, surtout dans l’absence d’une orientation favorable à une guerre populaire, la tentation est grande de reproduire la conscience de soumission en exigeant des gens une obéissance inconditionnelle.
A l’issue de la courte guerre, il n’est pas étonnant qu’il n’y ait pas eu de véritable palabre-‐ ne fut-‐ce qu’entre les militants nationalistes de différents lieux de la politique anti-‐Mobutiste -‐-‐ pour jeter les principes et lever les options concernant : les prescriptions sur la reconstruction transformatrice (destructrice) de l’Etat effondre Mobutiste-‐-‐dont les éléments éparpilles sont en place -‐-‐ ; les lignes de conduite dans la formation du gouvernement provisoire et de ses taches principales ; la création d’un organe politique délibérant charge de la responsabilisation du gouvernement, a tous les niveaux ; et les grandes lignes du processus de démocratisation a promouvoir et donc les principes de la transformation de l’AFDL du mouvement politico-‐militaire en mouvement politique enracine dans la population. La CNS avait bien affaibli le Mobutisme, ses visions créatrices, en rapport avec la rupture avec les consciences de soumission au Mobutisme, auraient dues être l’un des points de départ obligés pour une politique anti-‐Mobutiste de la reconstruction de l’Etat. Les militants de l’AFDL, généralement, minimisent le mouvement de rupture avec la conscience de soumission, rendue possible par la CNS, tout en exploitant, de façon opportuniste et sélective, les produits (rapports des commissions sensibles non soumis au débat général à la CNS par exemple). Sans avoir fait l’objet des débats contradictoires, même à la CNS, ces rapports sont soumis aux cours et tribunaux pour exécution. Même la rigueur, certes insuffisante, de la CNS n’est pas respectée.
Il est vrai aussi que les pressions, dues aux conditions d’insécurité -‐-‐ la situation de guerre régionale persiste, mais aussi faute d’une volonté politique d’organiser un processus de réconciliation nationale, surtout âpres la mort de Mobutu -‐-‐ ont réactivé les tendances de la politique secrète, de l’exercice solitaire du pouvoir, de la gestion sans transparence de la res publica, l’appui sur les vieux amis ou des membres de famille (clientélisme), la prise expéditive, militariste et non-‐consultative des décisions,
l’intolérance relative à toute critique de fond, le recours aux mythologies plutôt qu’à la vérité historique, etc., bloquent ainsi la naissance salubre de la conscience politique indépendante. D’une forme de conscience de soumission, on veut aller à, et institutionnaliser, une autre forme de conscience de soumission. En l’absence d’organe national de contrôle et de limitation de pouvoir, même temporairement, celui-‐ci nécessairement corrompt ; ce qui ne manquera pas de donner naissance a des variantes du Mobutisme -‐-‐que la cécité, due à l’exercice de plus en plus solitaire du pouvoir, empêchera de voir.
Inutile de dire que les dossiers stratégiques, ayant trait aux profondes aspirations, attentes, inquiétudes et au vouloir du peuple congolais, tarderont, à cause de ces tendances, de trouver un traitement adéquat. Il s ‘agit entre autres de : la nécessaire clarté sur les fondements et l’essence du Mobutisme et comment concevoir et organiser sa liquidation complète ; ce qu’il faut faire pour éviter que ne recommencent les pratiques de recours aux bien mal-‐acquis-‐-‐même obtenus pendant la guerre ; la nécessité de créer une armée vraiment nationale sans retomber dans les méthodes Mobutistes de la formation, depuis 1960, des Forces Armées Zaïroises ; la création des services de sécurité nationale différents de ceux qui ont été le fer de lance du Mobutisme-‐répandant des mensonges, appuyant le sexisme, les abus de pouvoir, diverses violations des droits de la personne humaine, l’ethnicisme, les arrestations arbitraire, la torture, l’empoisonnement des adversaires politiques, etc., le traitement adéquat, compte tenu de la souveraineté populaire, des rapports avec l’Extérieur, en rapport, par exemple, avec le contrôle par le peuple de ses ressources nationales –-‐pour ne plus tomber dans la prédation Mobutiste ; la création d’un système judicaire réellement indépendant ; et le traitement correct de la question de la nationalité ou brièvement la construction d’un Eta réellement démocratique qui pose que un est égal a un et qu’il n’y a pas des uns qui comptent plus que d’autres uns ou des uns qui comptent moins. Il est clair aujourd’hui que la question de la nationalité, qui se pose avec force même au sein de l’AFDL, n’a pas encore eu un début de traitement politique correct. Les contrats avec les compagnies minières ou financières ont été signes par l’AFDL sans aucune considération du droit de regard du peuple. Il paraît que le Président de la République dite Démocratique du Congo, sous le couvert de service national, compte créer une garde présidentielle dans un style proche au Mobutisme. Aucun débat public n’aurait eu lieu avant d’aller à la rencontre des ‘’amis du Congo’’ à Bruxelles.
La pression des questions proclamées urgentes, pour sortir le pays de son état sinistre, peut facilement relancer les méthodes, les tendances et les styles de travail organisationnels Mobutistes. Est-‐ce cette pression qui obligerait le nouveau régime de faire appel aux anciens militants Mobutistes ? Les yeux des masses populaires voient clair. Le dialogue, profond et organise, avec les masses populaires sera plus
déterminant pour vite faire sortir le pays de son état sinistre. Beaucoup plus que même les nécessaires compromis avec l’Occident -‐-‐surtout si ceux-‐ci se font derrière le dos du peuple. Ne s’appuyer uniquement que sur le peu de gens présume d’avoir été à l’abri du Mobutisme, parce qu’ils étaient au maquis ou à l’Extérieur (la diaspora) ne facilitera pas nécessairement le traitement des questions urgentes.
Dans cette période de post-‐Guerre Froide, post-‐Socialisme et post-‐Mobutu, la prise en charge ou l’imposition extérieure d’un dirigeant ou une variante américaine de l’homme fort, certainement promouvra une politique qui aura une forme différente du Mobutisme, sans que son orientation (oubli de la souveraineté populaire) soit différente. Cela dépendra surtout des nouvelles prescriptions des puissances occidentales sur la région et l’état de politisation de ses masses populaires. Les Tshitshisme-‐-‐ culte de la personnalité d’Etienne Tshisekedi -‐-‐ n’est pas tout à fait l’équivalent du Mobutisme ; il peut correspondre au changement de point d’appui dans la politique étrangère des puissances occidentales, des considérations stratégiques dans la Guerre Froide à celles néo-‐libéralistes de la ‘’démocratie’’, des droits de l’homme et de l’économie de marche. Tshisekedi, dans le cadre de la confiscation du pouvoir par le groupe de Binza jusqu’aux années 1970, aura bien été comme le dit le Président Kabila (Le Loir du 31 octobre -‐1-‐2 novembre 1997), un agent de Mobutu. Et âpres, on peut le considérer de candidat manque au titre d’agent nouveau de l’Occident. La question serait de savoir au détriment de qui ?
