Crise
CRISE PROLONGEE, GUERRES ET MILITARISME DANS LES REGIONS D’AFRIQUE CENTRALE ET DES GRANDS LACS.
Introduction
Cet article couvre une très vaste region--allant de Dar-es-Salaam à Pointe-Noire, du Sud Soudan au Zimbabwe, du Burundi à l’Angola, de la République Centre Africaine à la Zambie. L’homogénéité géopolitique de cette région est encore en train de prendre forme. Pendant longtemps, le pays d’où pouvait rayonner cette homogénéité géopolitique, Zaïre, maintenant la République Démocratique du Congo a été en fait un facteur important de déstabilisation des régions étudiées. Cet état de choses a persisté tant que la Guerre Froide continuait et que les fanatiques anti-communistes de la Guerre Froide comme le regrette Président Mobutu, restaient en place. Il est difficile dans ce court espace de fournir des analyses fouillées sur chaque pays de cette immense région. Cependant, il importe de montrer, dans les grandes lignes, les dénominateurs communs des tendances et des forces qui tiraillent la région tout entière et qui rendent difficile la réalisation d’une paix civile et d’une démocratisation durable. Les éléments d’analyse qui sortiront de cet effort pourront par la suite servir de référence pour l’élaboration de monographies spécifiques à chaque pays. Comme nous l’avons déjà dit précédemment (1996)², et à la lumière de ce qui s’est passe récemment dans ces deux régions, l’approche régionale est épistémologiquement, politiquement, et pas seulement ontologiquement, nécessaire. Cette approche découle d’une vision fondée sur la nécessite d’une coopération régionale active, seule garantie de la possibilité d’un développement durable de toute la région. Les régions que nous examinons connaissent depuis bien longtemps un état de guerre endemique³ : en Angola depuis l’Indépendance et au-dela ; au Zaire (1960-1965-1977-78 ; de 1992 au présent) ; au Soudan (de 1964 jusqu’aujourd’hui) ; au Congo-Brazzaville (1959, 1969-1975 ; 1997-98), en Uganda (1979-1986), etc. Des coups d’état, des tentatives de coups et des mutineries jalonnent aussi l’histoire de ces régions. Récemment, par exemple, des mutineries ont déstabilisé la vie politique de la République Centre Africaine. Des Chefs d’Etat ou de gouvernement (par exemple, en République Démocratique du Congo, au Burundi, au Rwanda, au Congo-Brazzaville) ont été assassines dans ces régions sans que les assassins fussent, dans la plupart des cas, condamnes, arrêtes ou même inquiétés. Des crises constitutionnelles se sont répétées, dues à un refus systématique de la part des hommes au pouvoir d’accepter le verdict de la majorité la ou avait existe une démocratie multipartite. Il est de notoriété publique qu’au moins deux chefs d’Etat, dans les régions, ont pratique le cannibalisme --
l’Empereur Bokassa et le Marechal Idi Amin Dada--sans créer la moindre protestation ou condamnation contre de tels agissements. Des génocides (Burundi en 1972, Rwanda en 1994) ont eu lieu. En 1994, prés d’un million de Rwandais des trois groupes ethniques, des Tutsi, des démocrates Hutu et, dans une moindre mesure, des Batwa, ont été tues, essentiellement au moyen de machettes dans la quasi indifférence totale de la communauté internationale, pendant qu’au même moment, la même communauté internationale était visiblement concernée par des développements similaires dans l’ex-Yougoslavie. Jusqu'à présent, très peu a été fait pour créer une conscience de ‘’Plus jamais de génocides dans les régions’’. La conscience dominante est celle de la vengeance.
Le travail conceptuel nécessaire pour faire face de façon satisfaisante à ces développements n’avance pas, ou très peu. Dans un contexte d’absence presque totale d’un groupe d’intellectuels autonomes, organises comme une catégorie sociale, le travail intellectuel tend à être limite (de courte vue) et partisan, incapable de transcender les idéologies de soumission d’Etat renforcée, si pas imposée comme, par exemple, la discrimination ethnique forçant les gens de penser en termes de catégories prédéterminées ‘’Tutsi contre Hutu’’ (en oubliant les Batwa) comme si c’était la seule grille analytique possible pour les sociétés Burundaise et Rwandaise. Cette préoccupation prédominante avec les manifestations phénoménales et/ou explications essentialistes conformes à ces idéologies d’Etat rendent difficiles la compréhension des dynamiques politiques des trajectoires historiques de ces régions.4 L’absence ou la crise de la politique a tendance à se manifester par le recours à des explications dérivées exclusivement (ou presque) de l’Etat discriminateur, des ethnies, de l’économie, de l’histoire, de la culture, de la démographie et, voire même de la biologie. La multiplicité qui devrait être la base d’un Etat démocratique n’est pas placée au centre de ces analyses. L’hypothèse de la possibilité (capacité) d’une politique indépendante pouvant émaner d’autres sites différents de la politique -- tels que de l’usine, des associations démocratiques, des quartiers, des associations des paysans pauvres, des associations d’étudiants d’origines ethniques diverses, etc. -- n’est même pas envisagée ou est forcée de se rabattre sur la conscience ethnique. La conscience a été réduite à refléter -- on pourrait dire à copier –les invariants externes tels que la race, l’ethnicité, la culture, l’Etat, l’économie ou ‘’l’histoire’’. Un Tutsi doit penser Tutsi et un Hutu doit penser Hutu, etc. L’économie, sous la pression démographique, amènerait les personnes à transformer les différences en discriminations ; l’histoire passée ou la culture aurait fait que les uns discriminent contre les autres sur base d’ethnie, etc. Au Burundi, par exemple, on dit que les étudiants pensent Tutsi ou Hutu. On dit que les paysans pauvres ne peuvent penser que Tutsi ou Hutu. La reconnaissance de la multiplicité ou de la diversité (des différences, qui peuvent aller à l’ infini : les vieux, les jeunes, le croyants, les non-croyants, les royalistes, les femmes, les hommes, les professionnels, les travailleurs, les commerçants ou les hommes d’affaires, les gens de différentes origines, etc.,) sur laquelle tout Etat authentique doit se baser, est tout simplement niee.
On cultive les différences pour les transformer en discriminations. Au lieu d’expliquer comment intervient cette transformation et comment elle est reproduite par l’Etat, cet état des choses est accepté comme allant de soi : et on finit par accepter que ce sont les différences ethniques qui causent les conflits ethniques ! On n’a pas besoin d’ajouter que les camps de refugies organises sur une base ethnique aient renforce les mentalités ethniques.5
Pour essayer de comprendre les crises de ces régions, l’analyse doit s’articuler autour de trois éléments :
1. Une brève description des ‘’crises paradigmatiques’’ --c’est-à-dire des crises qui
ont durablement marque les dynamiques politiques de régions, faisant ressortir en particulier les histoires postcoloniales de ces régions et quelques-unes des leçons que l’on pourrait tirer de ces crises ;
2. Une brève analyse des éléments centraux qui caractérisent la situation courante
de ces régions, en faisant ressortir les principaux obstacles ainsi que les conditions d’une paix civile dans ces régions ; et finalement,
3 Une discussion des rapports de la théorie a l’histoire en cherchant un ancrage à la
fois théorique, historique et régional pour expliquer certaines notions de base telles que :ethnicité, conflit ethnique, société civile, droits des personnes, Etat, histoire, culture, refugie. Ce n’est pas le passe qui clarifie le présent, le présent ne clarifie pas non plus le passe ; mais ce qui pourrait se produire dans le futur (prescription, vision) pourrait clarifier et le présent et le passe. Une politique claire de ce qui est possible dans le futur fait ressortir ce qui a fait obstacle dans le passe ou les éléments présents pour construire un tel futur. C’est pourquoi je voudrais commencer l’analyse par ce deuxième élément.
Situation courante dans les régions : Le Congo est-il devenu un facteur de stabilisation, d’unification et de promotion de la paix dans les régions ?
La République Démocratique du Congo, ancien Zaïre, vient à peine de se
délivrer de Mobutu. C’est une grande réussite et un grand soulagement pour ces régions. Ceci a ouvert un immense espoir d’un futur plus stable et plus paisible dans la région. Bien sur que toutes les conditions qui ont conduit à la montée du pouvoir du genre Mobutiste n’ont pas disparu. Les situations de guerre n’ont pas disparu.6
Les guerres de conquête mises a part, les situations de guerre proviennent de la mise à l’écart du principe politique de légitimation qui, auparavant, donnait de la cohésion au pays. Quand cela se produit l’Etat perd sa consistance et se défait ; il n’en reste que l’appareil répressif ou les bandes armées. L’essentiel de ce qui fait un Etat est réduit à la répression et a la guerre. La société tombe alors sous la logique du militarisme. L’incapacité permanente de trouver une nouvelle voie subjective de légitimation politique au nom de laquelle le pays pourrait être identifie peut conduire à la catastrophe. La prescription politique qui ont façonne et qui façonnent les Etats de la région
devraient être identifiées de manière spécifique. Malgré les prétentions habituelles, la plupart d’entre eux si pas tous, ne sont ni Etat-Nation, ni Etat démocratique, ni Etat développementaliste (ne d’un programme de développement) ; ni des Etats de tous les peuples, fonctionnels, consensuels, ni des monarchies.