En résumé, le Mobutisme n’est pas complétement mort avec Mobutu. Pas seulement parce que les caciques de son régime, refugiés à l’Etranger, continuent de s’agiter soutenus ou pas tant par les puissances occidentales que par la communauté internationale liée à l’économie du crime organise (entretenant tant bien que mal les seigneurs de guerre, par exemple) ; mais, c’est parce que les conditions (les fondements et la domestication forcée du peuple congolais) qui l’ont généré et entretenu ne sont pas complétement éliminées. Ces conditions mettent beaucoup d’obstacles au développement d’une politique émancipative anti-‐Mobutiste consistante dans toute la région. Conclusion
Cette petite étude introductive n’a fait que jeter quelques bases théoriques permettant d’examiner rigoureusement la question de comment relancer le processus d’interruption de toutes les formes du Mobutisme. Nous avons évité, intentionnellement, les récits consacrés qui font bien souvent appel aux héros et à la malédiction des présumés ennemis. La pensée, avec de tels écrits, n’est pas libérée ou stimulée. Peut-‐être n’avons-‐nous pas réussi, comme le lecteur en jugera ; mais nous avions voulu réellement tenter de provoquer la pensée des gens de partout vivant dans la région. Nous avons évité aussi de faire une critique de la performance du nouveau régime au pouvoir depuis sept mois seulement. Nous avons connu beaucoup de ses dirigeants avec lesquels nous partagions les idéaux et parfois la vision de la
société à construire. Toujours est-‐il que seule la pratique départage les gens de même vision. La présence suivie dans le pays, se colletant avec les gens de partout, dialoguant sans cesse avec eux, a tous les niveaux, c’est cela qui permettra de mieux cerner la trajectoire politique nouvelle qui se dessine au pays. Les deux mois (Juin-‐juillet 1997) passes à Kinshasa, dans les milieux des militants de l’AFDL et des communs des mortels, bénéfiques, certes, sont amplement insuffisants pour trancher. Le défi de la vraie libération, la formation d’un Etat vraiment démocratique, pourrait bien être l’émergence d’une capacité politique indépendante dans le peuple, et qui s’organise et fait ses preuves dans la distance politique de l’Etat, de l’économie, de la philosophie, de la culture et de tous les autres invariants structurels vis-‐à-‐vis desquels elle doit déterminer les termes de ses rapports (Lazarus, 1997). Ce défi est en essai, en RDC ; à travers la confrontation avec ce défi, une meilleure clarté de comment vaincre le Mobutisme dans toutes ses formes possibles sera acquise. Je le crois fermement ; qui vivra verra. REFERENCES.
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Fait a Dar-‐es-‐Salaam, le 10/12/1997
CRISE PROLONGEE, GUERRES ET MILITARISME DANS LES REGIONS D’AFRIQUE CENTRALE ET DES GRANDS LACS.
In troduction Cet article couvre une très vaste région-‐-‐allant de Dar-‐es-‐Salaam à Pointe-‐Noire, du Sud Soudan au Zimbabwe, du Burundi à l’Angola, de la République Centre Africaine à la Zambie. L’homogénéité géopolitique de cette région est encore en train de prendre forme. Pendant longtemps, le pays d’où pouvait rayonner cette homogénéité géopolitique, Zaïre, maintenant la République Démocratique du Congo a été en fait un facteur important de déstabilisation des régions étudiées. Cet état de choses a persisté tant que la Guerre Froid continuait et que les fanatiques anti-‐communistes de la Guerre Froid comme le regrette Président Mobutu, restaient en place. Il est difficile
dans ce court espace de fournir des analyses fouillées sur chaque pays de cette immense région. Cependant, il importe de montrer, dans les grandes lignes, les dénominateurs communs des tendances et des forces qui tiraillent la région tout entière et qui rendent difficile la réalisation d’une paix civile et d’une démocratisation durable. Les éléments d’analyse qui sortiront de cet effort pourront par la suite servir de référence pour l’élaboration de monographies spécifiques à chaque pays.
Comme nous l’avons déjà dit précédemment (1996)², et à la lumière de ce qui s’est passe récemment dans ces deux régions, l’approche régionale est épistémologiquement, politiquement, et pas seulement ontologiquement, nécessaire. Cette approche découle d’une vision fondée sur la nécessite d’une coopération régionale active, seule garantie de la possibilité d’un développement durable de toute la région. Les régions que nous examinons connaissent depuis bien longtemps un état de guerre endemique³ : en Angola depuis l’Indépendance et au ; au Zaïre (1960-‐1965-‐ 1977-‐78 ; de 1992 au présent) ; au Soudan (de 1964 jusqu’aujourd’hui) ; au Congo-‐ Brazzaville (1959, 1969-‐1975 ; 1997-‐98), en Uganda (1979-‐1986), etc.
Des coups d’état, des tentatives de coups et des mutineries jalonnent aussi l’histoire de ces régions. Récemment, par exemple, des mutineries ont déstabilisé la vie politique de la République Centre Africaine, Des Chefs d’Etat ou de gouvernement (par exemple, en République Démocratique du Congo, au Burundi, au Rwanda, au Congo-‐Brazzaville) ont été assassines dans ces régions sans que les assassins fussent, dans la plupart des cas, condamnes, arrêtes ou même inquiétés.
Des crises constitutionnelles se sont répétées, dues à un refus systématique de la part des hommes au pouvoir d’accepter le verdict de la majorité la ou avait une
démocratie multipartite. Il est de notoriété publique qu’au moins deux chefs d’Etat, dans les régions, ont pratique le cannibalisme -‐-‐ l’Empereur Bokassa et le Marechal Idi Amin Dada-‐-‐sans créer la moindre protestation ou condamnation contre de tels agissements. Des génocides (Burundi en 1972, Rwanda en 1994) ont eu lieu. En 1994, prés d’un million de Rwandais des trois groupe ethniques, des Tutsi, des démocrates Hutu et, dans une moindre mesure, des twa, ont été tues, essentiellement au moyen de machettes dans la quasi indifférence totale de la communauté internationale, pendant qu’au même moment, la même communauté internationale était visiblement concernée par des développements similaires dans l’ex-‐Yougoslavie. Jusqu'à présent, très peu a été fait pour créer une conscience de ‘’Plus jamais de génocides dans les régions’’. La conscience dominante est celle de la vengeance. :
Le travail conceptuel nécessaire pour faire face de façon satisfaisante à ces développements n’avance pas, ou très peu. Dans un contexte d’absence presque totale d’un groupe d’Intellectuels autonomes, organises comme une catégorie sociale, le travail intellectuel tend à être limite (de courte vue) et partisan, incapable de transcender les idéologies de soumission d’Etat renforcée, si pas imposée comme, par exemple, la discrimination ethnique forçant les gens de penser en termes de catégories prédéterminées ‘’Tutsi contre Hutu’’ (en oubliant les Twa) comme si c’était la seule grille analytique possible pour les sociétés Burundaise et Rwandaise.
Cette préoccupation prédominante avec les manifestations phénoménales et/ou explications essentialiste conformes à ces idéologie d’Etat rendent difficiles la compréhension des dynamiques politiques des trajectoires historiques de ces régions.4 L’absence ou la crise de la politique a tendance à se manifester par le recours à des explications dérivées exclusivement (ou presque) de l’Etat discriminateur, des ethnies, de l’économie, de l’histoire, de la culture, de la démographie et, voir même de la biologie, La multiplicité qui devrait être la base d’un Etat démocratique n’est pas placée au centre de ces analyses. Hypothèse de la
possibilité (capacité) d’une politique indépendante pouvant émaner d’autres sites différents de la politique -‐-‐ tels que de l’usine, des associations démocratique, des quartiers, des associations des paysan pauvres, des associations d’étudiants d’origines ethniques diverses, etc. -‐-‐ n’est même pas envisagée ou est forcée de se rabattre sur la conscience ethnique.