En ce moment la République Démocratique du Congo n’est ni une démocratie ni une république. Politiquement, le pays-Nation et le pays-Etat comme un lieu de la politique ne s’équivalent pas. L’Etat-Nation est une notion qui se réfère à une fondation de droit, de loi, c’est une notion juridique voulant designer la légitimité juridique d’un Etat, sans aucune relation à la notion de nation. C’est une déclaration signalant la nécessaire subordination de la question nationale à l’Etat en soi. C’est une prescription, c’est l’expression de la capacité politique de l’Etat qui peut surgir ou disparaitre. L’Etat-Nation n’est qu’une des possibles appellations de cette prescription. Il n’ya pas d’Etat sans prescription.7 Les prescriptions nationales, démocratiques ou parlementaires, par exemple, caractérisent respectivement l’Etat-Nation, l’Etat démocratique, parlementaire/fonctionnel/consensuel. _ Pendant longtemps, la ‘’nation en construction’’, l’Etat développementaliste ou monopartite, comme forme de prescriptions étaient soutenues par des formes de conscience qui substantifiaient (concrétisaient) l’anticolonialisme, la libération nationale, l’anti-impérialisme, le développement et l’alignement force dans l’un des camps pendant la Guerre Froide. Par exemple, à mesure que le développement devenait clairement un projet impérialiste, l’enthousiasme populaire pour le développement s’amenuisait. Avec la fin de la Guerre Froide caractérisée par l’effondrement des Etats socialistes, l’Etat-Nation comme principe subjectif ou politique d’identification d’un pays par le biais de l’Etat, a disparu. Des Etats de tous genres, comme ceux des partis uniques, reconnus (légitimes) sous ce principe se sont écroulés. Nous sommes dans une nouvelle époque de néo-libéralisme. Les grands acteurs financiers utilisent le monde entier comme leur scène opérationnelle, conquérant des territoires ou les reconstruisant en détruisant la base matérielle de leur souveraineté en recourant aux bombes de l’hyper-finance. Les anciens Etat-Nations sont restructures sur la seule base de la subordination exclusive de la dimension sociale à la dimension économique, aboutissant à la disparition de la politique (comme volonté subjective ou conscience). Ce qu’on appelle communément mondialisation n’est en fait qu’une extension de la logique financière à tous les aspects de la vie en unifiant ainsi le monde entier dans un grand marché ou les marchandises et non les personnes circulent librement. Alors que les biens deviennent de plus en plus abondants, des masses de plus en plus grandes n’ont pas de l’argent pour les acheter. Un mode de pensée, dont le noyau dur semble être l’American Way of life, se répand partout menaçant d’extinction les autres cultures et les autres modes de pensée.8 Les conséquences sont déjà dramatiques. Le monde entier est devenu un objet d’exploitation. La richesse et la pauvreté s’accroissent. Sur près de 5 milliards de personnes qui habitent la planète, il n’y en a que 500 millions qui vivent confortablement. Les autres 4,5 milliards s’appauvrissent de plus en plus, et cela malgré tous les discours sur l’éradication de la pauvreté. Près de 358 personnes les plus riches du monde possèdent ensemble un revenu qui est supérieur à celui de la moitié de la population mondiale. Des guerres régionales et un nombre croissant de ‘’conflits internes’’ façonnent la conquête et la restructuration des marches. Le crime organise étant devenu une clé de voute du système mondial, s’est spécialisé dans le blanchiment de l’argent sale en l’investissant principalement dans les proprietes luxueuses, les medias, les banques et l’industrie des loisirs. De plus en plus il est difficile de distinguer la violence légitime de celle qui est illégale. Les Etats sont de plus en plus incapables de monopoliser la violence légitime. Les soldats ou militaires pensionnes deviennent des entrepreneurs s’organisant en experts ou consultants du savoir-faire guerrier pour quiconque à la recherche de ce savoir-faire. Evidemment il existe des poches de résistance par-ci par-là à travers le monde, tel que le mouvement des Zapatistes au Mexique. Mais nous ne pouvons ici entrer dans les détails. Dans nos régions, compte tenu de l’environnement international, la violence va augmenter et peut-être pas diminuer. La face cachée des génocides est l’accumulation primitive, c’est-à-dire l’expropriation des moyens de production des personnes génocidees et leur attribution a d’autres. Les marchands d’ârmes ou de savoir-faire guerrier pullulent et circulent dans nos régions malgré les interdictions des Nations Unies. La disponibilité des ressources stratégiques (pétrole, minerais, riche biodiversité écologique) attire l’attention des grandes multinationales et des acteurs financiers sur nos régions. La restructuration se profile déjà à l’horizon. La République Démocratique du Congo sera, très probablement, le noyau autour duquel se fera la restructuration. Les peuples de ces régions auront-ils un contrôle sur ces restructurations ? De quels types de dirigeants ces régions auront-elles besoin pour assurer ce contrôle ? Revenons sur la question des prescriptions de l’Etat dans ces régions Du point de vue de l’Etat il n’ya aucune validation subjective du pays. Ici aussi, il semble que le thème de la ‘’Nation-Etat’’, à différents moments de l’histoire, a disparu comme principe historique et subjectif de la légitimation politique du pays. L’ethnicisme, l’intégrisme, le militarisme, le socialisme obsolète, etc., comme prescriptions sur l’Etat se concurrencent pour le remplacer. Des Etats discriminateurs des ethnies sont apparus. Toutes ces prescriptions sur les Etats ne conduisent pas à des situations de paix civile. Ces régions ont tendance à se retrouver dans des situations de guerre, très souvent causées ou activées par la situation mondiale. Des débats autour, et des
guerres sur, les frontières coloniales, mettant celles-ci en question, ainsi que sur la nationalité, la citoyenneté, etc., ont surgi comme une conséquence de l’échec des prescriptions sur l’Etat (y inclus l’héritage colonial) qui avaient maintenu l’intégrité de chaque pays. Des luttes pour le contrôle du pouvoir et l’accès aux ressources (propriété foncière, savoir, etc.) sont déterminées et guidées par des prescriptions sur l’Etat qui établissent les modalités, en vue de faire accepter le fait que ceux qui sont ici soient effectivement d’ici et que ceux qui viennent ici puissent vivre ici sans perdre leurs droits.9
Des prescriptions coloniales ont amené la distinction entre les colons et les natifs parmi ceux qui vivaient dans les colonies ; la reproduction de cette distinction est une indication du caractère colonial des prescriptions sur l’Etat postcolonial. La distinction du principe de légitimation crée des situations de tensions jusqu'à ce qu’un nouveau principe soit trouve. Des lors qu’un tel principe n’est pas trouve, et que la prescription coloniale a disparu, il n’est pas étonnant que toute la période postcoloniale soit marquée, comme elle l’a d’ailleurs été, par des tensions. La décolonisation dans la République Démocratique du Congo, au Rwanda, au Burundi a été marquée par une grande difficulté de trouver un nouveau principe subjectif de légitimation politique. Au Burundi âpres la chute de l’autorité monarchique détruite par la domination coloniale, le principe d’un Etat-Nation à parti unique a été impose au moyen de coups d’états. Jusqu’en 1995, sa relative cohésion a été maintenue par des coups d’états (militarisme) et la peur sociale résultat de ce qui était perçu comme la menace du modèle Rwandais engendrant la peur du ‘’Peril Hutu’’ ou de la ‘’solution finale des Tutsi’’ au Burundi. Il est bon de rappeler au lecteur que le modèle Rwandais (1961-1994) était base sur un état ethnique discriminateur domine par une majorité ‘’Hutu’’ dont les prescriptions étaient criminelles.10 --telles le refus de la citoyenneté aux refugiés Tutsi Rwandais sur base de pénurie de terres au Rwanda et de maintien de l’équilibre ethnique base sur un quota. Le fait que les armées étaient basées sur des prescriptions ethnicistes discriminatoires en faveur d’une minorité -- ou plus tard sur l’idée que la seule façon de sauvegarder les intérêts de la minorité dans une démocratie multipartite c’est de donner le contrôle à la minorité -- a rendu la situation encore plus précaire et capable de se transformer en situation de guerre. On a ainsi pu observer des épisodes de grands massacres (1965, 1969, 1988, 1991, 1993, 1997) et de génocide (1972) organises sur une base ethnique. Le fait que des formes de conscience de soumission et de complexe de supériorité précoloniales et coloniales aient pu être réactivées, ne veut pas dire que celles-ci étaient la cause de l’incapacité de trouver de meilleures prescriptions sur l’Etat. La politique émancipative est le résultat de la pensée et est conditionnée par une rupture avec les formes de conscience spontanées ou de soumission. L’impossibilité de cette rupture ne peut pas être expliquée seulement par une référence aux traditions de docilité.11 Des tentatives d’adopter un principe politique parlementaire de légitimation, sous l’étiquette néolibérale du ‘’Nouvel Ordre Mondial’’, ont échoue. Après avoir promu une constitution démocratique, permettant des élections libres et ouvertes et même d’avoir courageusement accepté les résultats, la minorité dirigeante, conduite par Pierre Buyoya -- le promoteur lui-même de la Constitution --profitant de son contrôle interrompu de l’armée, refusa ce qui va de soi avec le principe de la majorité dans un système multipartite. Le président nouvellement et démocratiquement élu, Melchior Ndadaye, est même allé jusqu'à ne pas pratiquer le principe du gagnant qui prend tout quand il a forme son gouvernement. L’idée que la protection des droits de la minorité exige le contrôle de l’armée par cette minorité a pris force de loi. La clique de Bururi qui contrôlait le pouvoir n’est pas prête à relâcher le contrôle exclusif du pouvoir. Au cours d’une prétendue tentative de coup, le premier président démocratiquement élu était renverse et assassine, lui et tous les autres possibles candidats à la succession. Cela a conduit à une crise constitutionnelle et a déclenché des épisodes sans fin de massacres. Certains de ceux-ci seront même utilises pour justifier le coup ! Une tentative d’arriver à une sorte de partage de pouvoir à travers une prétendue convention de gouvernement12 en donnant un petit avantage au perdant des élections, la minorité Tutsi contrôlant l’armée, échoua aussi. La ‘’tentative’’ de coup fut finalement exécutée éjectant complètement le parti -- FRODEBU -- qui avait gagne les élections. L’Etat s’effondra, c’est-à-dire qu’on n’avait pas trouve d’accord sur d’autre principe de légitimation que celui qui établit que la force fait la loi. Le reste des appareils répressifs de l’Etat et d’autres groupes armes opposes à la minorité gouvernementale, tous parlant au nom de l’Etat-Nation -- une prescription obsolète -- se sont comportes presque tous de la même façon. Les Burundais forcés de vivre divisés ethniquement, étaient tout le temps dispersés à l’intérieur du pays et forcés de s’exiler comme refugiés. C’est la une situation de guerre ; les camps de refugiés sont un indicateur irréfutable de situations de guerre. Dans un tel contexte, des formes de conscience, capables de rompre avec celles de la soumission, telles que celles représentées par les représentants des ouvriers ou des organisations estudiantines démocratiques multiethniques, se trouvent dans l’impossibilité d’exister. L’absence d’une nouvelle pensée renforce cette situation. La situation de guerre ne favorise pas une vraie pensée politique autre que celle favorable au militarisme. Cette situation se maintiendra tant que l’on ne trouvera pas un nouveau principe politique de légitimation. Ni la théorie américaine de l’homme fort comme l’unificateur du pays ni la simple révision des frontières coloniales, faite militairement, n’arrêtera cette situation de guerre. Seuls des principes basés sur des prescriptions politiques sur l’Etat favorables à la paix pourront changer cela. Une des plus fondamentales est la prescription démocratique : il n’y a d’Etat démocratique que l’Etat des gens de partout.
Un vrai Etat dépend de la multiplicité et de la diversité de sa population : des vieux, des jeunes, des paysans, des ouvriers, origines nationales et ethniques diverses, commerçants et hommes d’affaires, intellectuels, cadres, femmes, hommes, croyants, non-croyants, etc. ; les différences entre les gens sont infinies. De manière encore plus fondamentale, un Etat démocratique ne peut pas se construire sur une seule distinction identitaire comme la religion ou l’ethnie. La multiplicité en elle-même est une nécessité pour qu’il y ait un véritable Etat ; mais plutôt que d’être la composition ou l’expression de cette multiplicité, l’Etat doit transcender ces composants à l’aide de nouvelles catégories, telles que ‘’citoyen’’ ou ‘’ndugu’’, qui ne se référent pas a des identités particulières. C’est à cette condition que les différences ne se transformeront pas en discriminations. Par elles-mêmes les différences ne provoquent pas des conflits. L’Etat démocratique se doit de proposer un ou plusieurs concepts abstraits, abstraits dans le sens qu’ils ne sont pas dérivés d’un être social qui soit identifiable par la culture, la langue, la religion, la profession, etc. L’élément clé c’est les gens de partout ; c’est la garantie de la paix civile. Un Etat basé sur une entité aux caractéristiques ethniques ou communautaires est un Etat sous tensions civiles et au bord de la guerre. L’Etat doit être un Etat de toutes les catégories de gens qui vivent au Burundi. Des catégories telles que ‘’des ethnies dispersées/déplacées ‘’, ‘’des camps de refugies’’, et des ‘Tutsi’’, « Hutu », ‘’Twa’’ --utilisées comme des catégories politiques -- sont l’effet d’un Etat discriminatoire et leur reproduction reproduira un tel Etat. Une prescription démocratique ne devrait pas être réduite à la seule exigence de multipartisme, de la pluralité des organisations ou des associations et les libertés d’expression, de circulation. Etc., et du respect des droits humains.13
Directement ou indirectement, le Zaïre de Mobutu a entretenu le militarisme au Burundi. L’opposition armée au régime militaire de Buyoya avait, du moins en partie --FDD/CDD – son quartier général au Zaïre. Ceci ne signifie pas que le régime mobutiste ne soutenait pas le régime Burundais. Les rapports étaient excellents ; les politiciens du Burundi, effrayes par la violence à Bujumbura, traversaient sauvent la frontière pour passer la nuit à Uvira (Zaïre). Suite aux développements qui ont suivi le génocide de 1994, les coups d’Etat au Burundi et l’augmentation des conflits ethniques, fomentes par la géopolitique de Mobutu de transformer les différences en discriminations pour que lui -même reste au pouvoir, le régime Burundais s’est trouvé du côté des Banyamulenge dans la guerre insurrectionnelle de l’AFDL pour la libération. Et les groupes armes qui se battaient contre le régime Burundais ont aussi tourné leurs armes contre l’AFDL--du moins c’est ce qui se disait. C’est la toute l’ironie de la complexité des contradictions dans les régions : des groupes armes qui se battent pour la démocratie ont commence à se combattre l’un contre l’autre ! L’ethnicité était devenue un élément plus unificateur que la démocratie ! C’est cela qui explique en partie pourquoi la frontière entre la RDC et le Burundi est la frontière la plus poreuse dans le contexte des sanctions imposées par la région. Cela complique encore plus la recherche d’une solution pacifique au Burundi. La RDC ne semble pas prête à appuyer une solution contre le régime de Buyoya au Burundi. On a l’impression que le renversement de Mobutu n’a pas encore amélioré les conditions pour la recherche d’une solution pour une paix civile au Burundi. Depuis 1959, avec la révolution sociale qui attestait la chute du principe de légitimation colonial/monarchique, le Rwanda n’a pas été en mesure de trouver un principe stable de légitimation politique. Aussi longtemps qu’un segment de la population Rwandaise --en la personne des refugies Tutsi-- était traitee comme un ennemi de guerre sans Etat, c’est-a-dire les cancrelats et qu’on lui refusait la nationalité/citoyenneté et le droit de vivre dans le pays comme une partie de gens de partout, on ne pouvait pas parler d’une Nation Rwandaise et les tensions civiles et les situations de guerre ont continue. Sous le prétexte de la démocratie de la majorité, la majorité ethnique étant confondue avec la majorité politique, et appuyée par l’administration coloniale et en particulier l’Eglise Catholique, souvent oubliant la nécessaire protection de la minorité, l’indépendance politique a donné naissance à un Etat ethniquement discriminatoire. Le pouvoir était dominé par une minorité dirigeante parlant au nom d’une majorité ethnique présente comme les opprimés historiques. Suite à la crise de refugiés, parfois conduisant à des menaces d’invasions armées, l’Etat s’est de plus en plus organise, comme nous l’avons vu plus haut, sur la base d’idées criminelles, c’est-à-dire qu’une partie de la population était régie par des dispositions spéciales. Et ceci a été perçu, même par des Etat démocratiques comme une percée dans la résolution des tensions ethniques. Malheureusement, des tensions civiles et même un état de guerre se sont maintenus. L’Etat discriminatoire --un Etat oppose au principe que un égale un et qu’il n’ya pas des uns qui valent plus ou moins que d’autres uns -- a continué d’être en état de guerre contre des refugiés Tutsi qui prenaient souvent les armes pour réclamer leurs droits. Le Zaïre a appuyé cet Etat et en 1990 s’est engagé militairement à ses côtés contre le FPR organise principalement par des Tutsi. Les formes de conscience politique opposées à cette position de l’Etat, à savoir les figures politiques de la classe ouvrière, militants anti-Etat par exemple, furent supprimés en faveur des formes de conscience plus accommodantes et plus dociles --entretenues aussi par l’Eglise Catholique. Des voix dissidentes eurent a peine voix au chapitre. La situation de guerre continua. Avec la fin de la Guerre Froide et l’émergence du prétendu Nouvel Ordre Mondial qui a imposé comme conditionnalité du FMI la démocratie multipartite néolibérale, l’Etat militariste et du parti unique discriminatoire de J.P. Habyarimana s’écroula sous la pression de l’opposition politique multipartite et le ‘’mouvement de libération’’ FPR soutenu par l’Etat Ougandais. La crise, alimentée par la croisade de la francophonie sous la houlette de l’Etat français, n’a pu être résolue pacifiquement par les Accords d’Arusha et ouvrit la voie à la catastrophe du génocide de 1994. Le groupe extrémiste de la minorité dirigeante, radicalement opposé à l’exécution des Accords d’Arusha accepté par le Président Habyarimana, provoqua l’assassin du Président et organisa par les moyens de l’Etat la purification ethnique. Les citoyens Tutsi et les opposants systématiques des politiques de l’Etat étaient cibles. Tous les individus et groupes soutenant des prescriptions en contradiction avec toutes les formes de conscience ethnique ou de soumission renforcées par l’Etat étaient traités comme des ennemis. La politique de l’OUA de non-intervention dans les affaires extérieures des Etats fut à la base de l’incapacité criminelle de l’OUA d’intervenir. L’indifférence criminelle de l’ONU fut justifiée par la distinction entre les mandats d’impositions de la paix et de maintien de la paix.14 Les exemples de courage, représentés par des gens qui osèrent confronter les génocidaires au point de sacrifier leurs vies pour essayer de sauver celles de citoyens innocents visés, furent à peine couverts par les media. Ils représentent le ‘’futur démocratique et libéré’’. Nous connaissons très peu des politiques émancipatoires et des sites respectifs de ces militants, souvent mentionnes de manière ambigüe comme des ‘’Hutu modérés’’. Le génocide de 1994 est le résultat catastrophique de guerres civiles latentes qui perdurent depuis des années, utilisant toute la région comme scène d’action, et dont la dynamique est venue de l’échec au Rwanda et au Burundi, entre autres, de trouver un principe subjectivement acceptable par tous de légitimation politique conduisant à la paix civile. Les dirigeants de la région, directement ou indirectement, ont contribue à la poursuite de la guerre en appuyant, en tolérant ou en étant indifférent aux prescriptions étatiques criminelles émanant d’un groupe dirigeant extrémiste. A différents degrés et selon leur capacité relative d’intervention, ils portent une responsabilité morale et géopolitique dans le déclenchement du génocide. Même les dirigeants qui ont permis l’établissement de camps de refugiés ont, de ce fait-la, contribué à aider les Etats discriminatoires à consolider leur espace répressif. Le génocide a eu lieu non pas à cause du caractère démoniaque des cultures et des histoires des peuples ou des pressions économiques ou démographiques qui auraient pu l’encourager, mais à cause de l’absence de prescriptions politiques progressistes et antidiscriminatoires sur l’Etat, presque partout a travers la plus grande partie de la région ou l’héritage colonial se maintient encore, à cause aussi de l’absence de prescriptions courageusement défendues et mises en place par des dirigeants progressistes et des peuples dans la région et le monde. Il est triste de noter que les camps de refugies et le génocide lui-même sont devenus des processus d’accumulation primitive qui profitent à des gens sans scrupules qui peuvent même souhaiter leur reproduction. Il a fallu plus de trois ans après le génocide avant qu’un dirigeant de l’OUA, Le Premier Ministre Ethiopien Meles, puisse avec force exiger une enquête exhaustive du génocide pour que les peuples Africains décident finalement de faire face au désastre et à la question du ‘’Plus jamais cela’’ en connaissance de cause. J’apprends (septembre 1998) que cette noble tache, par l’OUA, tarde à commencer à cause de mesquineries diplomatiques.15 Le commerce d’esclaves capitaliste a pris fin seulement parce que les superpuissances de l’époque étaient dans l’arrêt du génocide en Afrique. La communauté internationale, en position d’arrêter le génocide à temps ou même de l’empêcher de commencer, a refusé de le faire. Elle fut même incapable d’opposer activement et avec succès un embargo sur les armes dans la région. Avec leur allié régional, Mobutu Sese Seko, l’Etat français et la croisade de la francophonie était du côté des génocidaires et continua à les armer. On dit que l’ONU fut informée a temps des soupçons de préparatifs du génocide par un officier canadien chargé des troupes Onusiennes de maintien de la paix au Rwanda, qui avait demandé la permission d’anticiper le génocide en détruisant les caches d’armes. Les autorités Onusiennes refusèrent une telle permission en alléguant qu’une telle action et la possibilité de faire venir plus de troupes pour réaliser l’objectif irait au-delà du mandat de maintien de la paix pour devenir un mandat d’imposer la paix.16 Et quand le génocide commença, elles ne purent défendre les personnes menacées de mort et sans défense et finalement durent se retirer du pays. L’Etat américain, en partie à cause des effets du fiasco catastrophique en Somalie encore frais dans la mémoire des gens, ne réussit pas a donner le leadership qui en était attendu et, au début, alla même jusqu'à dire que ce qui arrivait au Rwanda ‘’n’était pas un génocide’’. Après que l’Opération turquoise fut lancée, le gouvernement des Etats-Unis intervint sur une base humanitaire -- après le massacre d’à peu près 1 million de personnes. Au niveau de la communauté internationale, ce fut aussi l’absence d’une prescription politique progressiste qui amena à l’attitude attentiste de soumission/accommodement. Le renoncement général à des formes progressistes de conscience et avec elles d’une ‘’ethique de verite’’17 imposé par l’émergence du néo-libéralisme en général et la suite logique de l’effondrement des Etats-Nation, fut responsable de l’indifférence vis-à –vis de ce très grand crime contre l’humanité. Ce n’est pas le passé qui éclaire le présent, ni le présent le passe ; les prescriptions sur ce qui peut venir (le futur) peuvent éclairer les deux. La seule façon de maitriser le futur c’est de le créer. Ce qui compte ce n’est pas l’histoire, mais des déclarations émancipatoires ou simplement des prescriptions, et l’affirmation que ce qui vient peut rompre avec ce qui était le passe et ce qui est le présent. Les cultures, les histoires et les Etats peuvent être examines du point de vue des politiques sous condition (prescriptions) et non l’inverse --déduisant les politiques du passe ou des cultures courantes, des histoires, de l’économie ou l’examinant du point de vue des Etats existants. Les débats sur la nécessité des visions exigent une telle approche.18 Le FPR et ceux qui se sont alignes avec lui ont fait du travail positif, malgré des cas de crimes de guerre, en vue d’arrêter d’urgence le génocide. Les processus de renverser et, ensuite, de saisir l’Etat sinistre génocidaire, sur base de vieilles idées socialistes et du ‘’militarisme révolutionnaire’’, ne facilite en aucun cas la construction d’un Rwanda post-génocide. Le régime qui est sorti de l’abolition du génocide à des difficultés à engendrer un processus d’auto-guérison parmi les anciens génocidaires et leurs victimes. Il y a encore une guerre contre un segment important de la population Rwandaise. Les refugiés Hutu, les militants Interahamwe, les restes des éléments des anciennes Force Armées Rwandaises --ceux qui avaient été sauves, appuyés, organises et armes a travers et dans le Zaïre par les croises de la Francophonie impérialiste de France – menacent encore la sécurité du régime actuel au Rwanda. Le régime reste affecté par la situation de guerre ; il a des difficultés à donner naissance a un nouveau mode de politique capable d’apporter la paix civile et de mettre fin à la situation de guerre. Il est peut-être juste de dire qu’on n’a pas encore trouvé un principe de légitimation politique capable d’amener une paix civile et une justice en mesure de guérir et de reconstruire la société Rwandaise.19 Les dirigeants des deux camps de la guerre civile, initialement affectés par la Guerre Froide et la concurrence entre la France et les Etats-Unis pour l’hégémonie régionale (avec la Belgique jouant le rôle de catalyseur), maintenant à travers leurs orientations respectives une division antagonique entre les Rwandais, portent une responsabilité inégale dans l’échec de la recherche pour un nouveau principe de légitimation politique nécessaire à la reconstruction du pays. L’hégémonie de la pensée militariste persiste : gagner militairement semble être la voie favorite pour arriver à décider sur les questions politiques de légitimation. Quelles seraient les conditions qui permettraient au militarisme, révolutionnaire ou autre d’amener la paix civile et de mettre fin à la situation de guerre ? A partir de quelle politique faut-il reconstruire l’Etat en vue de parvenir à ce résultat ? Ces questions doivent être étudiées et des prescriptions appropriées énoncées avant d’être en mesure de trouver, dans les histoires et les cultures du passé, des leçons pouvant inspirer et stimuler un processus pouvant engendrer de meilleures prescriptions sur l’Etat. Face aux activités déstabilisatrices continuelles de la France et du Zaïre, et particulièrement ce qui apparaissait comme une préparation de l’invasion du Rwanda suivi par la menace de renversement du régime du FPR, le Rwanda prit une grande décision stratégique -- ensemble avec d’autres Etats de la région qui aidèrent au renversement de Mobutu et de son régime pourri. Le fait que les Rwandais n’aient pas encore terminé leur guérison, leur rapport avec les Congolais, malgré une alliance très forte avec le régime de l’AFDL, reste paradoxal et traverse de tensions. De plus en plus, les allies Rwandais du régime AFDL sont considérés par quelques Congolais comme des forces d’occupation. L’attitude Rwandaise -- perçue comme arrogante par les Congolais -- ne facilite pas une amélioration des rapports. C’est même ressenti comme un frein sur le processus de démocratisation en République Démocratique du Congo. Les Forces rwandaises seront-elles encore les bienvenues au Congo après qu’elle aura terminé la mise en place de son Armée Nationale, maintenant en formation ? Sans un régime vraiment démocratique au Congo, les tensions avec le Rwanda ne diminueront pas. En organisant le pouvoir sur base de la Sheria, l’Etat islamique intégriste du Soudan, rejette toute la population de la partie australe et tous ceux qui sont opposés à une prescription religieuse comme seule base de l’Etat, alors qu’ils constituent des éléments légitimes de la citoyenneté Soudanaise. Cela a maintenu un état de guerre dans le pays pendant une longue période. On ne peut s’attendre à une paix civile de sitôt s’il n’ya pas une nouvelle prescription sur l’Etat, capable de rendre l’Etat plus ouvert à la multiplicité en soi et ainsi de devenir un Etat de tous les gens de partout, posant que un égale un et qu’il n’y a pas des uns qui valent plus ou moins que d’autres uns. Il n’est pas sur qu’une simple défaite militaire du gouvernement intégriste -- empêchant tout dialogue créatif -- fera émerger un principe politique émancipatif de légitimation. Une guerre ne peut pas être le site d’où partirait une telle politique, à moins qu’il s’agisse d’une guerre populaire visant à unir tous ceux qui peuvent être unis. Nous savons maintenant comment la plupart des luttes armées des mouvements de libération se sont terminées : elles n’avaient pas pris la forme d’une guerre populaire et elles n’étaient pas très claires sur les prescriptions pour un Etat vraiment démocratique. Il est indispensable que les progressistes dans les media présentent au public des prescriptions progressistes sur l’Etat, leurs sites respectifs et leurs militants dans les luttes en cours. Près du Soudan, a titre illustratif, après l’effondrement du principe impérial de légitimation politique, l’empire Ethiopien s’est retrouvé dans des situations de guerre. Le parti-Etat, en guerre contre des sujets impériaux, parvint à se maintenir aussi longtemps que la Guerre Froide se poursuivait. Suite à l’effondrement des Etats socialistes et du type de principe de légitimation politique -- le parti unique -- qui les sous-tendait, l’Etat Ethiopien s’écroula ; les appareils répressifs encore en état de fonctionner s’en allèrent en guerre contre des peuples et des groupes armés variés. La libération nationale Erythréenne a servi plus que de catalyseur pour faire naitre un principe politique de légitimation soutenant l’auto-détermination a tous les niveaux comme une prescription active sur l’Etat. Jusqu'à présent, avec la libération victorieuse de l’Erythrée et la création d’une fédération des ethnies en Ethiopie, une paix civile relative semble être revenue dans l’ancienne aire impériale. L’Ethiopie et l’Erythrée ont développé des rapports étroits avec la République Démocratique du Congo. Articule autour de la politique multipartite parlementaire, comme exigé par la mondialisation néolibérale de l’après- Guerre Froide, l’auto-détermination construite autour des ethnies pourrait avoir des difficultés à satisfaire les exigences démocratiques de la multiplicité en soi comme base d’un Etat des gens de partout.