La conscience a été réduite à refléter -‐-‐ on pourrait dire à copier -‐-‐les externes tels que la race, l’ethnicité, la culture, l’Etat, l’économie ou ‘’l’histoire’’. Un Tutsi doit penser Tutsi et un Hutu doit penser Hutu, etc. L’économie, sous la pression démographique, amènerait les personnes à transformer les différences de points de vue en discriminations ; l’histoire passée ou la culture aurait fait que les uns discriminent contre les autres sur base d’ethnie, etc. Au Burundi, par exemple, on dit que les étudiants pensent Tutsi ou Hutu. On dit que les payants pauvres ne que penser Tutsi ou Hutu. La reconnaissance de la multiplicité ou de la diversité (des différences, qui peuvent aller à l’ infini : les vieux, les jeunes, le croyants, les non-‐ croyants, les royalistes, les femmes, les hommes, les professionnels, les travailleurs, les commerçants ou les hommes d’affaires, les gens de différentes origine. Etc.) Sur laquelle tout Etat authentique doit se baser, est tout simplement niée.
On cultive les différences pour les transformer en discrimination. Au lieu d’expliquer comment intervient cette transformation et comment elle est reproduite par l’Etat, cet état des choses est accepté comme allant de soi : et on finit par accepter que ce sont les différences ethniques qui causent les conflits ethniques ! On n’a pas besoin d’ajouter que les camps de refugies organises sur une base ethnique aient renforce les mentalités ethniques.5
Pour essayer de comprendre les crises de ces régions, l’analyse doit s’articuler
autour de trois éléments :
Une brève description des ‘’crises paradigmatiques’’ -‐-‐c’est-‐à-‐dire des crises qui ont durablement marque les dynamiques politiques de régions, faisant ressortir en particulier les histoires postcoloniales de ces régions et quelques-‐unes des leçons que l’on pourrait tirer de ces crises ; Une brève analyse des éléments centraux qui caractérisent la situation courante de ces régions, en faisant ressortir les principaux obstacles ainsi que les condition d’une paix civile dans ces régions ; et finalement, 3 Une discussion des rapports de la théorie a l’histoire en cherchant un ancrage à la fois théorique historique et régional pour expliquer certaines notions de base que ethnicité, conflit ethnique société civile, droits des personne, Etat, histoire, culture, refugie. Ce n’est pas le passe qui clarifie le présent, le présent ne clarifie pas non plus le passe ; mais ce qui pourrait se produire dans le future (prescription, vision) pourrait clarifier et le présent et le passe. Une politique claire de ce qui est possible dans le futur fait ressortir ce qui a fait obstacle dans le passe ou les éléments présents pour construire en tel futur. C’est pourquoi je voudrais commencer l’analyse par ce deuxième élément.
2. Si tuation courante dans les régions : Le Congo est-‐il devenu un facteur stabilisation, d’unification et de promotion de la paix dans les régions ?
La République Démocratique du Congo, ancien Zaïre, vivent à peine de se délivrer de Mobutu. C’est une grande réussite et un grand soulagement pour ces régions. Ceci a ouvert un immense espoir un futur plus stable et plus paisible dans la région. Bien sur que toutes les conditions qui ont conduit à la montée du pouvoir du genre Mobutuiste n’ont pas disparu. Les situations de guerre n’ont pas disparu.6
Les guerres de conquête mises a part, les situations de guerre proviennent de la mise à l’écart du principe politique de légitimation, auparavant, donnait de la cohésion au pays. Quand cela se produit l’Etat perd sa consistance et se défait ; il n’en reste que l’appareil répressif ou les bandes armées. L’essentiel de ce qui fait un Etat est réduit à la répression et a la guerre. La société tombe alors sous la logique du militarisme. L’incapacité permanente de trouver une nouvelle voie subjective de légitimation politique au nom de laquelle le pays pourrait être identifie peut conduire à la catastrophe.
La prescription politique, qui a façonné et qui façonne les Etats de la région, devrait être identifiées de manière spécifique. Malgré les prétentions habituelles, la plupart d’entre eux si pas tous, ne sont ni état-‐Nation, ni Etat démocratique, ni Etat développementaliste (ne d’un programme de développement) ; ni des états de tous les peuples, fonctionnels, consensuels ni des monarchies.
En ce moment la République Démocratique du Congo n’est ni une démocratie ni une république. Politiquement, le pays-‐Nation et le pays-‐Etat comme un lieu de la politique ne s’équivalent pas. L’Etat-‐Nation est une notion qui se réfère à une fondation de droit, de loi, c’est une notion juridique voulant designer la légitimité juridique d’un Etat, sans aucune relation à la notion de nation. C’est une déclaration signalant le nécessaire subordination de la question nationale à l’Etat en soi. C’est une prescription, c’est l’expression de la capacité politique de l’Etat qui peut surgir ou disparaître. L’état-‐Nation n’est qu’une des possibles appellations de cette prescription. Il n’y a pas d’Etat sans prescription.7 Les prescriptions nationales, démocratiques ou parlementaires, par exemple, caractérisent respectivement l’Etat-‐ Nation, l’Etat démocratique, parlementaire/fonctionnel/consensuel.
Pendant longtemps, la ‘’nation en construction’’, l’Etat développementaliste ou monopartite, comme forme de prescriptions étaient soutenues par des formes de conscience qui substantifiaient (concrétisaient) l’anticolonialisme, la libération national, l’anti-‐impérialisme, le développement et l’alignement force dans l’un des camps pendant la Guerre froid. Par exemple, à mesure que le développement devenait clairement un projet impérialiste, l’enthousiasme populaire pour le développement s’amenuisait. Avec la fin de la Guerre Froid caractérisée par l’effondrement des états socialistes, l’Etat-‐Nation comme principe subjectif ou politique d’identification d’un pays par le biais de l’Etat, a disparu. Des Etats de tous genres, comme ceux des partis unique, reconnus (légitimes) sous ce principe se sont écroulés.
Nous sommes dans une nouvelle époque de néo-‐libéralisme. Les grands acteurs financiers utilisent le monde entier comme leur scène opérationnelle, conquérant des territoires ou les reconstruisant en détruisant la base matérielle de leur souveraineté en recourant aux bombes de l’Hyper-‐finance. Les anciens Etat-‐Nations sont restructures sur la seule base de la subordination exclusive de la dimension sociale à la dimension économique, aboutissant à la disparition de la subordination exclusive de la dimension sociale à la dimension économique, aboutissant à la disparition de la politique (comme volonté subjective ou conscience). Ce qu’on appelle communément mondialisation n’est en fait qu’une extension de la logique financière à tous les aspects de la vie en unifiant ainsi le monde entier dans un grand marché ou les marchandises et non les personnes circulent librement. Alors que les biens deviennent de plus en plus abondants, des masses de plus en plus grandes n’ont pas de l’argent pour les acheter. Un mode de pensée, dont le noyau dur semble être l’American Way of life, se répand partout menaçant d’extinction les autres cultures et les autres modes de pensée.8
Les conséquences sont déjà dramatiques. Le monde entier est devenu un objet d’exploitation. La richesse et pauvreté s’accroissent. Sur près de 5 milliards de personnes qui habitent la planète, il n’y en a que 500 millions qui vivent confortablement. Les autres 4,5 millions s’appauvrissent de plus en plus, et cela malgré tous les discours sur l’éradication de la pauvreté. Près de 358 personnes les plus riches du monde possèdent ensemble un revenu qui est supérieur à celui de la moitié de la population mondiale. Des guerres régionales et un nombre croissant de ‘’conflits internes’’ façonnent la conquête et la restructuration des marches. Le crime organise étant devenu une clé de voûte du système mondial, s’est spécialisé dans les banques et l’industrie des loisirs. De plus en plus il est difficile de distinguer la violence légitime de celle qui est illégale. Les états sont de plus en plus
Incapables de monopoliser la violence légitime. Les soldats ou militaires pensionnes deviennent des entrepreneurs s’organisant en experts ou consultants du savoir-‐faire guerrier pour quiconque à la recherche de ce savoir-‐faire. Evidemment il existe des poches de résistance par-‐ci par-‐là à travers le monde, tel que le mouvement des Zapatistes au Mexique. Mais nous ne pouvons ici entrer dans les détails.