L’auto-détermination à tous les niveaux est beaucoup plus qu’une simple fédération ethnique. Ce qu’il faut c’est un Etat démocratique non ethnique, non-sexiste, non-religieux, non-racialiste. Le soutien sans condition de l’Erythrée au régime de l’AFDL ne semble pas indiquer un mouvement dans ce sens au Congo, ou la démocratisation est de plus en plus piétinée.
Un pays riche en pétrole, l’Angola a été en état quasi permanent de guerre civile depuis 1975 quand la puissance coloniale, le Portugal, se retira. Pendant beaucoup d’années c’était un front important de la Guerre Froide en Afrique avec l’Occident appuyant l’UNITA de Savimbi contre le MPLA soutenu par l’Union Soviétique. Les puissances extérieures ont souvent intervenu dans le conflit. La classe politique divisée, affectée par des problèmes divers: racisme, régionalisme, assimilationnisme, ethnicisme, ideologisme, militarisme, etc., a été incapable de trouver un principe politique de légitimation politique qui aurait rendu impossible l’objectif des croises irréductibles de la Guerre Froide de diviser de manière antagonique le peuple angolais dont la longue histoire de dislocation sociale depuis l’esclavage Atlantique a rendu encore plus difficile le développement d’une conscience nationale. L’introduction du parlementarisme multipartite impose par le ‘’ Nouvel Ordre Mondial’’, dans un pays qui y était mal prépare et en train de s’écrouler après l’effondrement des Etats socialistes et entouré par des pays favorables à l’UNITA, n’a pas résolu le problème. Le schéma de ‘’partage du pouvoir’’ et le pouvoir à la majorité n’ont pas été apprécies de la même manière par les camps opposés. Les deux camps s’accrochent à leurs prescriptions doctrinales respectives et dépassées sur l’Etat -- de la politique étatiste -- au lieu de penser la politique comme invention, singulière et séquentielle, c’est-à-dire comme étant de l’ordre de la pensée. A cause de cette situation, qui permet à toutes sortes de forces externes-de pécher en eau trouble, l’Angola est encore en situation de guerre. Les profiteurs de l’économie du crime, attirés par les ressources diamantifères et les espaces de no man’s land sont de plus en plus attirés dans la région. En participant avec succès à la guerre de libération au Zaïre, l’Angola est parvenu enfin à réaliser son importance géopolitique. Il a poussé son avantage en parrainant un coup d’état prolonge au Congo-Brazzaville, en vue de couper les arrières de Savimbi. Une rumeur insistante lui attribue la même tentative en Zambie --à travers laquelle on dit que Savimbi parvient à obtenir des équipements venant d’Afrique du Sud. Des distinctions sociales -- raciste, assimilationniste, ethnicise, religieuse, régionaliste -- héritées de l’Etat colonial qui est d’ailleurs encore reproduit, continuent de rendre difficile pour l’Angola de construire un Etat démocratique basé sur la multiplicité en soi et un Etat des gens de partout. Comme ailleurs dans la région, aucun effort n’est fait, y inclus par les media pour informer le public des lieux et des militants des éléments des prescriptions politiques conformes à un Etat démocratique. Même les histoires officielles des expériences cruciales des luttes pour l’émancipation sont racontées, couvertes de ‘’beaux mensonges’’. Les gens continuent de vivre dans l’espoir de la démocratie à être construite par des Etats non démocratiques qui ne peuvent se démocratiser eux-mêmes. Dans la mesure où le nouveau régime de la République Démocratique du Congo est plus dépendant, pour sa survie, que ne l’est celui de l’Angola, aucune pression pour la démocratisation sur l’Angola ne viendra du Congo. Et dans la mesure où cette dépendance peut renforcer les tendances non démocratiques au Congo, les tendances déstabilisatrices au Congo ne diminueront pas. Au Congo-Brazzaville, 20 le mouvement de masse congolais des Trois Glorieuses (Aout 1963) qui culmina avec le renversement du régime pro-français et pro-occidental de l’Abbe Fulbert Youlou, a finalement été dépassé par une succession de coups d’Etat militaires (1968, 1977, etc.) Ces coups d’Etat, autoproclamés socialistes –même socialiste scientifique – clamaient haut et fort qu’ils avaient par la ‘’radicalise le mouvement révolutionnaire’’, alors, qu’en fait, ils avaient démobilisé ce mouvement de masse démocratique anticolonial au nom d’un ‘’Marxisme-léninisme tropical’’ qui s’est démontré incapable de déraciner la domination économique impériale française. Ici aussi, la classe politique s’est laissé instrumentaliser par les croisés antagonistes de la Guerre Froide qui aboutit a la division du peuple congolais. Des differences regionales, ethniques et autres ethniques furent petit à petit transformées en discriminations. L’échec politique de la Conférence Nationale Souveraine (Février-Juin 1991), qui se termina par des élections décidées principalement sur la circulation de l’argent de la corruption, après la fin la Guerre Froide, raviva les forces divisionnistes sur lesquelles se greffa la conception de la démocratie, multipartite du Nouvel Ordre mondial néolibéral. Des partis politiques émergèrent essentiellement comme des fronts ethniques sans programme clair si ce n’est des propos de vedettes de politique ethnique chargées de positionner des clients ethniques dans l’Etat. Ceux-ci n’étaient pas des organisations politiques capables de galvaniser l’émergence, dans les lieux de la politique, de prescriptions sur l’Etat. L’effondrement de l’Etat-Nation qui s’ensuivit -- un Etat-Nation crée par la colonisation et maintenu par la rivalité des superpuissances de la Guerre Froide, a conduit à une situation de guerre. L’Etat s’effondra et le reste des appareils répressifs répandit la violence partout. Même le Président élu, Pascal Lissouba, incertain de la loyauté de l’armée ‘’nationale’’ construite a l’image de son prédécesseur par Sassou Nguesso, a commencé son mandat en organisant des gardes Présidentielles et des milices personnelles avant de reconstruire l’armée aussi à son image. Il a même sollicite les conseils du Président Marechal Mobutu Sese Seko. D’autres milices et bandes armées (Cobras, Ninjas, etc.) ont aussi été formées, jetant le pays dans une véritable situation de guerre dans laquelle le Président et les autres dirigeants des bandes armées ont semble se comporter tous de la même manière que les seigneurs de guerre : ils régnaient sur et dirigeaient par les bandes armées. Il est facile, dans une telle situation, pour les multinationales impérialiste pétrolières de monter un group contre un autre et d’extraire, pour elles-mêmes, le plus de surplus possible qui peut être soustrait sans scrupules du pays ou elles opèrent -- puisque les nationaux ne sont plus en mesure de défendre leurs ressources. En définitive, l’Angola (sous le prétexte de couper les arrières de Savimbi) complota avec le lobby impérialiste français appuyé par Elf-Aquitaine pour parrainer un coup d’Etat prolonge du général Sassou Nguesso, mettant fin a la guerre civile sans restaurer une paix civile ou créer des conditions pour un Etat démocratique. La présence des troupes angolaises sur le sol congolais montre clairement que la situation de guerre n’est pas encore terminée. La conscience politique ou des prescriptions subjectives articulant une vraie rupture avec la politique de l’Etat ethniciste --peut-être émergeant timidement de-ci de-là parmi les gens désorientés -- n’étaient pas exhibée au public, pour nous aider à évaluer l’éventuel futur émancipatif du pays. La politique du nouveau régime de la RDC, due aux provocations contradictoires des belligérants et a l’absence de prescriptions claires sur la question, a vacille par rapport aux possibles interventions dans cette guerre. Le peu qui fut fait n’a été différent de ce que le régime croulant de Mobutu fit. Toutes les opportunités pour des négociations pour une paix durable furent ratées. Le mépris impérialiste français pour les Africains a apparu au grand jour dans la République Centre Africaine. Ils allèrent jusqu'à couronner empereur le très ridicule et pitoyable ex-légionnaire français Jean-Bedel Bokassa (1977), dépensant dans la foulée le quart du Produit National du pays pour la cérémonie de couronnement. L’on clama que cela était consistent avec les traditions africaines et qu’on présumait avoir fait cela pour ‘’mobiliser le peuple pour le développement’’. Ce ne sont pas toutes les catégories de gens ou de communautés qui ont connu ou fait l’expérience d’un Etat avant le colonialisme, il aurait été nécessaire de spécifier à quelles traditions on se referait. La classe politique, depuis lors, a eu tendance a se laisser influencer par des considérations ou des ordres de priorité dictes par des interets impérialistes français. Les épisodes répétés de mutineries montrent qu’on na pas encore trouve un principe politique subjectif de légitimation favorable à la création d’un Etat des gens de partout nécessaire pour amener une situation de paix civile. Le traitement impose sur la citoyenneté Pygmée démontre l’existence21de prescriptions discriminatoires sur l’Etat tel qu’il est maintenant.
Depuis l’independance jusqu'à l’emergence du regime du MNR (Mouvement National de la Resistance), l’Ouganda est passe par des episodes critiques de disparition, et des difficultes de trouver, un principe politique de legitimation pouvant amener une paix civile. La tentative de créer une republique a souvent bute, par exemple, contre le regime de Kabaka. Ces episodes ont souvent conduit a des situations de guerre. Les prescriptions politiques dominantes coloniales sur l’Etat post-colonial ont fait que des conflits ont eu tendance a graviter autour de l’opposition entre le nord et le sud du pays. Au debut, Obote a eu affaire, entre autres choses, avec la monarchie Baganda, telle qu’elle avait été reproduite par la colonisation. La disparition de l’equilibre temporaire par l’exil force de Kabaka a l’etranger, a conduit a des coups d’etat, amenant l’effondrement de l’Etat et, a sa suite, des guerres conduites par les appareils repressifs, guerres qui, sous le Marechal Idi Amin Dada, s’etendirent a la Tanzanie et l’impliquerent dans une guerre semi-regionale. Comment Idi Amin Dada a été renverse et comment Obote a été ramene au pouvoir par l’Etat Ujamaa de la Tanzanie, n’ont pas creativement resolu la question de la reconstruction de l’Etat sur la base de la transformation interne de l’Etat colonial et pour trouver un nouveau principe subjectif de legitimation. Un tel echec de la reconstruction de l’Etat a finalement conduit a un autre effondrement de l’Etat par des coups d’etat. Les coups d’etat furent suivis d’un mouvement arme de resistance qui donna naissance au regime actuel du MNR, de 1986 jusqu'à present. Le regime a trouve une politique tres originale pour faire face aux traditions monarchiques auxquelles une certaine autonomie culturelle a été accordee, une certaine autodetermination culturelle a été donnee a quelques groupes au passe actif monarchique. On n’a pas encore trouve une politique pour des groupes n’ayant pas eu un tel passe. L’echec de prendre serieusement en consideration la notion de multiplicite en soi comme base de l’Etat au lieu de reconnaitre certains groupes culturels et ignorant d’autres, a cree quelques difficultes. La petite guerre en cours dans la partie nord du pays et l’implication du regime dans les guerres de liberation au Rwanda et au Zaire signifient que les conditions de paix civile ne sont pas encore tout a fait reunies. On remarque, de plus en plus, que malgre les efforts de se diriger vers un type singulier de processus de democratisation, a des elections sans partis politiques reconnus, les comites de resistance a la base semblent avoir donne la place a une plus grande presence militaire. Le processus de la prise en charge de l’economie par les Institutions de Bretton Woods n’a pas été tout a fait transparent et democratique. Apres l’effondrement des Etats socialistes, a travers la disparition des partis uniques, et la proclamation de la fin de la Guerre Froide, le principe de legitimisation developpementaliste d’Ujama, mine par les conditionnalites du FMI/BM et un budget national partiellement finance de l’exterieur, ce principe qui tenait la Tanzanie ensemble a disparu. Des prescriptions politiques multipartites neo-liberales sur l’Etat ( exigence de « bonne gouvernance ») et la societe (subordination aux principes du marche organise par un reseau des monopoles transnationaux ou des magnats financiers) soutiennent ( contiennent) de manière precaire la consistance actuelle de l’Etat. Des signes de crise apparaissent déjà : la classe politique, qui succombe facilement a l’auto-enrichissement, n’est pas en mesure de trouver des prescriptions vraiment democratiques sur l’Etat en train de s’ecrouler, en faveur d’Etat democratique pour tous, posant qu’Un est egal a UN et qu’il n’ y a pas des Uns qui valent plus ou moins que d’autres Uns. L’Etat subordonne encore la politique (prescriptive) a l’analytique (representee par l’economie) pour cacher le fait que certaines personnes (Hazabe, jeunesse, etc.) ne sont pas reconnues et la dimension sociale (education, sante, etc.) est de plus en plus geree en faveur des riches. Cherchant de plus en plus des sources de revenu (par le perfectionnement de la collecte des impots, en exportant la nature et en s’agitant pour l’allegement de la dette) ne pourra pas remplacer la politique qui tient en compte toutes les personnes. Le contexte general regional, brievement decrit ci-dessus, doit etre pris en compte pour comprendre pourquoi le renversement du regime mobutiste, l’evenement le plus important organisant la situation regionale d’aujourd’hui, ne pourra pas par lui-meme mettre fin aux situations de guerre regionale. Jusqu'à son effondrement (1989-1990’s), l’Etat mobutiste comptait sur le principe de l’anti-communisme pro-Occidental, durant la Guerre Froide, ravivant dans son principe politique (legitimation exterieure), l’Etat colonial (responsable seulement vis-a-vis de l’exterieur et non aux sujets colonises)23 Les luttes pour la Deuxieme Independance (1961-1965) ont conduit au Coup d’Etat du 24 novembre 1965 facilite par d’importantes interventions occidentales. La reconstruction de l’Etat, par apres, prit la forme de la reproduction prolongee du Coup, finalement adoptant la forme du « Parti-Etat unique a la recherche de la Nation. » Le mouvement de l’ »Authenticite » a été une tentative de créer cette Nation par l’Etat. Pour un temps, les situations de guerre provoquees par la crise de l’Independance et l’assassinat de P. E. Lumumba et des Lumumbistes etaient resolues. La disparition d’un principe de legitimation s’appuyant fortement sur les Etats Unis et les Occidentaux, autour de 1989-1990, a conduit a l’effondrement de l’Etat et la situation de guerre. L’adoption par Mobutu, de la prescription multipartite du « Nouvel Ordre Mondial » maintint, pour un temps, a distance la situation de guerre. Le rejet, par les Mobutistes voulant s’accrocher au pouvoir a tout prix, du principe du pouvoir de la majorite et l’impossibilite par la suite d’un arrangement de partage du pouvoir, dans une situation de vibrants partis d’opposition civile, amena le pays au bord de la catastrophe. L’Etat a perdu toute credibilite de prescription de legitimation ; l’armee ou plutôt des bandes militaires et d’autres appareils repressifs se sont mis a semer la violence comme une manière de gagner leur vie, laissant seulement le President et sa clientele dans une paix relative. L’essence de l’Etat devint : repression pure et simple ; les differences entre les gens furent transformees en discriminations comme un mecanisme central de la pretendue « geopolitique ». Avec l’Etat en crise d’effondrement, le pretendu Haut Conseil de la Republique-Parlement de Transition (HCR-PT) devint une couverture legislative pour les forces armees laissees a elles-memes. Pillages (ou plutôt des demantelements), des guerres etnicistes provoquees par la « geopolitique » (Masisi, Shaba, etc) ne furent jamais l’objet de de prescriptions politiques par le Parlement (HCR-PT) domine par les Mobutistes. Au contraire, sa commission pour enqueter sur la question de la nationalite dans le Sud et Nord Kivu, raviva la crise au lieu de la resoudre. L’appel pour eradiquer les anti-valeurs ( c’est-a-dire les valeurs negatives caracterisant le Mobutisme) se revela etre une precription moraliste passive sur l’Etat en train de s’ecrouler base sur des valeurs negatives. Mobutu inventa la fameuse these de ses domaines reserves(Defense et securite, diplomatie, Banque Centrale) du President comme Chef de l’Etat, responsable seulement a lui-meme. Sans une armee populaire ou nationale, les gens sont a la merci des bandes armees et des parrains mafieux. Ce qui fait qu’une armee soit nationale ou populaire est un principe de prescription politique de legitimation. Les forces armees Zairoises ne s’identifiaient ni au peuple (considere, depuis la colonisation,comme leur ennemi) ni avec l’Etat en complete deliquescence incapable de payer leurs salaires. Le genocide de 1994 au Rwanda donna a Mobutu, avec l’appui des imperialistes francais de la croisade Francophonie francaise, l’opportunite d’exploiter les consequences pour recouvrer le pouvoir qui était en train de lui echapper. Il a essaye, avec l’aide des francais, de reorganiser les elements militaires restants sur la base d’un engagement d’appuyer les refugies armes rwandais (les ex-FAR, les Interahamwe, etc.) pour reconquerir le pouvoir au Rwanda sous le regime FPR. Alors que cette politique pouvait mobiliser les genocidaires, les bandes de pillards armes ont profite de l’occasion pour terroriser encore plus le peuple congolais. Les imperialistes francais remirent Mobutu sur pied, le gendarme regional occidental mourant, le presentant comme « L’Incontournable homme » providentiel sans lequel on ne pouvait resoudre les conflits de la region. Ainsi une des causes du probleme était presentee comme la meilleure solution au probleme. Mobutu pouvait ainsi continuer a destabiliser les pays voisins : Angola (par l’intermediaire de Savimbi et le FLEC), le Rwanda (par l’intermediaire des genocidaires), l’Ouganda(par les rebellions), etc. Avec l’absence d’une politique progrssiste pour resoudre correctement les contradictions autour de l’acces au pouvoir et aux ressources dans l’Est du Zaire, aggrave par l’afflux des refugies, l’antagonisme du regime de Mobutu contre le Rwanda amena une situation de guerre. Les contradictions majeures de la region convergent sur l’Est du Zaire. Celles-ci incluent : les Etats discriminatoires des ethnies contre les peuples respectifs divises, militarisme (‘revolutionnaire’ ou non) contre les formes palabranres de la resolution des conflits, le regime Mobutiste (et tous ses allies : des mercenaires et d’autres forces de l’economie mondiale de crime, les imperialistes francais, les genocidaires, les « mouvements d’opposition » parraines par le regime, etc.) contre les Etats de la region, le regime Mobutiste contre les Rwandophones Zairois dont la nationalite fut finalement revoquee par le regime apres avoir longtemps tourne autour du pot, etc. Cette derniere contradiction fut accentuee par l’afflux de pres de deux millions de refugies du Rwanda et du Burundi, et plus particulierement par la continuation de la guerre civile Rwandaise au Zaire—galvanisee par l’Operation Turquoise d’un cote, et la reaction du regime rwandais du FPR aux provocations de l’Etat Zairois. L’insurrection d’Octobre des Banyamulenge (selon le nom donne aux gens qui emigrerent et s’etablirent a Mulenge) a porte a la connaissance du public la possibilite d’une nouvelle politique en rupture avec celle de soumission au Mobutisme. Les lieux et les militants de cette politique, compte tenu des circonstances locales et regionales de violence endemique et de militarisme, etaient essentiellement des groupes armes—appuyes en fin de compte par les armees des Etats voisins. Certains militants ont recu leur formation militaire au Rwanda ou ils etaient obliges de fuir comme « refugies » chasses par le regime Mobutiste. Les taches qui s’imposaient de transformer l’insurrection en guerre populaire etaient au-dela de la capacite de ces groupes. Le travail d’identification des sites politiques anti-Mobutistes (par exemple autour du mouvement de la CNS et l’opposition radicale) et des militants a travers tout le pays ; de s’occuper des obstacles qui empechent une telle politique de se developper, c’est-a-dire l’ideologie et les pratiques supremacistes Tutsi ; chauvinisme sexiste, fetichisme, revanchisme, etatisme et exclusivisme ; de viser a developper une politique independante des Etats ; d’implanter une orientation de la guerre populaire ; etc., cet important travail n’a pas été initie. La creation de l’AFDL, elle-meme, semble avoir été, des le debut, influencee, si pas parrainee, par les Etats de la region. Les interventions militaires de la region ont eu un impact sur la formation, la construction et la consolidation de la direction de l’AFDL et le developpement de sa capacite politique, strategique, diplomatique et materielle ; sur la construction d’une vision politique pour l’apres-guerre au Congo ; sur la creation dans l’apres-guerre d’une armee vraiment nationale—le vrai test de l’anti-Mobutisme ; et sur l’auto-mobilisation politique des gens apres la guerre pour un Etat vraiment democratique et contre la perpetuelle domination et exploitation externes. La fusion de quatre « partis politiques » originels ( Parti de la Revolution Populaire-PRP ; Le Conseil National de Resistance pour la Democratie—CNRD ; Le Mouvement Revolutionnaire pour la Liberation du Zaire—MRLZ ; et l’Alliance Democratique des Peuples—ADP) a été faite essentiellement du haut vers le bas. ; on ne connait rien sur les differentes lignes politiques en lutte a l’interieur de chaque parti et quelles luttes