Dans nos régions, compte tenu de l’environnement international, la violence va augmenter et peut-‐être ne pas diminuer. La face cachée des génocides est l’accumulation, c’est-‐à-‐dire l’expropriation des moyens de production des personnes génocidées et leur attribution a d’autres. Les marchands d’âmes ou de savoir-‐faire guerrier pullulent et circulent dans nos régions malgré les interdictions des nations
Unies. La disponibilité des ressources stratégiques (pétrole, minerais, riche biodiversité écologique) attire l’attention des grandes multinationales et des acteurs financiers sur nos régions. La restructuration se profile déjà à l’horizon. La république démocratique du Congo sera, très probablement, le noyau autour duquel se fera la restructuration. Les peuples de ces régions auront-‐ils un contrôle sur ces restructurations ? De quels types de dirigeants ces régions auront-‐elles besoin pour assurer ce contrôle ?
Revenons sur la question des prescriptions de l’Etat dans ces régions Du point de vue de l’Etat il n’y a aucune validation subjective du pays. Ici aussi, il semble que le thème de la ‘’Nation-‐Etat’’, à différents moments de l’histoire, a disparu comme principe historique et subjectif de la légitimation politique du pays. L’ethnicise, l’intégrisme, le militarisme, le socialisme obsolète, etc., comme prescriptions sur l’Etat se concurrencent pour le remplacer. Des états discriminateurs des ethnies sont apparus. Toutes ces prescriptions sur les états ne conduisent pas à des situations de paix civile. Ces régions sont tendance à se retrouver dans des situations de guerre, très souvent causées ou activées par la Situation mondiale. Des débats autour, et des guerres sur, les frontières coloniales, mettant celles-‐ci en question, ainsi que sur la nationalité, la citoyenneté, etc., ont surgi comme une conséquence de l’échec des prescriptions sur l’Etat (y inclus l’héritage colonial) qui avaient maintenu l’intégrité de chaque pays. Des luttes pour le contrôle du pouvoir et l’accès aux ressources (propriété foncière, savoir, etc.) sont déterminées et guidées par des prescriptions sur l’Etat qui établissent les modalités, en vue de faire accepter le fait que ceux qui ont ici soient effectivement d’ici que ceux qui viennent ici puissent vivre ici sans perdre leurs droits.9
Des prescriptions coloniales ont amené la distinction entre les colons et les natifs parmi ceux qui vivaient dans les colonies ; la reproduction de cette distinction est une indication du caractère colonial des prescriptions sur l’Etat postcolonial. La distinction du principe de légitimation crée des situations de tensions jusqu'à ce qu’un nouveau principe soit trouve. Des lors qu’un tel principe n’est pas trouve, et que la prescription coloniale a disparu, il n’est pas étonnant que toute la période postcoloniale soit marquée, comme elle l’a d’ailleurs été, par des tensions.
La décolonisation dans la République Démocratique du Congo, au Rwanda, au Burundi a été marquée par une grande difficulté de trouver un nouveau principe subjectif de légitimation politique. Au Burundi âpres la chute de l’autorité monarchique détruite par la domination coloniale, le principe d’un Etat-‐Nation à parti
unique a été impose au moyen de coups d’états. Jusqu’en 1995, sa relative cohésion a été maintenue par des coups d’états (militarisme) et la peur sociale résultat de ce qui était perçu comme la menace du modèle Rwandais engendrant la peur du ‘’Péril Hutu’’ ou de la ‘’solution finale des Tutsi’’ au Burundi. Il est bon de rappeler au lecteur le modèle Rwandais (1961-‐1994) était base sur un état ethnique discriminateur domine par une majorité ‘’Hutu’’ dont les prescriptions étaient criminelles.10 -‐-‐telles le refus de la citoyenneté aux refugiés Tutsi Rwandais sur base de pénurie de terres au Rwanda et de maintien de l’équilibre ethnique base sur un quota.
Le fait que les armées étaient basées sur des prescriptions ethnicises discrimination en faveur d’une minorité -‐-‐ ou plus tard sur l’idée que la seule façon de sauvegarder les intérêts de la minorité dans Une démocratie multipartite c’est de donner le contrôle à la minorité -‐-‐ a rendu la situation encore plus précaire et capable de se transformer en situation de guerre. On a ainsi pu observer des épisodes de grands massacres (1965, 1969, 1988, 1991, 1993, 1997) et de génocide (1972) organises sur une base ethnique. Le fait que des formes de conscience de soumission et de complexe de supériorité précoloniales et coloniales aient pu être réactivées, ne veut pas dire que celles-‐ci étaient la cause de l’incapacité de trouver de meilleures prescriptions sur l’Etat. La politique émancipatoire est le résultat de la pensée et est conditionnée par une rupture avec les formes de conscience spontanées ou de soumission. L’impossibilité de cette rupture ne peut pas être expliquée seulement par une référence aux traditions de docilité.11
Des tentatives d’adopter un principe politique parlementaire de légitimation, sous l’étiquette néolibérale du ‘’Nouvel Ordre Mondial’’, ont échoue. Après avoir promu une constitution démocratique, permettant des élections libres et ouvertes et même d’avoir courageusement accepté les résultats, la minorité dirigeante, conduite par Pierre Buyoya -‐-‐ le promoteur lui-‐même de la Constitution -‐-‐profitant de son contrôle interrompu de l’armée, refusa ce qui va de soi avec le principe de la majorité dans un système multiparti. Le président nouvellement et démocratiquement élu, Melchior Ndadaye, est même allé jusqu'à ne pas pratiquer le principe du gagnant qui prend tout quand il a forme son gouvernement. L’idée que la protection des droits de la minorité exige le contrôle de l’armée par cette minorité a pris force de loi. La clique de Burundi qui contrôlait le pouvoir n’est pas prête à relâcher le contrôle exclusif du pouvoir. Au cours d’une prétendue tentative de coup, le premier président démocratiquement élu était renverse et assassine, lui et tous les autres possibles
candidats à la succession. Cela a conduit à une crise constitutionnelle et a déclenché des épisodes sans fin de massacres. Certains de ceux-‐ seront même utilises pur justifier le coup !
Une tentative d’arriver à une sorte de partage de pouvoir à travers une prétendue convention de gouvernement12 en donnant un petit avantage au perdant des élections, la minorité Tutsi contrôlant l’armée, échoua aussi. La ‘’tentative’’ de coup fut finalement exécutée éjectant complétement le parti -‐-‐ FRODEBU -‐-‐ qui avait gagne les élections. L’Etat s’effondra, c’est-‐à-‐dire qu’on n’avait pas trouver d’accord sur d’autre principe de légitimation que celui qui établit que la force fait la loi. Le reste des Appareils répressifs de l’Etat e d’autres groupes armes opposes à la minorité gouvernementale, tous parlant au nom de l’Etat-nation -- une prescription obsolète -- se sont comportes presque tous de la même façon.