il y a eu entre ces lignes politiques dans le processus de la fusion. Les materiaux dont nous disposons et que l’on dit avoir utilises pour l’education des cadres, montrent qu’il n’y a pas de vrai travail d’intellectualite visant a raviver de manière critique, interroger et prescrire sur les histoires des luttes du peuple congolais pour l’emancipation. La longue experience du maquis du PRP, qui était consideree comme une reference strategique dans l’orientation et la direction correctes du processus de la guerre de liberation, n’a pas été soumise a un bilan rationnel. Aucune tentative, pour autant que nous sachions, n’a vraiment été entreprise pour lancer une mobilisation politique de toute la population pour une strategie de guerre populaire. De telles tentatives auraient facilite le processus d’unification politique de toutes les formations civiques et politiques anti-Mobutiste. Les questions politiques semblaient etre subordonnees aux questions militaires. En fait, la guerre n’était pas vue comme la continuation d’une politique pro-democratique. C’est cette vision qui conduira au processus de democratisation comme une demande externe en vue de garder le pouvoir et obtenir l’aide etrangere. Le recrutement des « kadogos » (enfants), la re-education des soldats des ex-FAZ (Forces Armees Zairoises) qui avaient changer de camp, le deploiement des soldats congolais de la diaspora, et la recherche des moyens financiers et materiels necessaires etaient les activites principales de la direction de l’AFDL. Meme dans les zones liberees, les questions de democratie, essentielles pour faire avancer la politique de la vision anti-Mobutiste, n’ont été qu’effleurees. Des tensions ethniques, le recours par la direction aux copains (clientelisme) ou sur la pression de personnes imposees par l’exterieur, l’influence d’elements culturels retrogrades (sexisme, fetichisme, regionalisme, etc.) s’est poursuivi. Le caractere progrssiste de la politique tendant a etre affirme sur la base, non pas des prescriptions concretes, mais sur la recitation d’une presumee « ideologie progressiste » et des histoires du passe. Les lumumbistes des annees 1960 etaient acceptes comme s’ils avaient continue de l’etre, sans que l’on specifiee quelles seraient les positions politiques actuelles consistantes avec le Lumumbisme. La focalisation sur Mobutu et l’ignorance du Mobutisme comme système et mode d’une politique, eurent un impact negatif sur la politique d’unification de toutes les forces susceptibles de s’unir. Travailler pour Mobutu a été confondu avec travailler sous Mobutu. L’eloignement physique loin du système local Mobutiste a été confondu avec le fait d’etre immunise de la « contamination » Mobutiste. Les tendances Mobutistes dans le maquis lui-meme devenaient inconcevables. Evidemment des solutions democratiques aux discriminations, en extrayant par les discussions les choses et les processus qui transforment les differences en discriminations, prennent du temps et un travail patient. Ce qui est clair, cependant, c’est qu’aucun effort reel n’a été fait dans ce sens. En tout cas, l’effort lui-meme ne suffit pas a engendrer la politique emancipative exigigeant qu’il ne soit pas permis aux differences de se transformer en discriminations. Aucune tentative ne fut faite pour developper des idees pour des prescriptions emancipatives sur l’Etat apres Mobutu. La problematique d’adoption de la phraseologie marxiste—comme dans beaucoup d’experiences passees des luttes en Afrique—dominerent la scene. L’ideologisme historiciste fut acceptee comme si rien ne s’était passe apres l’effondrement des Etats socialistes. L’histoire du militarisme a outrance—meme avant le colonialisme, les Etats de la region, a de rares exceptions pres, se formerent par la conquete—et le peu de respect de la vie humaine ont souvent conduit les gens a penser que la lutte armee pour changer la societe est necessairement superieure aux transformations sociales a travers des prescriptions politiques inventees, democratiques, pacifiques, persuasives ou palabrantes—peu importe le temps que celles-ci prendront avant de se materialiser. Une telle histoire doit aussi devenir l’objet de prescriptions politiques. D’ailleurs, on peut se demander quelle quantite de violence faut-il aux anciens sujets colonises pour qu’ils guerissent et revivent ? La victoire, c’est-a-dire le renversement du regime Mobutiste, est arrive trop tot peut-etre. Elle est arrivee plus tot que la direction ne s’attendait et ne l’avait concue et planifiee. Que serait-il passe si le regime avait tenu un an ou plus ? Meme les Etats de la region auraient pu experimenter un debut de changement de l’interieur. De toutes facons, rien n’a été fait pour preparer pour la necessaire transformation de l’AFDL, d’une organisation politico-militaire en une organisation politique ou « mouvement ». Meme les insurges Banyamulenge ont a peine ressenti une transformation revolutionnaire ; leurs rapports horizontaux avec les voisins « natifs » n’ont pas été revolutionnarises. L’FDL ne s’est meme pas preoccupee de faire la critique de la crise du perlementarisme multipartiste, sous Mobutu, qui avait pris la forme d’une crise constitutionnelle prolongee. Une telle critique aurait mis l’AFDL en position de force pour confronter plus serieusement l’opposition radicale multipartiste, conduite par Etienne Tshisekedi et ses prescriptions sur l’Etat post-Mobutu et le processus de democratisation. C’est evident que la centralite de la categorie, gens de partout, pour un Etat democratique, n’est pas au centre de la position de l’opposition radicale. Un Etat base sur une telle position ne peut que poser que Un egale Un et qu’il n’ y a pas des Uns qui valent plus ou moins que d’autres Uns. La problematique de « l’ adoption » a encourage l’AFDL a recourir a l’emprunt des modeles regionaux de la politique des Etats et de la direction, representees par le FPR, le MNR, FEPI, etc, sans une etude approfondie de leur pertinence a la RDC et leurs limites inherentes, leur specificite historique et la singularite du Mulelisme n’ont pas été comprises. La victoire sur Mobutu fut une tres grande victoire qui ouvre une autre epoque de notre histoire. Et pourtant, il n’est pas clair qui a vraiment gagne et profite de cette victoire. Sous la direction de l’AFDL, la victoire n’a pas provoque des debats vigoureux parmi ses membres et dans la population sur quelle sorte de societe, d’Etat et d’institutions construire et comment faire pour proteger les generations futures d’une autre dictature. En construisant sur les experiences et les gains de la CNS, c’est cela qui aurait permis de transformer la population en une citoyennete. C’est de ces debats que seraient sortis les elements d’un programme national de reconstruction pour orienter la partie technique elaboree par les officiels et les experts du gouvernement. La presse, pretendument independante,, qui fonctionne comme une partie integrale du mode politique parlementaire tirant les normes de reference de l’exterieur et favorisant la circulation des opinions et non la pensee politique, aurait pu etre transformee par ces debats. Pour le moment, il n’y a pas de clarte sur le type de contrat social que l’AFDL aimerait que le peuple congolais assimule et reproduise : s’agit-il d’une vision socialiste du post-socialisme, est-ce une variante de neo-liberalisme ? Qu’est-ce que c’est « une economie mixte socialement inclinee » dont on parle partout ? Des categories telles que, « economie ouverte » et « economie sociale de marche », dans un contexte mondial de la mondialisation imperialiste, exigent des elaborations concretes s’il ne s’agit pas des slogans aux mains des militants compradores qui cherchent des amis dans le monde developpe. Est-ce surprenant que le nouveau regime passe plus de temps a chercher le contact, le dialogue ou la negociation avec « la communaute internationale » qu’avec le peuple congolais ou la region ? Et quelle est la difference entre l’etat d’exception de Mobutu apres le coup d’etat de 1965 et l’etat d’exception decrete par le President Laurent Desire Kabila ? La disparition du President Mobutu de la scene politique a été un progres important comme condition de la marche vers la paix et la cooperation regionale. La breve analyse presentee ci-dessus, signale cependant les dangers qui menacent le processus de construction d’un Etat vraiment democratique dans la region. Le Mobutisme doit etre analyse au niveau de la region, et, pourquoi pas, au niveau mondial aussi. Dans toute la region, le multipartisme souffre de la confusion qui existe au niveau de la necessaire distinction entre les majorites et les minorites politiques et ethniques, et les nobles pratiques d’une opposition legale restent incomprises et ne sont pas appreciees a leur juste valeur. Dans certains cas, la distinction Etat, classe et sujet dans une monarchie, est simplement reproduite sous le parapluie de l’ethnicite. Il est difficile de greffer la democratie sur ce parapluie. Ceci se reflete et est renforce par l’absence d’une reelle autonomie de l’Etat. L’aspect objectif de ce dernier est essenteiellement la reproduction de l’appareil de l’Etat colonial ; et l’aspect subjectif, refletant assez fidelement le caractere ethnique du pays, favorise des prescriptions ethniques sur l’Etat conduisant a l’emergence d’Etats discriminatoires (« criminels ») dans la region. Le multipartisme, dans la mesure ou il focalise sur la course aux postes dans l’Etat, entretient, dans cette region, outre le militarisme, des structures qui reproduisent une conscience exclusiviste a travers les cartes d’identite ethniques, par exemple. Comme l’Etat est percu comme le seul site de la politique, l’etatisme devient envihissant : la societe devient prisonniere de l’Etat. Le multipartisme est essentiellement etatiste ; les partis politiques fonctionnent comme des organisations d’Etat et non des organisations politiques. Cet etat d’esprit s’associe tres bien a la these americaine de « l’homme fort comme cle de la stabilite » ; chaque pays est ainsi reconnu comme ayant un « homme fort .» La democratie elle-meme devient le resultat des politiques de cet « homme fort ». La direction, dans cete region, est ainsi caracterisee par au moins six aspects. 1) Opposee a la politique independante, creative, emancipative qui exige une rupture avec la conscience de la soumission ou la conscience de l’accommodement, cette direction (« leadership ») s’entoure de sycophantes. Les vrais intellectuels tombent victimes de cet aspect. Diriger devient exiger de tous une celebration du statu quo. 2) Diriger signifie avoir une conscience des concepts de base, des visions, des preoccupations et des tendances historiques qui caracterisent une epoque. Mais, ici, la direction s’appuyant sur les sycophantes et enfermee dans des preoccupations mesquines du quotidien, est incapable de se tenir a jour et au courant des concepts, des visions et des tendances. Au lieu de diriger le peuple, celui-ci est, au contraire, desoriente. Pour masquer cela, on fait appel a des traditions retrogrades qui sont mises un piedestal comme un label certifie d’authenticite. 3) Attiree dans des combats contre des ombres, prise dans une dynamique de reactions aux pressions de la communaute internationale—dont les dynamiques sont a peine comprises—la direction n’est pas enracinee dans les longues experiences historiques et culturelles du peuple et dont la familiarite ne peut s’acquerir qu’a travers des rapports intenses et prolonges avec ces experiences. 4) La direction devient ainsi chauvine, partisane sans vision et facilement emportee par des spectacles. 5) Manquant une vision au diapason des aspirations profondes du peuple a diriger, a motiver et a encourager l’enthousiasme et la creativite, la direction devient ainsi facilement la proie des projets imperialistes, presentes comme des visions. Nous n’avons pas connaissance ou presque d’une vision critique, dans la region, ayant mis a mal les prescriptions des Institutions de Bretton Woods. 6) Incapable de maitriser les choses, et reticente a l’idee de s’astreindre a rendre compte au peuple qu’elle dirige, la direction s’en remet facilement aux « experts » ou au parrainage exterieurs. La triste consequence est que nos dirigeants n’ont pas le desir ou la volonte de reflechir vraiment et de manière critique sur leur propre experience, style et performance durant leur passage a la tete de l’Etat. Ainsi, ils perdent facilement le sens de la direction, deviennent corrompus, depasses et ne « dirigent » en fait qu’eux-memes. Ce sont la quelques elements qui caracterisent la situation actuelle de la region. Je vais maintenant examiner brievement quelques unes des crises qui ont laisse un impact durable sur la region ; je les appelle des crises paradigmatiques.
Quelques crises paradigmatiques dans la region.(25) Il est maintenant reconnu et accepte qu’une « democratisation durable » dans la region entiere pourrait etre la solution pour amener une paix permanente et une amelioration sociale transformative positive, basee sur l’auto-developpement decide par les peuples de la region. Une cooperation regionale entre des Etats vraiment democratiques pourrait ameliorer les conditions de vie rendues difficiles par la base etroite de la generation du surplus dans quelques pays de la region. Potentiellement, si le Congo/Kinshasa, l’Angola et la Tanzanie etaient des Etats democratiques, ils pourraient probablement concevoir ensemble un important programme d’aide a l’autodeveloppement, entierement finance par eux, pour toute la region. Mais pour le moment, malgre leur riche potentiel economique, ces pays sont encore incapables d’assurer l’auto-suffisance alimentaire pour leurs propres populations. C’est a partie d’une prescription fondamentale democratique sur l’Etat que les histoires passees de crises peuvent etre brievement passees en revue et clarifiees : quelles sont les forces qui ont toujours eu un effet limitatif ou de bloquage des massacres, des genocides, sur l’exercice solitaire du pouvoir, l’impunite ; autretement dit en bref, quelles forces ont encourage le processus de democratisation ? Ces forces pouvaient avoir constitue des lieux politiques et des militants d’une politique emancipative pour des prescriptions democratiques fondamentales sur l’Etat. La tache est de chercher les moyens et les manieres de les faire devenir hegemoniques. Je suis limite par l’espace, je serai tres schematique dans la description des crises paradigmatiques. Il faudra evidemment faire une recherche plus approfondue poue en identifier et analyser d’autres. Il faudrait probablement commencer avec le processus conflictuel d’occupation territorial par les peuples de la region. Les contradictions entre les communautes de cueillette et de chasse protectrices de leur environnement, et les communautes prolifiques sedentaires agricoles et les communautes d’auto-defense pastorales nomadiques se sont souvent resolues par des vagues de violence. Et plusieurs Etats se formerent par des conquetes ou resistances a des conquetes. Le militarisme a ici une longue histoire ; le colonialisme en a seulement transforme l’echelle. La decolonisation belge a été un echec catastrophique dans toute la region. La Belgique a été prise au depourvu et non preparee a repondre raisonnablement aux mouvements de revendication de l’independance. Les evenements de 1959 au Congo et au Rwanda-Urundi desorienterent les officiels belges ; ils ont pris des decisions dont les effets se font encore sentir aujourd’hui. La « revolution sociale » au Rwanda qui attaquait l’administration indirecte belge basee sur la discrimination qui confondait la base de l’administration indirecte aristocratique et le reste de la population, s’est terminee avec la consolidation d’une discrimination inversee presentee comme democratie. La democratie devint l’equivalent d’un processus d’exclusion ou de discrimination politique de la minorite. La responsabilite sociale et politique de la majorite victorieuse vis-a-vis du peuple n’incluait pas la responsabilite vis-a-vis de la minorite. L’Eglise catholique, etroitement identifiee a l’Etat colonial belge et apres avec l’Etat post-colonial a activement entretenu cette conception de la democratie. Des vagues sans fin d’exode de refugies furent le resultat d’une telle conception de la democratie. A la racine des crises (1959-1996) au Rwanda, on trouve l’echec par le pouvoir colonial belge, de transformer une monarchie d’admnistration indirecte soit en monarchie constitutionnelle soit en une republique viable. Au Congo, l’echec belge fut complique par le spectre de la croisade occidentale anti-communiste dirigee par les Etats-Unis qui affecta la mission des Nations Unies au Congo. Les Etats-Unis eux-memes furent fortement affectes par la phobie anti-communiste MacCarthyste qu’elle transfera a la communaute internationale organisee autour des Nations Unies. Sous la direction des Etats-Unis, la mission des Nations Unies au Congo, qui était supposee corriger les consequences de l’echec belge, au lieu d’encourager la democratie au Congo, la vicia radicalement. Les elections democratiques perdurent leur sens. : la seule chose qui comptait était d’etre fortement anti-communiste ou pour l’Occident (« le monde ») libre. Etre responsable vis-a-vis de son peuple ne valait plus rien du tout. Finalement, toute la region fut faconnee par l’antagonisme de la Guerre Froide. Cela conduisait a la chasse aux sorcieres des communistes qui n’existaient pas ou a peine, a des secessions commanditees de l’exterieur, et a l’assassinat des dirigeants presumes pro-communistes tels que Patrice Emery Lumumba et le Prince Louis Rwagasore. Les resultats d’election defavorables a une minorite pro-occidentale etaient automatiquement ignorees ; les prescriptions occidentales sur l’Etat post-colonial(le tyran amical comme garantie de stabilite) ont conduit au commencement des crises constitutionnelles. L’organisation technique, par la CIA americaine, de l’elimination de P.E. Lumumba, facilita l’acceptation de l’idee que c’était tout a fait normal d’eliminer physiquement les adversaires politiques qu’on avait pas pu battre politiquement. Une hagio-historiographie centree sur les images projetees par des ouvrages litteraires (Heart of Darkness de J. Conrad, par exemple) et les histoires ethnicistes des Peres Blancs a été promue comme le prisme epistemologique et cognitif par lequel il fallait voir la region. La prescription la plus claire sur l’Etat post-colonial, pronee par P.E.Lumumba dans son discours du 30 juin 1960 fut serieusement combattue par les puissances occidentales et les transnationales financieres. Ce discours en appelait simplement a ceci : organise sur la base de la rupture avec la conscience de soumission (evolue, « traditionnel », etc), pour l’independance, l’Etat post-colonial doit eliminer toutes les conditions de la vie coloniale. Mobutu a été decouvert et on lui donna tous les moyens pour empecher et renverser tout cela. Les guerres civiles qui s’ensuivirent, dans la periode de la Guerre Froide, attirerent dans le pays des mercenaires pro-capitalistes (Mike Hoare, Bob Denard, etc.) et des « missionnaires » socialistes. Les conditions locales pour la democratie et la souverainte nationales furent reduites au maximum. La responsabilite des dirigeants était en premier lieu vis-a-vis de l’Occident. L’impression qui se degageait de la region était que les peuples ne pouvaient pas avoir les memes droits que les citoyens d’autres parties du monde. Les crises au Burundi (1961 et au-dela) comme celles du Rwanda, furent faconnees par l’echec de la monarchie constitutionnelle post-coloniale de faire face a l’impact du modele Rwandais, provoquant la peur sociale chez les Tutsi {« le peril Hutu) et les Hutu (« la solution finale Tutsi ») ainsi que de repondre aux pressants besoins economiques( aggraves par la crise du regime d’accumulation) et des demandes pour une forme republicaine d’Etat. Ceci conduisit la minorite de la classe politique Tutsi a considerer negativement et avec frayeur la democratie basee sur une personne/une voix. Alors que la majorite Hutu y aspirait avec ferveur. L’assassinat du Prince Louis Rwagasore empecha toute experience d’une majorite politique ne correspondant pas a un contour ethnique. Le contrôle de l’armee, par la classe politique Tutsi, amena des coups d’Etat successifs comme la methode preferee de garder le pouvoir. Les tentatives de renverser la situation des coups ou des elections conduisit au genocide (1972) et a des massacres. Dans le contexte et le voisinage de l’Etat discriminatoire rwandais Hutu, encourageant les passions politiques contradictoires dans le peuple Burundais, le militarisme pour opposer la democratie transforma les differences en discriminations. En ce moment de nma recherche, il n’est pas encore facile de tirer au clair les diverses forces (les lieux, les militants ou les idees/enonces)qui, dans des circonstances adverses contraignantes, se sont malgre tout soulevees pour defendre systematiquement la vraie democratie. La condition, evidemment, est de s’organiser elles-memes sur la base de la reconnaissnce et l’acceptation positive de la multiplicite des differences en soi. Malheureusement dans tous les sites possibles de politique progressiste( lieux de production, ecoles, hopitaux, quartiers, professions, etc.) la logique ethnique des rapports de pouvoir semble dominer. Cependant, a travers toute la periode, il est clair que, la plupart du temps, la communaute internationale, si prompte et enthousiste a parler de democratie, n’était absolument pas en faveur de l’emergence et de la prise de pouvoir par ces forces, elle preferait, au contraire, s’aligner avec les forces qui, en fait, etouffaient la democratie. Les democrates de l’Occident ont tendance a se cacher derriere une certaine forme d’exceptionnalisme pour justifier leurs attitudes non democratiques. L’echec de ramener les refugies au Rwanda pendant deux annees entieres (1994-1996) et de separer les politiciens genocidaires et les miliciens Interahamwe des refugies « ordinaires » était une illustration typique du peu de cas que la communaute internationale fait de la democratie quand il s’asgi de traiter de l’Afrique. Elle fait appel a ceux qui sont responsables des problemes pour les resoudre. Meme les modeles de democratie qu’elle encourage sont remis dans les mains de pretendus « hommes forts » pour les appliquer. Beucoup d’ONGs humanitaires agissent exactement comme le firent les missionnaires occidentaux sous la colonisation—se preoccupant de calmer leurs douleurs plutôt que de guerir la maladie. Les crises en Uganda (1971-1986) pourraient etre analysees comme ayant les memes racines : l’echec , par le processus de decolonisation britannique, de trouver une facon d’articuler politiquement les « royaumes » ugandais reproduits par la colonisation aux autres communautes sans traditions royales dans une republique postcoloniale. La domination regionale ou ethnique des appareils d’Etat(l’armee ou l’administration) dans des conditions de distribution inegale du surplus economique, amena facilement les differences a se transformer en discriminations. Des mutineries dans toute la region(1960-1964), des coups d’Etat (au Congo 1965 ; au Congo/Brazzaville-1968, 1977, 1997-8 ; Burundi—1966, 1976, 1987, 1993, 1996 ; la Republique Centre Africaine—1966,1971, 1981 ; Rwanda—1973 ; etc.), luttes armees et guerres civiles( DRC-1963-1965, 1967-1982 , 1977-1978, 1996-7 ; Rwanda—1990-1994 ; Angola—1961-1975 ; Uganda—1981-86 ; Burundi—1995-8 ; Soudan-1955-98, etc.) ont fait du militarisme le mode prefere de la politique pour gagner le pouvoir. Cette atmosphere, en cette epoque d’une economie mondialisee du crime et particulierement de la circulation incontrolee des armes—ajouter a ceci le vol de betail qui exige de plus en plus un armement sophistique—a endemise la violence dans la region. Jusqu'à la guerre opposant l’Ethiopie a l’Erythree, les dirigeants qui emergent a travers des « luttes armees revolutionnaires » etaient considerees par l’opinion publique comme les plus progrssistes. Les genocides (Burundi-1972 ; Rwanda—1994, etc), le cumul des crises, ont complique les problemes dus a l’echec de trouver un principe politique de legitimation capable d’amener la paix civile dans la region. Meme des simples conditions de verite et reconciliation semblaient etre absentes. Ce sont la quelques-unes des crises paradigmatiques que la region a connues et qui ont laisse un impact durable qui nous oblige a nous interroger politiquement et en conscience. Les Nations Unies n’ont meme pas accompli leur devoir de faire un bilan critique de l’experience de l’echec de leur mission au Congo. Est-ce que la commission d’enquete de l’OUA sur le genocide au Rwanda en 1994 reussira a faire un bilan qui pourra engendrer quelques-unes des conditions pour qu’emerge la verite et la reconciliation dans la region ? Tres brievement examinons maintenant le dernier element a traiter dans cette communication : les questions du rapport entre la theorie et l’histoire.