Les Burundais forcés de vivre divisés ethniquement, étaient tout le temps dispersés à l’intérieur du pays et forcés de s’exiler comme refugiés. C’est la une de guerre ; les camps de refugiés sont un indicateur irréfutable de situations de guerre. Dans un tel contexte, des formes de conscience, capables de rompre avec celles de la soumission, telles que celles représentées par les représentants des ouvriers ou des organisations estudiantines démocratiques multiethniques, se trouvent dans l’impossibilité d’exister. L’absence d’une nouvelle pensée renforce cette situation. La situation de guerre ne favorise pas une vraie pensée politique autre que celle favorable au militarisme. Cette situation se maintiendra tant que l’on ne trouvera pas un nouveau principe politique de légitimation. Ni la théorie américaine de l’homme
Fort comme l’unificateur du pays ni la simple révision des frontières coloniales, faite militairement, n’arrêtera cette situation de guerre. Seuls des principes basés sur des prescriptions politiques sur l’Etat favorables à la paix pourront changer cela. Une des plus fondamentales est la prescription démocratique : il n’y a d’Etat démocratique que l’Eta des gens de partout.
Un vrai Etat dépend de la multiplicité et de la diversité de sa population : des vieux, des jeunes, des paysans, des ouvriers, origines nationales et ethniques diverses, commerçant et hommes d’affaires, intellectuels, cadres, femmes, hommes, croyants, non-‐croyants, etc. ; les différences entre les gens sont infinies. De manière encore plus fondamentale, un Etat démocratique ne peut pas se construire sur une seule distinction identitaire comme la religion ou l’ethnie. La multiplicité en elle-‐même est une nécessité pour qu’il y ait un véritable Etat ; mais plutôt que d’être la composition ou l’expression de cette multiplicité, l’Etat doit transcender ces composant à l’aide de
nouvelles catégories, telles que ‘’citoyen’’ ou ‘’ndugu’’, qui ne se référent pas a des identités particulières. C’est à cette condition que les différences ne se transformeront pas en discriminations. Par elles-‐mêmes les différences ne provoquent pas des conflits. L’Etat démocratique se doit de proposer un ou plusieurs concepts abstraits, abstraits dans le sens qu’ils ne sont pas dérivés d’un être social qui soit identifiable par la culture, la langue, la religion, la profession, etc. L’élément clé c’est les gens de partout ; c’est la garantie de la paix civile. Un Etat basé sur une entité aux caractéristiques ethniques ou communautaires est un Etat sous tensions civiles et au bord de la guerre. L’Etat doit être un Etat de toutes les catégories de gens qui vivent au Burundi. Des catégories telle que ‘’des ethnies dispersées/déplacées ‘’, ‘’des camps de refugies’’, et des ‘tutsi’’, ‘’Twa’’ -‐-‐utilisées comme des catégories politiques -‐-‐ sont l’effet d’un Etat discriminatoire et leur reproduction reproduira un tel état. Une prescription démocratique ne devrait pas être réduite à la seule exigence de multipartisme, de la pluralité des organisations ou des associations et les libertés d’expression, de circulation. Etc., et du respect des droits humains.13
Directement ou indirectement, le Zaïre de Mobutu a entretenu le militarisme au Burundi. L’opposition armée au régime militaire de Buyoya avait, du moins en partie -‐-‐FDD/CDD – son quartier général au Zaïre. Ceci ne signifie pas que le régime mobutisme ne soutenait pas le régime Burundais. Les rapports étaient excellents ; les politiciens du Burundi, effrayes par la violence à Bujumbura, traversaient sauvent la
Frontière pour passer la nuit à Uvira (Zaïre). Suite aux développements qui ont suivi le génocide de 1994, les coups d’Etat au Burundi et l’augmentation des conflits ethniques, fomentes par la géopolitique de Mobutu de transformer les différences en discriminations pour que lui -‐même reste au pouvoir, le régime Burundais s’est trouvé du côté des Banyamulenge dans la guerre insurrectionnelle de l’AFDL pour la libération. Et les groupes armes qui se battaient contre le régime Burundais ont aussi tourné leurs armes contre l’AFDL-‐-‐du moins c’est ce qui se disait.
C’est la toute l’ironie de la complexité des contradictions dans les régions : des groupes armes qui se battent pour la démocratie ont commence à se combattre l’un contre l’autre ! L’ethnicité était devenue un élément plus unificateur que la démocratie ! C’est cela qui explique en partie pourquoi la frontière entre la RDC et le Burundi est la frontière la plus poreuse dans le contexte des sanctions imposées par la région. Cela complique encore plus la recherche d’une solution pacifique au Burundi. La RDC ne semble pas prête à appuyer une solution contre le régime de Buyoya au
Burundi. On a l’empressions que le renversement de Mobutu n’a pas encore amélioré les conditions pour la recherche d’une solution pour une paix civile au Burundi.
Depuis 1959, avec la révolution sociale qui attestait la chute du principe de légitimation colonial/monarchique, le Rwanda n’a pas été en mesure de trouver un principe stable de légitimation Politique. Aussi longtemps qu’un segment de la population Rwandaises -‐-‐en la personne des refugies Tutsi était traite comme un ennemi de guerre sans Etat, c’est-‐a-‐ dire les cancrelats et qu’on kyu refusait la nationalité/citoyenneté et le droit de vivre dans le pays comme une partie de gens de partout, on ne pouvait pas parler d’une Nation Rwandaise et les tensions civiles et les situations de guerre ont continue.