Questions de theorie et d’histoire
Je serai bref ici pour des raisons d’espace et je reviendrai sur cet important element ulterieurement. Les donnees empiriques sont cruciales. Cependant, le probleme crucial dans l’explication des developpements dans la region a été conceptuel. On doit savoir quelles sont les questions qui doivent etre posees de manière a ce qu’on puisse cerner avec une certaine clarte le domaine de l’evidence et ainsi, les donnees empiriques necessaires. Des categories inconstantes comme ‘ ethnicite’, ‘societe civile’, ‘famille’, ‘droits humains’, ‘marche’, ‘histoire’, ‘refugie’, ‘Etat’, souvent utilisees dans des structures explicatives, doivent etre clarifiees conceptualement et historiquement. Des definitions ou des significations de termes telles que ‘ethnicite’ (ou ‘nationalite’, ‘tribu’) changent tout le temps sans que les auteurs disent quelle signification est la meilleure et quels criteres peuvent etre utilises pour les evaluer. Si l’ethnicite est definie, par exemple, par l’unite de la langue, la culture (incluant la religion) et le territoire, alors tant le Rwanda que le Burundi n’a, chacun, qu’un groupe ethnique, une nationalite ou une nation. Il faut des lors expliquer comment une nation s’est divisee en communautes qui se haissent mutuellement, et pourquoi celles-ci s’appellent groupes ethniques ? Cette divison provient-elle d’une specialisation economique somme toute pas tellement systematique : pastoralistes (occupants) contre les agriculteurs(natifs) ou le mode de production intertribal propose par Maffa (26) ? Ou est-ce une forme d’expression d’une domination de classe par une classe incapable d’organiser la societe et l’Etat sans recourir a la force brutale ? Ces questions theoriques sont importantes pour aller au-dela des apparences. Meme ici, une approche compartive regionale est cruciale pour clarifier la question. Les colonialistes belges, par exemple, n’etaient pas consistants dans leur classification administrative des sujets en groupes ethniques/tribaux. Il peut etre instructif de comparer le Congo Belge avec le Rwand-Urundi. L’ethnicite est souvent le processus d’ethnisation ou, dit autrement, de la gestion par l’Etat colonial du rapport entre l’Etat et la population colonisee. La chefferie et la sous-chefferie, par exemple, sont devenues la regularisation locale de l’Etat colonial des rapports de division de travail et des rapports fonciers, c’est-a-dire, de la generation sociale du surplus economique. Des differences simples eteient souvent transformees en discrimination ou antagonismes. Il faut eclairer comment ce processus prend place. Des simples differences ethniques, en elles-memes, ne conduisent pas a des conflits ethniques. On ne devrait pas faire de ce qui apparait comme conflits ethniques le point de depart de l’explication.
Dans le cas du Congo Belge, l’ethnicite (l’ethnisation) était la principale unite du colonisateur de classification dans la subjugation de, et du contrôle sur, les sujets colonises, en vertu de quoi une grille conceptuelle a été imposee qui ne correspondait pas avec les formes d’identites pre-coloniales. Administrativement, « tribu » a été mis sur les cartes d’identite, les certificats de naissance, les formulaires d’immatriculation scolaire, les cartes de membres d’eglises, etc. Ceci a conduit a une forme de conscience de soumission ou d’dentite de colonise, creee ou renforcee par la colonisation(27). Les effets de retour des reformulations coloniales ethniques sur l’auto-perception des populations colonisees ont été accomplis par la methode de fournir l’identification par l’Etat. Le fait que l’Etat post-colonial a garde la pratique d’inculcation de l’importance de l’ethnicite dans les modes de perception de soi et de l’autre en dit long sur la nature de l’Etat post-colonial. Sans rupture avec ces formes de conscience de soumission des prescriptions democratiques sur l’Etat ne sont pas possibles. L’ethnicite n’est pas donnee d’avance (une condition primordiale) ; c’est le resultat de la dialectique des rapports sociaux tels qu’ils sont regularises par des types particuliers d’Etat. L’ethnisation était une prescription politique de l’Etat colonial, un Etat, comme dirait Cheikh Anta Diop, issu de la conquete. L’analyse de la nature de l’Etat (histoire de ses prescriptions successives et celle des changements de ses appareils) est cruciale pour une comprehension claire des formes actuelles d’identite et pour le processus de democratisation( transformation destructive et reconstruction de l’Etat colonial par une prescription democratique sur lui.) Et pourtant c’est a peine si ce genre d’analyse se fait. Meme la simple evaluation ethique des Etats composant la « communaute internationale », specialement par rapport a la region, un minimum necessaire pour pouvoir conceptualiser les necessaires decisions politiques favorables a l’eradication ou la prevention des conditions d’existence des massacres, des genocides, de l’impunite, de la saturation de violence, etc., n’est pas faite. Quel que fut le merite des Accords d’Arusha, pourquoi les Etats autoritaires ou les organisations etatistes (partis ou fronts) menaces par ces Accords devaient etre obliges de les appliquer ? La simple suggestion que l’armee Burundaise sera reconstruite en vue de la rendre vraiment nationale fut, dit-on, une des causes, entre autres, du declenchement du coup d’Etat contre Ndadaye. Le peu d’evaluation comparative que l’on obtient des etudes actuelles se refere aux appareils d’Etat pre-colonial et postcolonial. En fait c’est souvent une tentative de rationnaliser la continuite de l’Etat en soi. Quel type d’Etat avait été forme sous le roi Rwabugiri ? Quelles sont les prescriptions politiques qu’il exprimait ? Comment et pourquoi s’est-il developpe pour conduire a l’ethnicite comme une forme de rapport d’Etat/de peuples ? Est-ce toutes les formes d’ethnicite etaient etatistes ? Quelles etaient les formes locales d’organisation d’Etat (chefferie) soustendant uburetwa( ubugabire- louage de betail—ubugabirwa—louage foncier) ? Comment se fait-il que ni la Tanzanie ni la Zambie ne produisent des refugies ; et pourquoi, jusqu'à recemment, l’ethnique y était moins important ? Quelques prescriptions sur l’Etat telles que « partage du pouvoir » cachent tout simplement les problemes qu’elles cherchent a resoudre. N’est-ce pas vrai que c’est du point de vue des rebellions que les rapports sociaux autoritaires et l’etatisme sont exposes ? De quelles rebellions dans la region gagne-t-on une telle clarte ? Il est rare de retenir une telle manière de faire l’histoire du sujet. On dit et on ecrit beaucoup de choses sur l’Etat de Droit, comme une prescription sur l’Etat pour la democratie, aucune specification n’est donnee quant a ce qui concerne sa caracterisation democratique, et comment de la ou nous sommes, on peut le faire exister et y persister durablement. La double histoire de l’emergence de l’Etat de Droit est rarement etudiee. Si, comme Makau wa Mutua (1995a,b) le dit (30) que l’Etat postcolonial en Afrique est « indemocratisable’, alors sa transformation destructive exige une analyse de l’Etat et une comprehension claire de ce a quoi ressemble un Etat indemocratisable. Sera-t-il suffisant d’aller dire au paysan du Burundi terrorise : « Votre Etat est indemocratisable » ? Une simple revision des frontieres coloniales ne pourra pas amener des Etats democratiques. En fait, on a besoin de prescriptions politiques specifiques sur l’Etat pour qu’il s’occupe, en faveur des peuples de la region, de la question des frontieres coloniales, n’importe quel conquerant peut reviser des frontieres coloniales. Nous avons enumere ci-dessus les conditions pour un Etat democratique—multiplicite en soi comme une base : ouvert a tous les gens de partout, ne peut pas reposer sur des elements d’etre social (religion, ethnicite, langue, etc.) et doit poser qu’Un egale Un et il n’a pas des Uns qui valent plus ou moins que d’autres Uns. L’exclusion ou l’inclusion ethnique comme uniques determinants de l’Etat ne constituent pas necessairement un Etat democratique. Comme on le sait bien, l’equilibre ethnique par un système de quotas était la prescription politique soustendant l’Etat genocidaire rwandais. Des millions de differences existent : pourquoi les dirigeants de l’Etat colonial ont choisi « la difference ethnique » pour organiser la carte d’identite ethnique ? N’est-il pas vrai que le separatisme organise (d’apartheid etant une variante) est une caracteristique de l’Etat forme par la conquete ? La majorite ou la minorite (qu’elle soit politique ou ethnique) n’est pas la chose la plus determinante pour un Etat democratique. Un Etat democratique doit poser que Un egale Un et qu’il n’y a pas des Uns qui valent plus ou moins que d’autres Uns. Les implications theoriques de l’effondrement des Etats socialistes, souvent invoquees pour appeler a la democratisation, ne sont pas clairement comprises. Makau wa Mutua (1995b-528) a ecrit :
Apres tout, l’effondrement de l’Etat en Afrique est directement lie a la fin de la Guerre Froide, l’importance geopolitique diminuee de la region, et le retrait de l’appui economique, politique et militaire des pays occidentaux ainsi que l’effondrement du bloc Sovietique. L’effondrement de l’Etat est le resultat du manque d’interet strategique, vu par l’Occident, dans ses Etats clients en Afrique.
C’est a peine clair pour le present auteur que la conception de la politique (percue comme ayant seulement un lieu, l’Etat comme le noyau de l’espace du pouvoir) et la conception de l’histoire (la conscience historique comme porteuse de la conscience revolutionnaire) sont en jeu dans l’effondrement des Etats socialistes. Cela represente la disparition du modele classiste de la politique. De la disparition de quel modele de la politique est l’effondrement de l’Etat africain ? Sous la dictature du proletariat, l’affaiblissement des contradictions de classe, sur base desquelles on determine l’Etat, ne s’est pas passe et n’a guerre conduit a la disparition de l’Etat. Le pretendu « mouvement democratique » en Europe de l’Est n’est pas retourne a l’Etat capitaliste en remplacant violemment l’Etat proletarien. Est-ce que la philosophie de l’histoire centree sur le processus de repandre le respect des droits humains, est un correctif du determinisme historique ? Je pense, sans aller dans les details, que la voie de sortie passe par une conception emancipative de la politique capable de prescrire sur (d’exiger de) l’Etat de devenir democratique. Une telle politique est de l’ordre de la pensee et independante de toutes les structures invarainates (par exemple : Etat, histoire, frontieres, culture, economie, etc.) vis-a-vis desquelles elle determine ses termes des rapports. Une politique emancipative ne peut etre deduite d’aucune structure invariante ; c’est a cette condition qu’elle libere. Ce sont la les quelques questions de theorie et de la politique dont j’avais lespace de discuter.
Conclusion
J’ai essaye dans cette communication, autant que je pouvais et sur base de considerations politiques emancipatives, d’examiner les aspects saillants des causes qui sont a la base des crises politiques prolongees dans la region : absence d’Etats democratiques dues aux circonstances de leur formation politique. J’ai essaye de montrer ce qui est fondamental a un Etat democratique. A la lumiere de ces considerations, j’ai essaye de montrer pourquoi je crois que le renversement historique (changement d’epoque) de Mobutu, bien que constituant un progres considerable vers la paix dans la region n’apporterait pas automatiquement une paix regionale. Ici et la, j’ai suggere tres brievement que les mass media devraient informer le public des forces faisant avancer le processus de democratisation de la meme manière qu’elles informent de celles qui l’asphyxient. Des commentaires brefs sur les ‘crises paradigmatiques’ et les problemes de theorie et d’histoire ont été fait pour signaler comment l’etude de la region pourrait etre approfondie. Si la politique est independante, possede sa propre consistance et est de l’ordre de la pensee (sur base de la premisse que les gens pensent et que penser est la seule base de la pensee), alors elle ne peut pas etre deduite d’invariants comme, economie, histoire, culture, et Etat. L’echec de prescrire politiquement sur ces invariants conduit a l’absence de politique et aux crises politiques. Des Etats ne s’auto-democratisent pas. C’est la la base reelle de la liberte. C’est en s’attachant a cette capacite de prescrire (a partir, par exemple, du dehors de l’espace de commandement etatique) independamment sur ces invariants qu’il sera possible de faire sortir la region des crises endemiques.
Prof Ernest Wamba dia Wamba. Dar-es-Salaam, 1998