Sous le prétexte de la démocratie de la majorité, la majorité ethnique étant confondue avec la majorité politique, et appuyée par l’administration coloniale et en particulier l’Eglise Catholique, souvent oubliant la nécessaire protection de la minorité, l’indépendance politique a donné naissance à un Etat ethniquement discriminatoire. Le pouvoir était dominé par une minorité dirigeante parlant au nom d’une majorité ethnique présente comme les opprimés historiques. Suite à la crise de refugiés, parfois conduisant à des menaces d’invasions armées, l’Etat s’est de plus en plus organise, comme nous l’avons vu plus haut, sur la base d’idées criminelles, c’est-‐ à-‐dire qu’une partie de la population était régie par des dispositions spéciales. Et ceci
a été perçu, même par des Etat démocratiques comme une percée dans la résolution des tensions ethniques. Malheureusement, des tensions civiles et même un état de guerre se sont maintenus. L’Etat discriminatoire -‐-‐un Etat oppose au principe que un égale un et qu’il n’y a pas des uns qui valent plus ou moins que d’autres uns -‐-‐ a continué d’être en état de guerre contre des refugiés Tutsi qui prenaient souvent les armes pour réclamer leurs droits. Le Zaïre a appuyé cet Etat et en 1990 s’est engagé militairement à ses côtés contre le FPR organise principalement par des Tutsi. Les formes de conscience politique opposées à cette position de l’Etat, à savoir les figures politiques de la classe ouvrière, militants anti-‐Etat par exemple, furent supprimés en faveur des formes de conscience plus accommodantes et plus docile -‐-‐entretenues aussi par l’Etat, a savoir les figures politiques de la classe ouvrière, militants anti-‐Etat par exemple, furent supprimes en faveur des formes conscience plut accommodantes et plus docile -‐-‐ entretenues aussi par l’Eglise Catholique. Des voix dissidentes eurent à peine voix au chapitre. La situation de guerre continua. Avec la fin de la Guerre
Froid et l’émergence du prétendu Nouvel Ordre Mondial qui a imposé comme conditionnalité du FMI la démocratie multipartite néolibérale, l’Etat militariste et du parti unique discriminatoire de J.P. Habyarimana s’écroula sous la pression de l’opposition politique multipartite et le ‘’mouvement de libération’’ FPR soutenu par l’Etat Ougandais. La crise, alimentée par la croisade de la francophonie sous la houlette de l’Etat français, n’a pu être résolue pacifiquement par les accords d’Arusha et ouvrit la voie à la catastrophe du génocide de 1994. Le groupe extrémiste de la minorité dirigeante, radicalement opposé à l’exécution des Accords d’Arusha accepté par le Président Habyarimana, provoqua l’assassin du Président et organisa par les moyens de l’Etat la purification ethnique. Les citoyens Tutsi et les opposants systématiques des politiques de l’Etat étaient cibles. Tous les individus et groupes soutenant des prescriptions en contradiction avec toutes les formes de consciente ethnique ou de soumission renforcées par l’Etat étaient traités comme des ennemis. La politique de l’OUA de non-‐intervention dans les affaires extérieures des Etats fut à la base de l’incapacité criminelle de l’OUA d’intervenir. L’indifférence criminelle de l’ONU fut justifiée par la distinction entre les mandats d’impositions de la paix et de maintien de la paix.14 Les exemples de courage, représentés par des gens qui osèrent confronter les génocidaires au point de sacrifier leurs vies pour essayer de sauver celles de citoyens innocents visés, furent à peine couverts par les media. Ils représentent le ‘’futur démocratique et libéré’’. Nous connaissons très peu des politiques émancipatoires et des sites respectifs de ces militants, souvent mentionnes de manière ambigüe comme des ‘’Hutu modérés’’.
Le génocide de 1994 est le résultat catastrophique de guerres civiles latentes qui perdurent depuis des années, utilisant toute la région comme scène d’action, et dont la dynamique est venue de l’échec au Rwanda et au Burundi, entre autres, de trouver un principe subjectivement acceptable par tous de légitimation politique conduisant à la paix civile. Les dirigeants de la région, directement ou indirectement, ont contribue à la poursuite de la guerre en appuyant, en tolérant ou en étant indifférent aux prescriptions étatique criminelles émanant d’un groupe dirigeant extrémiste. A différents degrés et selon leur capacité relative d’intervention, ils portent une responsabilité morale et géopolitique dans le déclenchement du génocide. Même les dirigeants qui ont permis l’établissement de camps de refugiés ont, de ce fait-‐la, contribué à aider les Etats discriminatoires à consolider leur espace répressif. Le génocide a eu lieu non pas à cause du caractère démoniaque des cultures et des histoires des peuples ou des pressions économiques ou démographique qui auraient pu l’encourager, mais à cause de l’absence de prescriptions politiques progressistes et
antidiscriminatoires sur l’Etat presque partout a travers la plus grande partie de la région ou l’héritage colonial se maintient encore, à cause aussi de l’absence de prescriptions courageusement défendues et mises en place par des dirigeants progressistes et des peuples dans la région et le monde. Il est triste de noter que les camps de refuges et le génocide lui-‐même sont devenus des processus d’accumulation primitive qui profitent à des gens sans scrupules qui peuvent même souhaiter leur reproduction. Il a fallu plus de trois ans après le génocide avant qu’un dirigeant de l’OUA, Le Premier Ministre Ethiopien Meles, puisse ave force exiger une enquête exhaustive du génocide pour que les peuples Africains décident finalement de faire face au désastre et à la question du ‘’Plus jamais cela’’ en connaissance de cause. J’apprends (septembre 1998) que cette noble tache, par l’OUA, tarde à commencer à cause de mesquineries diplomatiques.15
Le commerce d’esclaves capitaliste a pris fin seulement parce que les superpuissances de l’époque étaient dans l’arrêt du génocide en Afrique. La communauté internationale, en position d’arrêter le génocide à temps ou même de l’empêcher de commencer, refusé de le faire. Elle fut même incapable d’opposer activement et avec succès un embargo sur les armes dans la région. Avec leur allié régional, Mobutu Sese Seko, l’Etat français et la croisade de la francophonie était du côté des génocidaires et continua à les armer. On dit que l’ONU fut informée a temps des soupçons de préparatifs du génocide par un officier canadien chargé des troupes Onusiennes de maintien de la paix au Rwanda, qui avait demandé la permission d’anticiper le génocide en détruisant les caches d’armes. Les autorités Onusiennes
refusèrent une telle permission en alléguant qu’une telle action et la possibilité de faire venir plus de troupes pour réaliser l’objectif irait au-‐delà du mandat de maintien de la paix pour devenir un mandat d’imposer la paix.16 Et quand le génocide commença, elles ne purent défendre les personnes menacées de mort et sans décence et finalement durent se retirer du pays. L’Etat américain, en partie à cause des effets du fiasco catastrophique en Somalie encore frais dans la mémoire des gens, ne réussit pas adonner le leadership qui en était attendu et, au début, alla même jusqu'à dire que ce qui arrivait au Rwanda ‘’n’était pas un génocide’’. Après que l’Opération turquoise fut lancée, le gouvernement des Etats-‐Unis intervint sur une base humanitaire -‐-‐ après le massacre d’à peu près 1 million de personnes. Au niveau de la communauté internationale, ce fut aussi l’absence d’une prescription politique progressiste qui amena à l’attitude attentiste de soumission/accommodement. Le renoncement général à des formes progressistes de conscience et avec elles d’une ‘’ethnique de
verite’’17 imposé par l’émergence du néo-‐libéralisme en général et la suite logique de l’effondrement des Etats-‐Nation, fut responsable de l’indifférence vis-‐à-‐vis de ce très grand crime contre l’humanité.
Ce n’est pas le passé qui éclaire le présent, ni le présent le passe ; les prescriptions sur ce qui peut venir (le futur) peut éclairer les deux. La seule façon de maîtriser le futur c’est de le créer. Ce qui compte ce n’est pas l’histoire, mais des déclarations émancipatoires ou simplement des prescriptions, et l’affirmation que ce qui vient peut rompre avec ce qui était le passe et ce qui est le présent. Les cultures, les histoires et les Etats peuvent être examines du point de vue des politiques sous condition (prescriptions) et non l’inverse -‐-‐déduisant les politiques du passe du passe ou des cultures courantes, des histoires, de l’économie ou l’examinant du point de vue des Etats existants. Les débats sur la nécessité des visions exigent une telle approche.18
Le FPR et ceux qui se sont alignes avec lui ont fait du travail positif, malgré des cas de crimes de guerre, en vue d’arrêter d’urgence le génocide. Les processus de renverser et, ensuite, de saisir l’Etat sinistre génocidaire, sur base de vieilles idées socialistes et du ‘’militarisme révolutionnaire’’, ne facilite en aucun cas la construction d’un Rwanda post-‐génocide. Le régime qui est sorti de l’abolition du génocide à des difficultés à engendrer un processus d’auto-‐guérison parmi les anciens génocidaires et leurs victimes. Il y a encore une guerre contre un segment important de la
population Rwandaise. Les refugiés hutu, les militants Interahamwe, les restes des éléments des anciennes Force Armées Rwandaises -‐-‐ceux qui avaient été sauves, appuyés, organises et armes a travers et dans le Zaïre par les croises de la Francophonie impérialiste de France – menacent encore la sécurité du régime actuel au Rwanda. Le régime reste affecté par la situation de guerre ; il a des difficultés à donner naissance a un nouveau mode de politique capable d’apporter la paix civile et de mettre fin à la situation de guerre. Il est peut-‐être juste de dire qu’on n’a pas encore trouvé un principe de légitimation politique capable d’amener une paix civile et une justice en mesure de guérir et de reconstruire la société Rwandaise.19
Les dirigeants des deux camps de la guerre civile, initialement affectés par la Guerre Froid et la concurrence entre la France et les Etats-‐Unis pour l’hégémonie régionale (avec la Belgique jouant le rôle de catalyseur), maintenant à travers leurs
orientations respectives une division antagonique entre les Rwandais, portent une responsabilité inégale dans l’échec de la recherche pour un nouveau principe de légitimation politique nécessaire à la reconstruction du pays. L’hégémonie de la pensée militariste persiste : gagner Militairement semble être la voie favorite pour arriver à décider sur les questions politiques de légitimation. Quelles seraient les conditions qui permettraient au militarisme, révolutionnaire ou autre. D’amener la paix civile de mettre fin à la situation de guerre ? A partir de quelle politique faut-‐il reconstruire l’Etat en vue de parvenir à ce résultat ? Ces questions être étudiées et des prescriptions appropriées énoncées avant d’être en mesure de trouver, dans les histoires et les cultures du passé, des leçons pouvant inspirer et stimuler un processus pouvant engendrer de meilleures prescriptions sur l’Etat.
Face aux activités déstabilisatrices continuelles de la France et du Zaïre, et particulièrement ce qui apparaissait comme une préparation de l’invasion du Rwanda suivi par la menace de renversement du régime du FPR, le Rwanda prit une grande décision stratégique -‐-‐ ensemble avec d’autres Etats de la région qui aidèrent au renversement de Mobutu et de son régime pourri. Le fait que les Rwandais n’aient pas encore terminé leur guérison, leur rapport avec les Congolais, malgré une alliance très forte avec le régime de l’AFDL, reste paradoxal et traverse de tensions. De plus en plus, les allies Rwandais du régime AFDL sont considérés par quelques Congolais comme des forces d’occupation. L’attitude Rwandaise -‐-‐ perçue comme arrogante par les Congolais -‐-‐ ne facilite pas une amélioration des rapports. C’est même senti comme un frein sur le processus de démocratisation en République Démocratique du Congo. Les Forces rwandaises seront-‐elles encore les bienvenues au Congo après qu’elle aura terminé la mise en place de son Armée Nationale, maintenant en formation ? Sans un régime vraiment démocratique au Congo, les tensions avec le Rwanda ne diminueront pas.
En organisant le pouvoir sur base de la Sharia, l’Etat islamique intégriste du Soudan, rejette toute la population de la partie australe et tous ceux qui sont opposés à une prescription religieuse comme seule base de l’Etat, alors qu’ils constituent des éléments légitimes de la citoyenneté Soudanaise. Cela a maintenu un état de guerre dans le pays pendant une longue période. On ne peut s’attendre à une paix civile de sitôt s’il n’y a pas une nouvelle rescription sur l’Etat, capable de rendre l’Etat plus ouvert à la multiplicité en soi et ainsi de devenir un Etats de tous les gens de partout, posant que un égale un et qu’il n’y a pas des uns qui valent plus ou moins que d’autres uns. Il n’est pas sur qu’une simple défaite militaire du gouvernement intégriste -‐-‐ empêchant tout dialogue créatif -‐-‐ fera émerger un principe politique émancipait de légitimation. Une guerre ne peut pas être le site d’où partirait une telle politique, à moins qu’il s’agisse d’une guerre populaire visant à unir tous ceux qui
peuvent être unis. Nous savons maintenant comment la plupart des luttes armées des mouvements de libération se sont terminées : elles n’avaient pas pris la forme d’une guerre populaire et elles n’étaient pas très claires sur les prescriptions pour un Etat vraiment démocratique. Il est indispensable que les progressistes dans les media présentent au public des prescriptions progressistes sur l’Etat, leurs sites respectifs et leurs militants dans les luttes en cours.
Près du soudan, a titre illustratif, après l’effondrement du principe impérial de légitimation politique, l’empire Ethiopien s’est retrouvé dans des situations de guerre. Le parti-‐Etat, en guerre contre des sujets impériaux, parvint à se maintenir aussi longtemps que la Guerre Froid se poursuivait. Suite à l’effondrement des Etats socialistes et du type de principe de légitimation politique -‐-‐ le parti unique -‐-‐ qui les sous-‐tendait, l’Etats Ethiopien s’écroula ; les appareils répressifs encore en état de fonctionner s’en allèrent en guerre contre des peuples et des groupes armés variés. La libération nationale Erythréenne a servi plus que de catalyseur pour faire naître un principe politique de légitimation soutenant l’auto-‐détermination a tous les niveaux comme une prescription active sur l’Etat. Jusqu'à présent, avec la libération vectorisé de l’Erythrée et la création d’une fédération des ethnies en Ethiopie, une paix civile relative semble être revenue dans l’ancienne aire impériale. L’Ethiopie et l’Erythrée ont développé des rapports étroits avec la République Démocratique du Congo. Articule autour de la politique multipartite parlementaire, comme exigé par la mondialisation néolibérale de l’Après-‐guerre froid, l’auto-‐détermination construite autour des ethnies pourrait avoir des difficultés à satisfaire les exigences démocratiques de la multiplicité en soi comme base d’un Etat des gens de partout.
L’auto-‐détermination à tous les niveaux est beaucoup plus qu’une simple fédération ethnique. Ce qu’il faut c’est un Etat démocratique non ethnique, non-‐sexiste, non-‐ religieux, non-‐racialiste. Le soutien sans condition de l’Erythrée au régime de l’AFDL ne semble pas indiquer un mouvement dans ce sens au Congo, ou la démocratisation est de plus en plus piétinée.
Un pays riche en pétrole, l’Angola a été en état quasi permanent de guerre civile depuis 1975 quand la puissance coloniale, le Portugal, se retira. Pendant beaucoup d’années c’était un front important de la Guerre Froid en Afrique avec l’Occident appuyant l’UNITA de Savimbi contre le MPLA soutenu par l’Union Soviétique. Les puissants extérieurs ont souvenu dans le conflit. La classe politique divisée, affectée par des problèmes divers : racisme, régionalisme, assimilationniste, ideologisme,
militarisme, etc., a été incapable de trouver un principe politique de légitimation politique qui aurait rendu impossible l’objectif des croises irréductibles de la Guerre Froide de diviser de manière antagonique le peuple angolais dont la longue histoire de dislocation sociale depuis l’esclavage Atlantique a rendu encore plus difficile le développement d’une conscience nationale. L’introduction du parlementarisme multipartite impose par le ‘’ Nouvelle ordre Mondial’’, dans un pays qui y était mal prépare et en train de s’écrouler après l’effondrement des états socialistes et entouré par des pays favorables à l’UNITA, n’a pas résolu le problème. Le schéma de ‘’partage du pouvoir’’ et le pouvoir à la majorité n’ont pas été apprécies de la même manière par les camps opposés. Les deux camps s’accrochent à leurs prescriptions doctrinales respectives et dépassées sur l’Etat -‐-‐ de la politique étatiste -‐-‐ au lieu de penser la politique comme invention, singulière et séquentielle, c’est-‐à-‐dire comme étant de l’ordre de la pensée. A cause de cette situation, qui permet à toutes sortes de forces externes-‐de pécher en eau trouble, l’Angola est encore en situation de guerre. Les profiteurs de l’économie du crime, attirés par les ressources diamantifères et les espace de no man’s land sont de plus en plus attirés dans la région. En participant avec succès à la guerre de libération au Zaïre, l’Angola est parvenu enfin à réaliser son importance géopolitique. Il a poussé son avantage en parrainant un coup d’état prolonge au Congo-‐Brazzaville, en vue de couper les arrières de Savimbi. Une rumeur insistante lui attribue la même tentative en Zambie -‐-‐à travers laquelle on dit que Savimbi parvient à obtenir des équipements venant d’Afrique du Sud. Des distinctions sociale -‐-‐ raciste, assimilationniste, ethnicise, religieuse, régionaliste -‐-‐ héritées de l’Etat colonial qui est d’ailleurs encore reproduit, continuent de rendre difficile pour l’Angola de construire un Etat démocratique basé sur la multiplicité en soi et un Etat des gens de partout. Comme ailleurs dans la région, aucun effort n’est
fait, y inclus par les media pour informer le public des lieux et des militants des éléments des prescriptions politiques conformes à un Etat démocratique. Même les histoires officielles des expériences cruciales des luttes pour l’émancipation sont racontées, couvertes de ‘’beau mensonges’’. Les gens continuent de vivre dans l’espoir la démocratie à être construite par des Etats non démocratiques qui ne peuvent se démocratiser eux-‐mêmes. Dans la mesure où le nouveau régime de la République Démocratique du Congo est plus dépendant, pour sa survie, que ne l’est celui de l’Angola, aucune pression pour la démocratisation sur l’Angola ne viendra du Congo. Et dans la mesure où cette dépendance peut renforcer les tendances non démocratiques au Congo, les tendances déstabilisatrices au Congo ne diminueront pas.
Au Congo-‐Brazzaville, 20 le mouvement de masse congolais des Trois Glorieuses (Août 1963) qui culmina avec le renversement du régime pro-‐français et pro-‐ occidental de l’Abbe Fulbert Youlou, a finalement été dépassé par une succession de coups d’Etats militaires (1968, 1977, etc.) Ces coups d’Etat, auto-‐proclamés socialismes –même socialiste scientifique – clamaient haut et fort qu’ils avaient par la ‘’radicalise le mouvement révolutionnaire’’, alors, qu’en fait, ils avaient démobilisé ce mouvement de masse démocratique anticolonial au nom d’un ‘’Marxisme-‐léninisme tropical’’ qui s’est démontré incapable de déraciner la domination économique impériale française. Ici aussi, la classe politique s’est laissée instrumentaliser par les croisés antagonistes, ethniques et autres furent petit à petit transformées en discriminations. L’échec politique de la Conférence Nationale Souveraine (Février-‐ Juin 1991), qui se termina par des élections décidées principalement sur la circulation de l’argent de la corruption, après la fin la guerre Froid, ravira les forces divisionnistes sur lesquelles se greffa la conception de la démocratie, multipartite du Nouvel Ordre mondial néolibéral. Des partis politiques émergèrent essentiellement comme des fronts ethniques sans programme clair si ce n’est des propos de vedettes de politique ethnique chargées de positionner des clients ethniques dans l’Etat. Ceux-‐ci n’étaient pas des organisations politiques capables de galvaniser l’émergence, dans les lieux de la politique, de prescriptions sur l’Etat. L’effondrement de l’Etat-‐Nation qui s’ensuivit -‐-‐ un Etat-‐Nation crée par la colonisation et maintenu par la rivalité des superpuissances de la Guerre Froid, a conduit à une situation de guerre. L’Etat s’effondra et le reste des appareils répressifs répandit la violence partout. Même le Président élu, Pascal Lissouba, incertain de la loyauté de l’armée ‘’nationale’’ construite a l’image de son prédécesseur par Sassou
Nguesso a commencé son mandat en organisant des gardes Présidentielles et des milices personnelles avant de reconstruire l’armée aussi à son image. Il a même sollicite les conseils du Président Marechal Mobutu Sese Seko.
D’autres milices et bandes armées (Cobras, Ninjas, etc.) ont aussi été formées, jetant le pays dans une véritable situation de guerre dans laquelle le Président et les autres dirigeants des bandes armées ont semble se comporter tous de la même manière que les seigneurs de guerre : ils régnaient sur et dirigeaient par les bandes armées. Il est facile, dans une telle situation, pour les multinationales impérialiste pétrolières de monter un group contre un autre et d’extraire, pour elle-‐même, le plus
de surplus possible qui peut être soustrait sans scrupules du pays ou elles opèrent -‐-‐ puisque les nationaux ne sont plus en mesure de défendre leurs ressources. En définitive, l’Angola (sous le prétexte de couper les arrières de Savimbi) complota avec le lobby impérialiste français appuyé par Elf-‐Aquitaine pour parrainer un coup d’Etat prolonge du général Sassou Nguesso, mettant fin à la guerre civile sans restaurer une paix civile ou créer des conditions pour un Etat démocratique. La présence des troupes angolaises sur le sol congolais montre clairement que la situation de guerre n’est pas encore terminée. La conscience politique ou des prescriptions subjectives articulant une vraie rupture avec la politique de l’Etat ethniciste -‐-‐peut-‐être émergeant timidement de-‐ci de-‐là parmi les gens désorientés -‐-‐ n’était pas exhibée au public, pour nous aider à évaluer l’éventuel futur émancipatif du pays.
La politique du nouveau régime de la RDC, due aux provocations contradictoires des belligérants et a l’absence de prescriptions claires sur la question, a vacille par rapport aux possibles interventions dans cette. Le peu qui fut fait n’a été différent de ce que le régime croulant de Mobutu fit. Toutes les opportunités pour des négociations pour une paix durable furent ratées.
Le mépris impérialiste français pour les Africains a apparu au grand jour dans la république Centre Africaine. Ils allèrent jusqu'à couronner empereur le très ridicule et pitoyable ex-‐légionnaire français Jean-‐Bedel Bokassa (1977), dépensant dans la foulée le quart du Produit National du pays pour la cérémonie de couronnement. L’in clama que cela était consistent avec les traditions africaines et qu’on présumait avoir fait cela pour ‘’mobiliser le peuple pour le développement’’. Ce ne sont pas toutes les catégories de gens ou de communautés qui ont connu ou fait l’expérience d’un Etat avant le colonialisme, il aurait été nécessaire de spécifier à quelles traditions on de
referait. La classe politique, depuis lors, a eu tendance à se laisser influencer par des considérations ou des ordres de priorité dictent par des inters impérialistes français. Les épisodes répétés de mutineries montrent qu’on na pas encore trouve un principe politique subjectif de légitimation favorable à la création d’un Etat des gens de partout nécessaire pour amener une situation de paix civile. Le traitement impose sur la citoyenneté Pygmée démontré l’existence21de prescriptions discriminatoires sur l’Etat tel qu’il est maintenant.